Aveugles ?
Notre société est régie par des hommes et des femmes aveuglés par la quête de la réussite personnelle. J’associe le groupe à ma réussite dans la mesure où je l’estime garant de MON image, de MON confort, MA bouffe, MA santé, MES voyages…
La majorité pesante ne défend plus qu’une seule liberté, celle d’ignorer que le bonheur des riches est fait du malheur des pauvres : Je défends becs et ongles mon DROIT de ne PAS me poser de questions !…
Et quand le malheur devient insoutenable, on retrouve Aylan le nez dans le sable…
La photo EST insoutenable mais elle doit nous obséder.
L’enfant rejeté devient notre enfant à tous, en perdant la vue, il nous ouvre les yeux, en perdant la vie, il nous donne la force irrépressible de crier NON !
Qu’est-ce qui rend possibles et agissants de tels paradoxes ?
La dimension spirituelle.
Cette dimension est partie intégrante de notre humaine condition.
Des religions dogmatiques l’ont accaparée et des esprits forts l’ont ridiculisée mais c’est un « bien COMMUN » nécessaire à tous : il est urgent de la restaurer !
Voyants ?
Camarades, nous devons répondre avec nos convictions politiques…
… « et avec notre esprit ! »
Recyclons les religions ! Regardons-les comme des réserves de métaphores, ces moyens de transport en commun qui relient une réalité à une autre, un sens à un autre, rendant plus agile la pensée et plus riche sa communication.
Mais emprunter une métaphore ne veut pas dire rejeter les autres !
La Légende des Siècles n’abolit pas la Divine Comédie, qui n’abolit pas l’Odyssée…
Pourquoi le Coran abolirait-il la Bible, qui abolirait les Vedas et vice-versa ??
Aide-nous Aylan, à inventer un nouveau partage pour une nouvelle humanité…
Je penserai à toi dans le cercle de silence qui se formera devant Notre Dame la Grande comme chaque 3e mercredi, le 21 octobre à 12h45. Chacun peut y aller en son nom propre mais c’est mieux de se sentir porté par la compréhension d’une famille de pensée. J’aurai à l’esprit les Amis de la Terre.
F. Argile
[l’illustration de cet article est de l’artiste jordanien Rafat al Khateeb]