Face à Daesh, face à l’État isla­mique

Les adeptes de la secte apoca­lyp­tique « État isla­mique »/Daesh ont encore frappé en France, ce 26 juillet,  cette fois dans une église proche de Rouen.

Un crime commis encore par ceux qui tentent de donner une version poli­tique-tota­li­taire à leur haine de la vie, à leur suicide assas­sin et programmé. Comme une allé­geance à ce diable, avide de massacres de masse et d’images gore, qui tue chiites, sunnites -pas convain­cus par l’EI- et chré­tiens,  en Syrie et en Irak et ailleurs.

Daesh/ l’État isla­mique est déci­dé­ment un de ces enne­mis inter­na­tio­naux que nous avons à affron­ter.

Encore faut-il tenter un raison­ne­ment poli­tique juste pour combattre cet ennemi, et nos autres enne­mis. En cette période de grande confu­sion.

Notre cama­rade François Cala­ret, membre de l’Equipe d’ani­ma­tion natio­nale d’ Ensemble! a écrit le texte qui suit il y a quelques jours, à la suite de la tuerie de Nice. C’est une contri­bu­tion à ce débat.

https://www.ensemble-fdg.org/content/apres-nice-quelles-reponses

En voici de larges extraits, les inter­titres sont de notre respon­sa­bi­lité.

PB, 27–07–2016

 

« (…)Pourquoi depuis envi­ron deux ans, la société française et de nombreux pays dans le monde sont confron­tés à une vague d’at­ten­tats meur­triers ? Il y a 10 ans, les inéga­li­tés, le racisme, les poli­tiques guer­rières des pays occi­den­taux comme les dérives de déséqui­li­brés violents exis­taient déjà. Le chan­ge­ment majeur, c’est l’exis­tence aujourd’­hui de l’État Isla­mique, c’est-à-dire d’une force poli­tique et sociale, à préten­tion étatique, qui est capable de pola­ri­ser et de mobi­li­ser des dizaines de milliers de combat­tants, au nom d’une idéo­lo­gie tota­li­taire. C’est l’exis­tence de ce courant poli­tique, nouveau, d’une plus grande ampleur que les réseaux djiha­distes des années 80 et 90 qui ont consti­tué Al Qaïda, qui consti­tue un élément majeur de la période poli­tique actuelle. Il faut refu­ser la logique de « guerre au djiha­disme » que Sarkozy et Valls veulent impo­ser, mais il y a un combat poli­tique qu’il faut mener contre ce courant poli­tique en tant que tel, qui consti­tue un ennemi de tous ceux qui se battent pour l’éman­ci­pa­tion.

Non à la logique de l’État d’ex­cep­tion.

Faire face à ce défi est un enjeu incon­tour­nable. D’au­tant plus que les réac­tions des prin­ci­pales forces poli­tiques témoignent de l’im­puis­sance des réponses propo­sées aujourd’­hui. Après l’at­ten­tat de Nice, c’est la droite d’Es­trosi à Sarkozy, et même Juppé, qui a pris l’of­fen­sive en ciblant la respon­sa­bi­lité du gouver­ne­ment et en multi­pliant les propo­si­tions de mesures répres­sives (enfer­me­ment préven­tif des fichés S, ferme­tures de mosquées, isole­ment pour les terro­ristes condam­nés…). À la diffé­rence de Char­lie Hebdo et du Bata­clan, il n’y a eu ni marche du 11 janvier ni ovation du Congrès pour le Président Hollande. L’image du gouver­ne­ment se résume à celle de Manuel Valls sifflé à Nice lors de la minute de silence. Celui-ci est apparu sans marge de manœuvre, sans réponse réelle, à l’ex­cep­tion d’ac­cep­ter de reprendre une part plus ou moins impor­tante des propo­si­tions de la droite. Cette situa­tion est parti­cu­liè­re­ment grave : non seule­ment les propo­si­tions de la droite – malgré les postures guer­rières – ne sont d’au­cune effi­ca­cité face au terro­risme djiha­diste, mais elles nous entraînent dans une logique d’État d’ex­cep­tion et de remise en cause des droits démo­cra­tiques. Ces derniers mois, on a pu mesu­rer les consé­quences réelles de l’État d’ur­gence (contre les mili­tants écolos pendant la Cop 21, contre les mani­fes­tants anti El Khom­ri…). On devine ce dont serait capable la droite au pouvoir avec un tel arse­nal légis­la­tif.

 

Le FN, isla­mo­phobe en chef.

Évidem­ment le Front Natio­nal, n’est pas en reste et a placé la barre un cran au-dessus. Marine Le Pen propose notam­ment d’in­ter­dire l’UOIF. Cette orga­ni­sa­tion, aux posi­tions reli­gieuses tradi­tion­nelles et conser­va­trices, a évidem­ment condamné les atten­tats de Nice et est même dénon­cée par l’État Isla­mique comme compro­mise avec « l’Oc­ci­dent ». Mais pour Marine Le Pen il s’agit de viser, à travers leurs orga­ni­sa­tions, les citoyens musul­mans dans leur ensemble. C’est une logique de guerre civile qu’elle encou­rage. Le plus ignoble, c’est que cela revient à faire le tri dans les victimes de l’at­ten­tat de Nice (qui comportent plusieurs dizaines de personnes de confes­sion musul­mane). (…) Personne ne sait ce qui va domi­ner dans les prochains mois. Mais le fait que le débat public se déplace sur l’hy­po­thèse d’une « dislo­ca­tion » de la société française est en soi un symp­tôme. Ensuite, cela dépend égale­ment de la capa­cité des forces progres­sistes – celles qui se sont mobi­li­sées contre la déchéance de natio­na­lité, dans le mouve­ment Nuit Debout, dans les luttes sociales et écolo­gistes, qui portent une alter­na­tive et contri­buent à faire vivre la démo­cra­tie – de ne pas se lais­ser étouf­fer et para­ly­ser par la logique morti­fère du repli sur soi.

Le para­doxe du débat public actuel, c’est que Nico­las Sarkozy et Manuel Valls indiquent tous deux que le combat contre le terro­risme djiha­diste sera long – à l’échelle d’une géné­ra­tion – mais se limitent à des mesures répres­sives immé­diates sans être capable de dessi­ner les chemins permet­tant d’en­vi­sa­ger une issue à cette bataille d’ici dix à vingt ans. (…)

Soutien aux combat­tants syriens, irakiens et kurdes contre Daech

La bataille essen­tielle se mène à l’échelle inter­na­tio­nale, c’est en Syrie et en Irak – et de plus en plus en Libye – que le combat contre l’État Isla­mique se mène. Le respect de la souve­rai­neté des peuples est un défi essen­tiel dans ces pays qui ont subi les consé­quences désas­treuses des poli­tiques des puis­sances améri­caines et euro­péennes. Plus que jamais, le soutien aux forces de la résis­tance syrienne qui se battent contre l’État Isla­mique et Bachar El Assad ainsi que le soutien aux forces kurdes est un enjeu crucial. Alors que la résis­tance à Alep est soumise à un siège cruel par l’ar­mée de Bachar El Assad, celui-ci ne peut consti­tuer un allié. Le terri­toire de l’État Isla­mique peut recu­ler, mais le main­tien au pouvoir du dicta­teur syrien consti­tue un argu­ment puis­sant pour les recru­teurs de l’EI. Et la campagne de bombar­de­ments aériens contre l’EI lancée par les États Unis, la France et l’An­gle­terre – qui vient de faire plusieurs dizaines de victimes civiles dont de nombreux enfants dans un village syrien – ne peut se substi­tuer à la lutte des peuples eux-mêmes. La clé de la lutte contre l’État Isla­mique réside dans la capa­cité des peuples du Moyen Orient à y faire face. C’est à leur côté qu’il faut être.

François Cala­ret

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