Il y a un an, en juillet 2015, 60% de la population grecque, les jeunes et les milieux populaires au premier plan, disaient non au référendum leur proposant d’accepter toujours plus d’austérité destructrice, ou non (la photographie qui illustre cet article est celle d’une rassemblement lors de cette victoire électorale populaire). Depuis, le gouvernement Tsipras devient, de fait, l’obligé des créanciers de l’UE et du FMI. La situation sociale continue de se dégrader.
Nous avions organisé, à Poitiers comme ailleurs, un collectif de soutien au peuple grec alors que Syriza était l’opposition anti austéritaire et unitaire au gouvernement grec lequel était dénoncé déjà comme soumis aux diktats du capitalisme européen et mondial. Nous continuons.
Ainsi, une caravane de solidarité partira le 15 octobre de Lyon vers la Grèce. Les jours précédents, des voitures et camions auront convergé de diverses villes de France (Paris, Rennes, Toulouse, Marseille, etc) après avoir rassemblé du matériel médical et para-médical auprès de professionnels de la santé d’exercice privé ou public, après d’hôpitaux, d’EPADs et autres institutions.
Début octobre le collectif de solidarité avec le peuple grec de Poitiers organisera des initiatives :
- présentation de la situation économique et sociale en Grèce, toujours tragiquement absurde. Récupération de matériels.
- les migrants. L’accord UE-Turquie, accord infâme a déplacé les routes des migrant.e.s à nouveau vers la Libye avec des noyades par dizaines en Méditerranée de façon répétée. L’occupation de l’ancien hôtel City Plaza à Athènes est une expérience de solidarité avec les migrant.e.s parmi toutes celles mises en place par le peuple grec.
- Une initiative pour formaliser le jumelage de notre collectif avec le dispensaire solidaire social d’Halandri.
D’ici là des rencontres à ce propos auront lieu lors de la fête de l’Humanité les 9–10–11 septembre.
Quelques autres informations :
Un livre sur les dispensaires solidaires sociaux, édité par les éditions Syllepse, va paraître vers octobre.
Voici le lien avec le site des collectif de solidarité avec la Grèce indispensable :
Voici deux liens plus factuels :
Les dispensaires solidaires demandent la santé gratuite pour tous
La dette grecque, une tragédie européenne
L’internationalisme est une exigence en cette période de mondialisation capitaliste sans âme qui voit resurgir des barbaries totalitaires et concurrentes.
Ci-dessous la déclaration de la rencontre nationale des dispensaires solidaires sociaux en Grèce, en avril, réaffirmant leur indépendance et leurs particularités.
Pascal Boissel, 24–07–2016
Déclaration des dispensaires sociaux solidaires
Suite à la 5eme Rencontre nationale des Dispensaires et Pharmacies Sociaux Solidaires (DPSS) qui s’est tenue le 3 avril 2016 à Thessalonique.
La nécessité qui nous a fait naître reste intacte.
Nous, DPSS, collectifs luttant pour préserver la vision d’un système de santé public, gratuit et sans exclusion, nous ne pouvons aujourd’hui ni rester en silence ni tolérer notre instrumentalisation de la part du gouvernement.
Nous sommes des structures autogérées.
Nous pratiquons la démocratie directe et fonctionnons de manière anti-hiérarchique.
Depuis cinq ans, nous sommes la preuve vivante d’une communauté qui montre ce dont les gens sont capables quand ils coopèrent à égalité, dans une perspective de résistance, de création collective et de solidarité concrète.
Pendant toutes ces années, ayant comme seul appui la société, nous avons mené un combat en toute indépendance pour réduire la morbidité des pauvres, empêcher la mort des exclus, défendre la santé comme un bien public et marcher sur le chemin de l’émancipation sociale.
Dans cette sombre conjoncture, marquée par le prolongement des politiques mémorandaires, l’accentuation et la multiplication des obstacles pour l’accès de la population aux soins, il est impératif de faire sortir la santé de l’étau des politiques austéritaires et des restrictions budgétaires criminelles.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous continuerons :
- de lutter contre les politiques de paupérisation de la population, contraires de fait à notre vision d’un accès aux soins et à la santé libre, égalitaire et de qualité.
- d’être l’« oeil » et l’« oreille » de la société contre toute inégalité en matière de santé, ainsi que l’appui de tout patient face à des obstacles insurmontables pour l’accès aux services du Système National de Santé.
- de fournir des soins de santé primaires et des médicaments à toute personne qui, malgré la nouvelle loi, ne bénéficie toujours pas de la couverture maladie, et, notamment, aux migrants « sans papiers ».
- de mener des actions antiracistes et antifascistes, en défendant en particulier les droits des personnes auxquelles le dernier accord UE-Turquie ne réserve qu’un traitement barbare (enfermement, confinement, expulsion, refoulement).
- de nous coordonner et agir à l’échelle nationale tout en mettant la pression sur le gouvernement pour la suppression de l’Organisme de Gestion des Rétributions des Hôpitaux, pour la modification de la nouvelle loi, des décisions ministérielles et de toute législation à venir, et en exigeant toujours et constamment la couverture complète, de qualité et à temps de tous les besoins de la population en matière de soins et de médicaments.
- – de contribuer de concert avec le mouvement social à ouvrir une voie à la mise en oeuvre d’une médecine holistique, orientée vers la recherche des solutions aux problèmes des personnes souffrantes non seulement en raison d’une maladie, mais en raison de la pauvreté et l’exclusion sociale.
Sur la base de nos principes et nos possibilités et tout en tenant compte des besoins locaux, les DPSS font de leur mieux à l’égard des réfugiés et des migrants arrivés en Grèce.
Ils interviennent dans les centres d’accueil ouverts et revendiquent une présence autonome pour répondre aux besoins et aux souhaits des réfugiés.
Nous ne pouvons ni accepter ni tolérer le fonctionnement des centres de rétention fermés ou des camps de détention ; nous intervenons avec toutes nos forces et ressources et selon nos propres principes à tout lieu d’accueil et de séjour des réfugiés et des migrants.
Nous, les DPSS :
- cherchons à établir des contacts directs avec les réfugiées dans le but de l’autoorganisation ; dénonçons les morbides conditions de vie dans les camps ; y recensons les besoins médicaux ; accueillons, quand cela est possible, les réfugiés dans nos propres locaux.
- ne participerons à aucune coordination nationale liée à l’État, mais collaborerons étroitement avec les collectifs et les initiatives locales, dans les quartiers et les villes, dont la finalité n’est pas seulement de subvenir aux besoins les plus élémentaires, mais aussi d’intégrer pleinement les réfugiés dans le tissu social.
- – dénonçons le récent accord de la honte entre l’UE et la Turquie qui divise arbitrairement les êtres humains en légaux et illégaux et qui piétine le droit à l’asile.
Vivre ensemble avec les réfugiés et les migrants, c’est possible, vivre avec des fascistes il est hors de question