La Lettre de Civaux est la gazette de la CLI de Civaux. Le président de la CLI, M. Bruno Belin, et le président délégué, M. Roger Gil, en sont donc responsables. La Lettre 51 est entièrement consacrée aux problèmes posés par le béton du bâtiment réacteur 1 (BR), pour tenter de rassurer la populations .
Mais la vérité sur l’état réel du BR reste bien éloignée de ce que nous dit La Lettre. Cette vérité sort du rapport d’expertise réalisé par l’ entreprise indépendante ASSYSTEM pour le compte d’ EDF en 2001, date de la première intervention sur l’ enceinte interne du BR pour limiter ses fuites en dessous de la valeur réglementaire. Cette première opération de pose de résine époxy avait duré 9 mois.
Quelles sont les affirmations contestables de la Lettre ?
- L’étanchéité du bâtiment réacteur
Cette fameuse 3e barrière, enceinte de confinement, justement n’est pas étanche : elle fuit, bien que son débit de fuite soit réglementaire. Parler d’ étanchéité du bâtiment réacteur est déjà une première contre-vérité. - La farce cachée du nucléaire est un livre mis en vente pour le 11 mars 2017 dans les librairies. Il est signé par Nozomi Shihiro. Il s’ agit d’un pseudonyme, pas un anonyme comme le dit la Lettre 51. Dit-on de Voltaire ou de Molière qu’ ils sont anonymes ? Il est vrai que Nozomi Shihiro aime la vérité et qu’ il est capable de la prouver, ce qui dérange le milieu nucléocrate.
- Les fissures qui nous préoccupent ne sont que des microfissure, indétectables à l’oeil.
Cette affirmation faite par le directeur de la centrale de Civaux constitue la deuxième contre-vérité de la Lettre 51. ASSYSTEM a réalisé son expertise avec des examens visuels : il a constaté à l’œil nu 2000 m de fissures. - L’ accident « hors dimensionnement » est tout à fait improbable mais ne peut pas être totalement exclus.
Dans le monde et depuis que l’industrie nucléaire existe, environ 500 réacteurs ont été construits. Et dans le même temps il y a eu 5 accidents majeurs d’installations nucléaires avec pollutions catastrophiques. Cela fait une occurrence de 1% !
Est-cela un phénomène « tout à fait improbable » ?
Ce que La Lettre passe sous silence constitue autant de mensonges par omission :
- En cas d’accident qui engendrerait une surpression dans le BR, un dispositif de décompression de l’ enceinte entrerait en fonction pour éviter la destruction du bâtiment. C’est juste. Mais dans ce cas, il n’y aurait plus de confinement : Il faudrait évacuer la région en urgence !
- Les fuites de 2001 étaient liées aux caractéristiques de la fabrication du béton, nous informe La Lettre 51. En lisant cela on a l’impression que le phénomène est normal. Il n’en est rien : la fabrication du béton a été simplement ratée. Cette vérité et sa preuve se trouvent dans le rapport ASSYSTEM. L’expertise de 2001 a relevé 159 autres défauts dans le béton , en plus des 2000m de fissures : 104 nids de cailloux, 7 éclats de béton, 21 aciers apparent, 7 trous.
- Les épreuves enceintes (tests d’ inétanchéité) font subir au BR une pression différentielle importante de 4 atmosphères. Cela fait 40 t/m2. Compte tenu de la surface de la coupole qui mesure 44 m de diamètre, cette pression engendre une force énorme sur le dôme du bâtiment ( au moins 60 000 t). Cette force ouvre un peu plus les anciennes fissures et en crée des nouvelles. C’ est la raison de la dépressurisation évoquée en 1).
Ces épreuves dégradent l’ enceinte et en aggravent la porosité.
Voilà pourquoi EDF a entrepris des travaux pharaoniques pour que le BR1 de Civaux puisse passer les tests de fuites avec succès. Mais en cas d’accident, on sait que la résine époxy ne résistera pas longtemps à la température de l’enceinte….
Jacques Terracher