Mardi 22 mai, Maxime s’est fait arracher la main droite par une grenade en défendant la zad de Notre-Dame-des-Landes. Il fuyait une charge policière non loin du hameau détruit de la Chataigne. Cette mutilation a eu lieu dans le cadre d’une opération militaire qui dure désormais depuis un mois et demi.
Dès le 9 avril, les gendarmes ont fait un usage quotidien de cette arme nommée dans leur jargon GLI-F4. Elle contient 25
grammes de TNT, on peut voir un peu partout les cratères noirs qu’elle a creusés dans la terre du bocage. Il était évident qu’elle causerait des blessés, et des blessés graves. Des dizaines de personnes en ont senti les éclats dans leur chair en quelques semaines. Des pieds ont été broyés, des peaux lacérées. Aujourd’hui c’est une main qu’elles ont déchiquetée.
Ces armes n’ont d’autre but que de terroriser les manifestants en faisant peser sur eux le risque des blessures qu’elles entraînent. Cette peur là, nous sommes nombreux ici à l’avoir ressentie. Des explosions en rafale qui vous étourdissent et vous rendent sourds de longues minutes, hébétés dans les gaz. L’angoisse d’être aveuglés et donc incapables de les voir arriver, ne sachant où fuir, nous la connaissons bien désormais. C’est la technique qu’ils ont appliqué chaque jour : d’abord les gaz puis une pluie de grenades. Paniqués dans les nuages en entendant autour d’eux une explosion répétée, en recevant la terre
qu’elles soulevaient sans savoir s’il s’agissait d’éclats, ou tout simplement en tombant blessés ?
A propos de Maxime, d’un groupe agressif, mais la même chose s’est produite lors du pique-nique pacifique initié par les cheveux blancs le 11 avril. La même chose s’est produite avec des tracteurs. Tous les jours. Il les ont envoyées à plusieurs centaines de mètres grâce à des fusils lanceurs à longue portée, sans voir où ni sur qui elles atterrissaient. Il les ont fait cracher à la tourelle de leurs blindés en tirs tendus. Qu’on ne nous dise pas qu’elles ont une visée autre qu’offensive.
Qu’on ne nous dise pas non plus que la mutilation de Maxime est une bavure ou un accident. La préfète peut ravaler ses regrets hypocrites.
Cette amputation est la menace toujours contenue dans la pratique du maintien de l’ordre, la condition de son efficacité sur la population.
C’est afin de camoufler cette évidence que le récit des autorités transforme systématiquement ceux qui en sont victimes en responsables.
On nous dit en l’occurence que Maxime armait son bras pour lancer la grenade sur les forces de l’ordre. Ce serait donc sa faute si sa main a été amputée par l’explosion d’une arme de guerre lancée sur quelques manifestants par un des 1600 gendarmes présents ce jour-là. Comme si l’un d’entre nous pouvait sciemment concevoir l’idée d’attraper une grenade dégoupillée contenant du TNT…L’acte de ce jeune homme a consisté à se saisir de ce qu’il croyait être une grenade lacrymogène pour la lancer loin des autres manifestants afin qu’ils aient le passage libre pour fuir les gendarmes sans étouffer dans les gaz. Un geste d’attention que des dizaines d’opposants ont accompli ces dernières semaines. Un geste pour prendre soin de celles et ceux qui nous entourent. Une marque de solidarité qui a transformé son avenir et que nous n’oublierons pas. Nous appellerons donc dans l’immédiat à rejoindre la manifestation de samedi 26 mai à Nantes et partout en France, armés de notre colère, de nous y retrouver et d’y arborer un gant rouge.
Des habitant.e.s de la zad.