Commu­niqué des Etats Géné­raux des Migra­tions de la Vienne (EGM 86)

Les États Géné­raux des Migra­tions de la Vienne qui regroupent de nombreuses asso­cia­tions et collec­tifs du dépar­te­ment ont, par trois fois, solli­cité un rendez-vous auprès de Madame la Préfète pour abor­der le cas des jeunes étran­gers habi­tant au 18 rue du jardin des Plantes à Poitiers (2 non réponses et une fin de non-rece­voir). Ils ont aussi adressé un cour­rier en ce sens auprès du Président de Conseil dépar­te­men­tal, cour­rier resté lui aussi sans réponse; Seul le maire de Poitiers a accepté de rencon­trer une délé­ga­tion, mais aucune solu­tion de relo­ge­ment n’a pu être réel­le­ment envi­sa­gée avec lui. Suite à l’ex­pul­sion de ces jeunes migrants, les EGM86 tiennent à faire connaître leurs posi­tions et propo­si­tions.
Le recours à la force publique en vue d’une expul­sion, qui est du seul pouvoir du préfet, a donc été accordé et l’ex­pul­sion de 13 jeunes migrants (11 mineurs isolés et deux jeunes majeurs) a été effec­tive le 2 octobre 2018. Un impres­sion­nant dispo­si­tif poli­cier a permis la remise à la rue de ces 13 jeunes avec leur maigre balu­chon et sous les yeux de nombreuses personnes soli­daires et des médias.

Le relo­ge­ment, qui est un droit fonda­men­tal à valeur consti­tu­tion­nelle a été respecté pour le premier soir, puisqu’un papier leur a été remis attri­buant à titre gracieux une nuit d’hô­tel à Chas­se­neuil-du-Poitou sans prise en charge du trans­port ; Pour la nuit suivante, il leur a été recom­mandé de télé­pho­ner au 115 (accueil d’ur­gence). Le 115 a répondu que rien n’était prévu pour eux, aucune consigne de la préfec­ture.

Nous tenons à bien mettre l’ac­cent sur un vide juri­dique qui fait que ces jeunes, « ni-mineurs, ni-majeurs », sont condam­nés à l’er­rance dans les rues, avec pour seul espoir la rencontre de personnes ou d’as­so­cia­tions soli­daires.

Ils sont :

  • consi­dé­rés comme majeurs par les services du Conseil dépar­te­men­tal (pôle Mineurs Non Accom­pa­gnés) qui conteste leur mino­rité en raison de diffé­rents critères comme leur appa­rence physique, leurs décla­ra­tions et /ou leurs docu­ments d’iden­tité. Le Conseil Dépar­te­men­tal les remet à la rue au prétexte que, pour lui, ils ne sont pas mineurs.
  • consi­dé­rés comme mineurs par les services d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence (le 115) qui ne prennent en charge pour la nuit, en fonc­tion des places dispo­nibles, que des familles ou des majeurs. Or, en raison de ces mêmes décla­ra­tions et/ou docu­ments d’iden­tité, ces jeunes n’ont pas 18 ans. Donc le 115 ne peut les héber­ger car ils ne sont pas majeurs.

De plus, sur Poitiers, le 115 déjà saturé, ne peut satis­faire toutes les demandes d’ac­cueil (il accorde 1 nuit sur 4 pour les familles, une nuit sur 7 ou 8 pour les autres). Selon les nuits, 60 à 70 personnes sont sans héber­ge­ment dans notre ville.

Cette expul­sion ajoute désor­mais 13 jeunes à cette popu­la­tion sans abri. Jeunes, qui depuis le mois de juin étaient en sécu­rité grâce à l’ac­tion de béné­voles qui leur offraient un cadre de vie sécu­risé, une possi­bi­lité de bâtir un projet person­nel, et enfin une porte ouverte sur la pers­pec­tive d’un avenir meilleur. Le respect strict et ferme de la loi a été privi­lé­gié aux dépens de la recherche d’une solu­tion alter­na­tive privi­lé­giant l’hu­ma­nité.

Fidèles à leur volonté de dialogue, les Etats Géné­raux des Migra­tions de la Vienne souhaitent instam­ment l’or­ga­ni­sa­tion d’une rencontre afin d’as­su­rer la néces­saire protec­tion et mise à l’abri de ces jeunes migrants réunis­sant la préfec­ture, le conseil dépar­te­men­tal, la mairie et des repré­sen­tants des asso­cia­tions enga­gées auprès d’eux. Plus géné­ra­le­ment, ils appellent à l’ou­ver­ture d’une table ronde sur les problé­ma­tiques de l’hé­ber­ge­ment d’ur­gence.

Cette demande pres­sante se fonde sur notre convic­tion de repré­sen­ter une partie non négli­geable de la société civile de ce dépar­te­ment. Elle est faite au nom des valeurs de notre Répu­blique en premier lieu celle de Frater­nité qui vient d’être vali­dée par le Conseil Cons­ti­tu­tion­nel.

Pour les Etats Géné­raux des Migra­tions de la Vienne : 100 pour 1 Vienne, ACAT Poitiers, Amnesty Inter­na­tio­nal Poitiers, Actions collec­tives Poitiers, Buddy system, Collec­tif Nouveau Départ, Collec­tif Soli­da­rité Migrants, Comité SOS Racisme de la Vienne, DNSI 86, Educa­tion world 86, Emmaus Nain­tré, FSU, IEPOP Poitiers, La Cimade Poitiers, la section de Châtel­le­rault de LDH, la section de Poitiers de la LDH, Le cercle de silence de Poitiers, Les ami.e.s des femmes de la libé­ra­tion, les Éclai­reurs et Éclai­reuses de France, M3Q, Loudun Soli­da­rité Migrants, Méde­cins du Monde Poitou-Charentes, Min’de Rien 86, Pássaro, Pour la Paix en Syrie, Union syndi­cale de la Psychia­trie, Remiv, RESF 86, Secours Catho­lique 86, Soli­daires 86, Welcome Poitiers.
Et Le Collec­tif de la Maison.

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