VIDEO | Le mal-être au travail des agents de l’hôpital psychiatrique Laborit de Poitiers
mardi 12 février 2019 Par Baudouin Calenge,
A l’hôpital psychiatrique Laborit de Poitiers, les trois quarts des agents estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis 2015. C’est le cabinet Technologia qui l’affirme après avoir mené une expertise au sein de l’établissement. Rapport examiné lors d’un CHSCT ce mardi.
Poitiers, France
Pour la CGT, les 1300 agents de l’hôpital psychiatrique paient le prix fort de la réorganisation mise en œuvre il y à trois ans. Selon le cabinet Technologia qui a auditionné de nombreux salariés à la demande du CHSCT, cette réorganisation provoque du mal-être. Les deux tiers du personnel affirment être sujet à des peurs et des inquiétudes concernant l’avenir de leur établissement. La moitié des agents est stressée et quasiment tous attribuent ces dégradations à la baisse des effectifs : 96 emplois supprimés ces dernières années affirme la CGT.
Une réorganisation pointée du doigt
L’un des facteurs de cette dégradation des conditions de travail vient d’un changement dans l’organisation, imposé par la nouvelle direction en 2015. Selon le syndicat, la règle c’est la mobilité. Les agents sont appelés à changer régulièrement de service et donc de patients.
« Si un psychotique est réveillé chaque matin pendant trois jours par une personne différente, on ne peut pas s’étonner de la crise qu’il développe à ce moment là« , explique désolée cette soignante. Car ajoute-t-elle « la psychiatrie est un soin qui a une spécificité. On n’est pas que dans le traitement et le médicament, on est dans l’accompagnement, (…) mais l’institution ne me le permet plus ».
La psychiatrie, éternelle enfant pauvre de la médecine
Depuis la publication de l’expertise du cabinet Technologia, la direction n’a, selon la CGT, pas pris de mesures suffisantes. Les rares recrutements sont loin de compenser les emplois perdus. Le manque de personnel, la nouvelle organisation du travail, tout cela explique sans doute pour le syndicat, ce taux d’absentéisme record en août : 14%.
Les agents eux parlent de leur fatigue, de leur mal être. Jessica, une aide-soignante estime aujourd’hui ne plus faire son travail mais du gardiennage de patients.