Le projet alibi pour détruire le théâtre historique de Poitiers, se met en route hors les murs en proposant une expo qui est un beau symbole : on met le luxe en vitrine et on oppose à ce qui doit rester un lieu de culture populaire, partagé, le scintillement d’une marque de luxe, à voir de l’autre côté d’une vitre, juste pour imaginer la vie de ceux qui nagent dans l’opulence et partagent une certaine idée du « beau ».
Cette expo, onéreuse (il faut un système de sécurité à la hauteur de la grande maison pour milliardaires), est un camouflet à tous ceux qui défendent, pour le théâtre historique, un avenir de spectacle vivant, favorisant l’échange, le contact, la construction collective d’une culture qui rassemble, fait grandir ensemble, fait avancer d’un même pas, sans barrière, sans miroir aux alouettes.
L’hypothétique salle d’arts visuels, baptisée au prix d’un contre sens, « le miroir » (le verre églomisé de Pansart auquel ce nom fait référence est un décor qui crée un monde et n’a jamais été un miroir), cette salle, donc, qui doit passer par la destruction d’un vrai lieu de culture pour se faire une petite place ridicule, en sous-sol, avoue, ici, sous la marque Hermès, sa plus totale inanité. Dans ce miroir se reflète la vanité aux deux sens du terme.
Elle n’entrera jamais dans notre théâtre : le seul luxe dont il a besoin, c’est le luxe d’une vie qui respire dans la poitrine des comédiens, des danseurs, des musiciens…
Jacques Arfeuillère