Ces derniers jours, le Premier ministre a réussi le tour de force de multiplier en quelques minutes les provocations et les outrances : la CGT est accusée « d’encourager la violence » contre les policiers ; ceux qui contestent les « sociaux-démocrates quand ils sont au pouvoir » ou protestent contre les violences « des forces de l’ordre qui incarnent l’Etat » ne sont rien d’autres que des « ennemis de la démocratie » ; la porte-parole d’« Ensemble ! », Clémentine Autain, est étiquetée « islamo-gauchiste » et jugée responsable d’alimenter « le terreau de la violence et de la radicalisation ». Des propos envers les uns et les autres qui rappellent ceux utilisés contre le terrorisme !
Au fond, le discours de Manuel Valls est le symptôme d’un Premier ministre qui, en voulant faire de l’autorité et des coups de menton sa marque de fabrique, se trouve confronté à une contestation sociale multiple qui ne cesse de s’enraciner. A l’image de sa réaction brutale vis-à-vis des grèves et des actions de blocages menées par les salariés des raffineries et des ports, les propos du Premier ministre sont d’autant plus violents et caricaturaux que la politique qu’il mène est de plus en plus impopulaire et qu’il se retrouve sans majorité dans le pays ni même à l’Assemblée nationale.
La société française mérite mieux que ces discours de stigmatisation et de division. Aux côtés de tous ceux qui se battent pour le retrait du projet de loi « El Khomri », notre réponse sera dans les prochaines semaines de poursuivre et d’amplifier ce réveil des énergies citoyennes qui constitue l’espoir d’un souffle nouveau dans le pays. Nous y mettrons toutes nos forces pour faire prévaloir les exigences d’égalité, de justice et de démocratie que monsieur Valls et son gouvernement ne cessent de mépriser.
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