Le public s’est peu intéressé à la révision du Plan particulier d’intervention de la centrale de Civaux, regrettent Jacques Terracher et Hélène Heintz Shemwell.
La nouvelle version du Plan particulier d’intervention de la centrale de Civaux a été mise à la disposition du public pendant un mois, par la préfecture, mais très peu d’habitants s’y sont finalement intéressés.
Jacques Terracher, membre de la coordination poitevine Sortir du nucléaire et de la commission locale d’information (CLI). « C’est décevant, c’est la première fois que la révision du PPI était présentée au public. Nous avons compté en tout dix observations sur sept des 21 registres mis à la disposition du public. Les habitants sous-estiment le risque nucléaire. On pense qu’en France nous sommes meilleurs que dans les autres pays, que nous sommes à l’abri d’un accident. Lors de la dernière campagne de distribution de comprimés d’iode, la moitié des gens ne sont pas allés chercher leurs boîtes. Il y a aussi une certaine omerta, avec la question de l’emploi généré par la centrale. »
Hélène Heintz- Shemwell, membre de la CLI, Europe écologie les Verts. « Lors de la réunion d’information à Civaux sur les comprimés d’iode, il y avait d’ailleurs très peu de familles, peu de parents venus poser des questions concernant les enfants. »
Ce document était-il vraiment à la portée des non initiés ?
« Il est normal que ce soit très technique, c’est une qualité pas un défaut : il y a de nombreux services de secours à coordonner en cas d’accident. Certaines pages sont fastidieuses à lire mais la sécurité des habitants est plus importante. Il y a quand même des contributions intéressantes : un élu de Pindray demande quel est le rôle et la responsabilité des élus, c’est une bonne question. Un éleveur s’interroge aussi sur le sort des animaux. Rien n’est effectivement prévu. »
Vous estimez que le périmètre de 10 km du PPI n’est pas suffisant.
« Le PPI est trop limité géographiquement : nous demandons un périmètre de 80 km. Il est également limité en gravité : il ne prend en compte que les incidents jusqu’au niveau 3 de l’échelle INES, pas les accidents allant jusqu’au niveau 7. Là c’est le plan ORSEC national qui s’appliquerait. »
Quels autres reproches ?
« Au chapitre de la mise à l’abri il est conseillé de laisser la ventilation naturelle des logements » sans risque supplémentaire « , ce qui nous étonne. Et il n’est pas question de la ligne de chemin de fer qui passe près de la centrale. La SNCF devrait être partenaire pour interrompre le trafic et éventuellement participer à l’évacuation de la population. »
Propos recueillis par Sébastien Kerouanton
NR 28/02/16