Inter­view de F Ruffin dans la Nouvelle Répu­blique du 20 février. Extraits

La photo qui accom­pagne ces notes a été prise par un mili­tant de la Ges de Poitiers le 21 février au matin devant la centrale de Civaux, lors de la réunion de soutien aux femmes de ménage en grève de cette Centrale.

Inter­view, extraits:

« En dépla­ce­ment dans la Vienne, à Châtel­le­rault lundi et Civaux mardi, le député de la Somme de La France insou­mise revient après le débat sur la réforme des retraites à l’As­sem­blée natio­nale.

Le député de la Somme, François Ruffin, l’un des chefs de file de La France insou­mise, était lundi 20 février dans la Vienne, à Châtel­le­rault. Il sera ce mardi à Civaux. Une visite, occa­sion de l’in­ter­ro­ger sur la situa­tion sociale actuelle après le débat tronqué sur la réforme des retraites à l’as­sem­blée.

Comment ressort-on d’un mara­thon tel que celui que vous venez de vivre à l’As­sem­blée natio­nale avec la réforme des retraites ?

« Ce n’est pas un grand moment parle­men­taire, il n’y a pas de doute. Mais il y a eu quelques moments qui peuvent établir des lueurs de vérité sur les femmes qui seraient gagnantes alors qu’elles sont perdantes, sur 1.200 € pour tous et qui ne sont que du brut pour les temps plein, sur les carrières longues à 43 ou 44 ans de coti­sa­tion, sur les 90.000 chômeurs de plus que peut produire cette réforme, et sur l’étude qui montre que les salaires pour­raient bais­ser de 3 % sur 10 ans. »

La discus­sion a montré des divi­sions au sein de la Nupes, qu’en pensez-vous ?

« Je comprends nos alliés, j’étais parti­san d’al­ler à l’ar­ticle 7. Ce n’était pas la posi­tion domi­nante mais ce n’est pas parce qu’on a une diver­gence qu’on divorce. Je souhai­tais aller au cœur du débat mais le centre de gravité n’est pas à l’As­sem­blée, mais dans la France. Dans l’opi­nion, ça fait 1 à 0, car 7 Français sur 10 sont oppo­sés à la réforme et dans la rue, vu la mobi­li­sa­tion, ça fait 2–0. »

(…)

Le texte part main­te­nant au Sénat, qu’en atten­dez-vous ?

« Je n’ai jamais rien espéré ni de l’As­sem­blée ni du Sénat. Il y a une majo­rité effec­tive entre Renais­sance et Les Répu­bli­cains, ils mettent du temps à négo­cier la dot mais au fond, ils sont d’ac­cord. Après le Covid, la guerre en Ukraine, l’in­fla­tion, les crises de voca­tion, à l’hô­pi­tal, dans les trans­ports, les écoles, faire cette réforme est une folie, alors que gens sont oppo­sés. Les gens veulent travailler et être respec­tés. »

Qu’es­pé­rez-vous de la jour­née d’ac­tion prévue le 7 mars ?

« Laurent Berger comme Philippe Marti­nez veulent arrê­ter la France, je suis derrière les syndi­cats. »

Faut-il bloquer le pays au risque de perdre le soutien popu­laire ?

« (…) On est en démo­cra­tie. Quand il y a un refus de cette ampleur, le pouvoir est au peuple. Et quand il dit non, il faut l’en­tendre, sinon cela laisse des traces dans la durée, et à la fin, on se demande à quoi sert d’être en démo­cra­tie. »

Si le gouver­ne­ment renonçait à l’âge de départ à 64 ans tout en main­te­nant les 43 années de coti­sa­tion, accep­te­riez-vous le texte ?

« Les 43 ans sont déjà dans la loi Touraine. La rupture est vrai­ment avec le recul de 62 ans à 64 ans, cela juste au moment où le CAC 40 fait 80 milliards de divi­dendes. On ne peut pas dire qu’il n’y ait pas d’argent. Aujourd’­hui, l’op­tion est de rele­ver les salaires pour que les Français puissent vivre de leur travail. En rebond, cela fera des coti­sa­tions. Un ensei­gnant gagnait 2,3 fois le Smic, en 1980, aujourd’­hui, ce n’est plus qu’1,8. Dans le bâti­ment, on était à 36 % au-dessus du Smic, en 2000, ce n’est plus que 16 %. »

(…)

Vous appa­rais­sez comme l’un des possibles succes­seurs de Jean-Luc Mélen­chon, avec une image plus modé­rée, en avez-vous l’am­bi­tion ?

« Je ne cherche pas un héri­tage. Ce que je veux, c’est être digne de défendre Marie-Agnès de Civaux. J’es­père que la réponse est oui et que je serai à la hauteur. Je veux repré­sen­ter la partie la plus invi­sible, s’il y a une possi­bi­lité de le faire en étant en première ligne, je le ferai. »

Vous rendez visite à des femmes ménages de la centrale de Civaux en grève, pourquoi cette visite ?

« C’est l’in­car­na­tion de la France qu’on doit défendre, des gens qui travaillent tôt, qui se lèvent tôt, qui ont mal au dos. Elles gagnent 1.375 € avec ancien­neté et prime de salis­sure, dans un métier où on se fait mal aux cervi­cales, au coude. Est-ce normal dans le nucléaire de passer par la sous-trai­tance et la maltrai­tance ? Je préfé­re­rais être là plus souvent qu’à l’As­sem­blée. Pour moi, ce sont ces visages pour lesquels on doit se bagar­rer. »

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