Humanitaires palestiniens tués à Gaza : une vidéo contredit la version de l’armée israélienne
5 avril
Une vidéo montrant les derniers instants de quatorze secouristes palestiniens et d’un employé de l’ONU abattus par les troupes israéliennes, le 23 mars, contredit les déclarations d’Israël affirmant que leurs véhicules – trois ambulances du Croissant-Rouge, un camion de pompiers et un 4×4 des Nations unies – s’étaient approchés de ses soldats « de manière suspecte » sans s’être identifiés.
Huit travailleurs du Croissant-Rouge, six membres de la défense civile et un employé de l’ONU avaient été tués, ce jour-là, près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Les images filmées avant sa mort par Rifaat Radwan, un des ambulanciers, ont été récupérées sur son téléphone portable après la découverte des 15 corps, une semaine après leur mort, enfouis sous le sable, sur un site que le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a qualifié de fosse commune.
Dans un premier temps, l’armée israélienne a affirmé que ses soldats avaient ouvert le feu sur des « véhicules qui se déplaçaient sans coordination préalable, sans lumières ni signaux d’urgence ». La vidéo montre, au contraire, que ceux-ci étaient clairement identifiables et que les ambulanciers portaient des tenues réfléchissantes. La diffusion de ces images a contraint l’armée à changer sa version sur les circonstances de leur mort, un responsable militaire reconnaissant, samedi 5 avril, que son communiqué initial était« erroné ». L’Etat hébreu interdit à la presse étrangère de pénétrer dans la bande de Gaza.
Au petit matin du 23 mars, le convoi est envoyé à la recherche d’une première ambulance disparue, alors qu’elle portait secours à des victimes d’un bombardement dans le quartier de Tal Al-Sultan. Les images filmées par Rifaat Radwan, qui a pris place sur le siège passager avant d’une des ambulances de la mission de sauvetage, montrent les véhicules se déplaçant phares et gyrophares allumés. (…)
Rifaat Radwan a à peine le temps d’ouvrir la portière pour sortir de son véhicule que des tirs intenses retentissent. Puis l’écran devient noir, l’ambulancier s’étant jeté à terre. Les détonations durent cinq longues minutes, avec des rafales nourries entrecoupées de tirs plus brefs. (…)
le Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué, samedi 5 avril. La porte-parole de l’organisation, Nebal Farsakh, accuse les soldats israéliens d’avoir « ouvert le feu de manière frénétique » sur les secouristes. Selon elle, le sort de l’un d’entre eux, Assaad al-Nassasra, reste inconnu. « Nous pensons qu’il a été arrêté », a-t-elle expliqué sur la foi du témoignage du seul survivant du convoi du 23 mars, Munzer Abed, qui dit avoir vu les troupes israéliennes l’emmener les yeux bandés. Le Croissant-Rouge devait rendre public, lundi 7 avril, le résultat des autopsies pratiquées sur ses huit membres tués.
Si elle admet que les secouristes n’étaient pas armés quand les soldats ont ouvert le feu, l’armée israélienne continue d’affirmer qu’au moins six d’entre eux étaient liés au Hamas, sans avoir fourni aucune preuve à ce jour. Selon les Nations unies, au moins 408 travailleurs humanitaires, dont plus de 280 employés de l’UNRWA, son agence chargée des réfugiés palestiniens, ont été tués par les forces israéliennes dans la bande de Gaza. Depuis le début de la guerre consécutive à l’attaque commise par le Hamas le 7 octobre 2023, plus de 50 600 personnes ont été tuées dans le territoire palestinien, selon les services de secours. Dimanche, les raids aériens ont fait 44 morts.