Jean-Marie Le Pen a tenu à réaffirmer que son parti, le Front national qu’il fonda en 1972, se situait dans la lignée du pétainisme, ce qui certain.
Marine Le Pen décide, ce 4 mai, de pousser son père vers la porte du FN. Car pour elle et son entourage, il faut se choisir une cible et s’y tenir : les arabes (renommés islamistes dans leur discours), et reconnaître en Israël et ses soutiens un allié conjoncturel dans la politique raciste de leur parti. Du point de vue de ces fascistes relookés, l’antisémitisme par allusions répétées du vieux Le Pen n’est alors que contre-productif dans l’immédiat.
Un changement? Hier comme aujourd’hui, le FN se définit comme le seul parti des « patriotes », il développe un discours sur la France envahie par les immigrés et au bord du déclin irrémédiable, remet en cause l’appartenance française des naturalisés (comme certains à l’UMP), hait les syndicats, en appelle à des mesures d’exception sous le haut patronnage de Jeanne d’Arc (pauvre d’elle) puisque la France serait en guerre contre un ennemi intérieur.
Ce avec Marine Le Pen comme avec JM Le Pen. A la façon de la Révolution nationale de Pétain.
Beaucoup disent qu’en France, on a tout essayé sauf le FN. C’est très inexact : les ancêtres du FN furent au pouvoir en France en 1940–1944, avec Pétain.
Voici quelques éléments à partir de l’article de wikipedia concernant Pétain :
Dès le 11 juillet 1940, par trois « actes constitutionnels », Pétain se proclame chef de l’Etat Français et s’arroge tous les pouvoirs.
Aux traditionnels attributs régaliens (droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur (qui est le vice-président du Conseil), il « a la plénitude du pouvoir gouvernemental, il nomme et révoque les ministres et secrétaires d’État, qui ne sont responsables que devant lui103. » et il « exerce le pouvoir législatif, en conseil des ministres[…] ». Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet Jean Moulin.
Le maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain, désormais honni. Le mot même de République disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à l’exception de ceux des collaborationnistes parisiens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La franc-maçonnerie est mise hors la loi. Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les conseils généraux Des milliers de municipalités sont destituées, et remplacées par des « Délégations spéciales », nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal.
Des juridictions d’exception sont mises en place.
Le régime « exploite le prestige du maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent : les photos du maréchal figurent partout. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maréchal nous voilà, est interprété dans de nombreuses cérémonies parallèlement à la Marseillaise, et doit être appris à tous les enfants des écoles par les instituteurs. À qui douterait, des affiches péremptoires proclament : « Êtes-vous plus Français que lui ? » ou encore « Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ? ». Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires à sa propre personne.
Toute une littérature exalte le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son « sacrifice », pour le comparer à Jeanne d’Arc ou à Vercingétorix, Le serment prêté par les titulaires de la Francisque prévoit : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. »
Il développe sa vision doloriste d’une France « décadente » qui expie maintenant ses « fautes » antérieures,
Pétain entretient aussi le contact avec la population surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : « La terre, elle, ne ment pas », (août 1940), « Je vous ai parlé jusqu’ici le langage d’un père, je vous parle à présent le langage d’un chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éternelle » (novembre 1940).
Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du maréchal, salué comme l’homme providentiel.
Le programme de Révolution nationale
Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une « Révolution nationale », à fortes consonances xénopohobes et antisémites, qui rompt avec la tradition républicaine et instaure un ordre nouveau fondé sur l’autorité, la hiérarchie, le corporatisme, l’inégalité entre les citoyens. Sa devise « Travail, Famille, Patrie », empruntée aux « Croix de feu », remplace l’ancien triptyque « Liberté Egalité Fraternité ». Dès l’été 1940, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime « ne reposera plus sur l’idée fausse d’égalité entre les hommes ».
Une politique d’exclusion et de répression.
Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion adoptées à la hâte contre les Franc-maçons et les Juifs . Par une loi du 29 mars 1941, promulguée par le maréchal, est créé un « Commissariat général aux questions juives123 ».
Les groupes armés du régime collaborationniste.
La période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la « Légion française des combattants », Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révolution nationale et du régime. Les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ». Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire (SOL) qui devient en janvier 1943 la « Milice française ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum 30 000 hommes, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain.
A son procès, en 1945, Pétain fut reconnu coupable de haute trahison.
PB, 5 mai 2015