Alors que le nombre de personnes interceptées en mer Méditerranée et ramenées en Libye par les garde-côtes libyens, soutenus par l’Union européenne, est en forte hausse, la situation empire dans les centres de détention libyens où sont transférés les rescapés une fois à terre.
Médecins Sans Frontières appelle à ce que cesse la détention arbitraire des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants qui sont ainsi ramenés et débarqués dans les ports libyens.
Près de 12 000 personnes ont été ramenées en Libye alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée d’après les agences des Nations unies depuis le début de l’année. Les interceptions en mer se déroulent presque quotidiennement, et une fois débarqués, les rescapés, y compris les enfants non accompagnés ou les personnes sévèrement malades, sont transférés dans les centres de détention dits « officiels » situés le long des côtes libyennes. En conséquence, les équipes MSF sur le terrain à Misrata, Khoms et Tripoli ont constaté une nouvelle augmentation du nombre de personnes dans les centres de détention où elles interviennent et une nette détérioration de leur situation.
« Ils n’ont aucune idée de ce qui va leur arriver »
« Cela fait plus d’un an que je travaille sur place, je n’ai jamais vu les centres de détention de la région de Khoms et Misrata aussi remplis ; la situation est effrayante, rapporte un médecin MSF. Les patients que j’ai soignés en consultation souffrent de brûlures au deuxième degré, de la gale, d’infections respiratoires, de déshydratation. Quand nous sommes arrivés, la plupart des détenus n’avaient pas de vêtements, ils ont été perdus pendant la traversée. Ils n’ont que les serviettes que nous leur avons données. Les gens sont anéantis : ils sont dans un état de panique, avec des signes de stress post-traumatique. Leur fragilité est accentuée par l’absence de perspective : ils n’ont aucune idée de ce qui va leur arriver, ils me demandent sans cesse quand le Haut Commissariat pour les réfugiés va venir, combien de temps ils vont devoir rester là, et nous n’avons pas de réponse. »