Italie. La crise de l’Union euro­péenne s’ac­cé­lère au grand jour.

Un excellent article édito de Martine Orange, jour­na­liste de Media­part que nous repro­dui­sons ici.

La lettre euro­péenne

Le parti pris du lundi,
par Martine Orange

Déjà-vu.

Tout est en place pour que le débat euro­péen sur le budget italien tourne à la confron­ta­tion cette semaine. Les prin­ci­paux respon­sables euro­péens ont déjà repoussé le projet budgé­taire italien, qui prévoit un défi­cit budgé­taire de 2,4 % en 2019. Au nom des trai­tés bien sûr. En réponse, le leader de la Ligue Matteo Salvini se dit prêt à en découdre avec les auto­ri­tés « illé­gi­times » euro­péennes.

Comme d’ha­bi­tude, les marchés finan­ciers se sont invi­tés dans le débat. Moody’s a dégradé vendredi la note de la dette italienne. S&P doit rendre son verdict dans la semaine. La diffé­rence entre les taux italiens et les taux alle­mands, le spread, se creuse. À 400 points, il sera diffi­cile de tenir, a reconnu le gouver­ne­ment italien. Nous en sommes à plus de 300. Secrè­te­ment, des respon­sables euro­péens espèrent que les marchés finan­ciers obli­ge­ront Rome à rentrer dans le rang. Comme lors de la crise grecque.

Tout cela a un air de déjà-vu, trop vu. Le même engre­nage que durant la crise de l’euro semble se mettre en place, avec à nouveau le monde finan­cier en arbitre. Sauf que la période n’est plus la même, que l’Ita­lie n’est pas la Grèce.

Le débat budgé­taire italien est la résul­tante de la gestion cala­mi­teuse de dix ans de crise par les instances euro­péennes. Pendant ces années, l’Ita­lie s’est confor­mée aux règles euro­péennes (austé­rité, surplus budgé­taire, réformes) pour un résul­tat acca­blant : l’éco­no­mie stagne, le pays se désin­dus­tria­lise, le chômage est au plus haut.

L’ar­ri­vée de l’ex­trême droite italienne au pouvoir est le fruit de cette poli­tique. Et Matteo Salvini a en main une arme de dissua­sion massive : son pays est la troi­sième puis­sance écono­mique euro­péenne. Le moindre signal de crise, que ce soit sur sa dette ou sur ses banques, toujours malades, aurait des réper­cus­sions dans toute la zone euro.

Par habi­tude, par dogma­tisme, les instances euro­péennes sont tentées de réagir comme elles l’ont toujours fait, en essayant de faire plier le gouver­ne­ment italien, en mettant les vrais problèmes sous le tapis. Mais, cette fois, c’est diffé­rent. Au moindre faux pas face à Rome, tout peut déra­per et créer une situa­tion incon­trô­lable.

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