Elle accouche seule dans son salon, sa mater­nité ayant fermé faute de person­nel :  » j’ai eu peur que mon bébé tombe au sol »

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Faute d’équipe médi­cale complète, la mater­nité de Sarlat ferme régu­liè­re­ment ses portes. Les futures mamans doivent donc accou­cher ailleurs parfois à 1h30 de route. Lisa Rous­seau, n’a pas eu le temps de se rendre à la mater­nité de Brive. Elle a donc accou­ché chez elle.

Lisa Rous­seau avait tout anti­cipé, mais cela n’a pas suffi. La jeune maman s’ap­prê­tait à mettre au monde son deuxième enfant. Le terme est prévu le 6 septembre. La mater­nité de Sarlat où elle vit étant fermée tempo­rai­re­ment, la jeune femme avait pris ses dispo­si­tions pour accou­cher à Brive. Les nuits d’hô­tel pour arri­ver un peu avant sont alors réser­vées. Seule­ment son fils en décide autre­ment. Nous sommes le 26 août lorsque Lisa perd les eaux en voiture, sa petite fille de 18 mois sur la banquette arrière.

« Le temps que les secours arrivent, mon fils était déjà en train de sortir ! »

« J’ap­pelle à la mater­nité de Brive ou j’avais prévu d’ac­cou­cher, puisque celle de Sarlat était fermée », explique Lisa. « Ils me disent de venir, sachant que Sarlat-Brive il y a une heure de route« . Le temps que le papa arrive au domi­cile du couple, Lisa se rend compte que le travail a déjà commencé. Son conjoint appelle le 15. Mais Lisa accouche avant l’ar­ri­vée des secours, non sans appré­hen­sion : « quand la tête de mon enfant sort, j’ai eu peur qu’il tombe au sol« , se souvient-elle.

« Le temps que les secours arrivent, mon fils était déjà en train de sortir ! Ils ont juste eu le temps de le prendre et de le poser sur moi. J’ai eu de la chance que tout se soit bien passé, qu’il n’y ait pas eu le cordon autour du cou de mon fils. Il a juste bu un tout petit peu la tasse ».

180 jours de ferme­ture depuis le début de l’an­née

Voilà plusieurs années que les mamans du secteur sont régu­liè­re­ment priées d’al­ler accou­cher à plus d’une heure de route. Une situa­tion dénon­cée lors d’une mani­fes­ta­tion le 13 février dernier. Depuis le début de l’an­née, la mater­nité de Sarlat a fermé ses portes à sept reprises, les accou­che­ments ont été suspen­dus durant 180 jours au total.

La dernière ferme­ture date du 25 juillet. La mater­nité aurait dû rouvrir le 10 septembre. Fina­le­ment la direc­tion et l’ARS ont décalé la date au 21 octobre « faute d’équipe médi­cale complète et malgré des recherches actives ».

 

L’ac­cou­che­ment de Lisa s’est bien passé et elle s’en féli­cite. En revanche, le moment dit de la « déli­vrance » a été plus compliqué. « C’était la partie la plus complexe, et il aurait été bien que je sois à Sarlat », dit-elle. « On a dû partir à Peri­gueux, à une heure de route, pour qu’on puisse me faire une anes­thé­sie géné­rale pour pouvoir enle­ver le placenta ». De ce jour, Lisa garde un senti­ment mitigé. Il restera un des plus beaux de sa vie, mais elle mesure la chance qu’elle a eue.

 

« On veut pouvoir accou­cher serei­ne­ment »

« Quand on décide d’avoir un projet d’en­fant, un projet d’ave­nir, on se demande si la mater­nité va être celle qu’on veut », pour­suit la jeune femme, son bébé dans les bras. « Est-ce qu’elle va avoir les services qu’on veut ? » Lisa a accou­ché à Sarlat pour son premier enfant. Elle se souvient d’un endroit « cocoo­ning » et bien plus rassu­rant que le fait de devoir faire plus d’une heure de route pour aller à Brive.

On veut pouvoir accou­cher serei­ne­ment.

Lisa Rous­seau

« Je discute avec beau­coup de mamans, si la mater­nité ferme tota­le­ment, comment on fait ? », s’inquiète la jeune maman. « Ça veut dire qu’il n’y aura peut-être plus de pédiatre ou de gyné­co­logues ?« . Pour l’ins­tant, lorsque la mater­nité ferme provi­soi­re­ment ses portes, toutes les consul­ta­tions pré et post­na­tales sont assu­rées. Pour autant les mamans s’in­ter­rogent.

« C’est le serpent qui se mord la queue », conclut Lisa. « On désha­bille Paul pour rhabiller Pierre, non ça ne va pas. Je pense qu’il y a des moyens pour faire en sorte qu’on puisse garder notre mater­nité et nos services. En plus il y a plein de super retours sur cette mater­nité et de son équipe« . Elle appelle donc les élus à prendre ce dossier à bras-le-corps. Depuis le début de l’an­née, 60 bébés sont nés à la mater­nité de Sarlat. Sans ferme­ture, 260 y auraient vu le jour.

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