Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, sur la ZAD du projet du barrage de Sivens, Rémi Fraisse, 21 ans, était tué par une grenade offensive lancée par un gendarme mobile. Un an plus tard, son corps n’a toujours pas été remis à sa famille au prétexte « qu’il peut y avoir des expertises supplémentaires » alors même que cette enquête piétine voir recule pour reprendre le terme d’un article récent de Laurent Borredon du Monde qui fait le point sur cette enquête ; il constate que « les gendarmes n’ont pas enquêté sur les faits, mais sur le climat qui régnait sur la ZAD » et que « Après des mois d’investigations, les gendarmes en reviennent tout simplement à la thèse officielle évoquée par Bernard Cazeneuve et Manuel Valls dans les jours qui ont suivi la mort du jeune militant écologiste. » Et pour cause, comme le rappelle les avocats de la famille cette enquête est « menée par des gendarmes sur des faits commis par des gendarmes, donc sur des collègues » . De son côté, le journal en ligne Reporterre a recueilli des informations et des témoignages qui contredisent le rapport des forces de l’ordre. Dans leur émouvante tribune libre publiée dans Le Monde du 22 octobre, les parents de Rémi Fraisse redoutent un non-lieu.
La Ligue des droits de l’homme a publié vendredi un rapport de la Commission d’enquête citoyenne Sivens » sur les conditions ayant conduit à la mort de Rémi Fraisse » qui dresse un bilan accablant pour les forces de l’ordre de la nuit du 25 octobre 2014. Il constate dans ses conclusions générales : un déficit démocratique, une gestion catastrophique des opérations de maintien de l’ordre et une désinformation organisée. Il s’achève par un constat pertinent et d’actualité sur l’état de délitement de la démocratie et de la République française :
C’est peut-être l’un des maux les plus profonds dont souffre la société française que révèle le drame de Sivens. Des travaux innombrables y sont consacrés, sans déboucher sur un changement profond des pratiques. Si un certain nombre de citoyens ne se sont pas sentis concernés par l’affaire de Sivens, un nombre considérable d’entre eux se sont un jour ou l’autre trouvés (ou se trouveront demain) confrontés à une situation identique : des décisions prises par des autorités drapées dans leur légitimité, au mépris des protestations qu’elles suscitent, quelle qu’en soit l’ampleur. Cette conception « élitiste » et verticale du processus démocratique, qui creuse chaque jour un peu plus la défiance entre les responsables politiques et les citoyens, ruine progressivement les fondements de la démocratie et de la République française.
Sur place à Sivens, la lutte continue contre le projet du barrage. Dans la nuit de lundi à mardi, des membres du collectif « La pelle masquée », ont érigé une sculpture monumentale en hommage à Rémi Fraisse et la famille de « Apaisé, responsable et pacifique. » A l’appel de la famille de Rémi Fraisse, une marche de recueillement « apaisé, responsable et pacifique. » est prévue sur place ce dimanche 25 octobre.