La soirée a été chaude, menaçant à tout moment de partir en vrille et personne n’aurait voulu être à la place de Jacques, le courageux initiateur de la rencontre, sur qui convergeaient toutes les attaques ! C’est peu de dire que les chasseurs de primes et de subventions étaient là en force.
La FdSEA, en la personne du président de la Chambre d’Agriculture, a attaqué tous azimuts : l’administration qui imposait des enquêtes à n’en plus finir et ceux qui osaient critiquer l’administration quand elle avait donné son accord… Mais le summum du pathos ( ou de la mauvaise foi) a été atteint quandd il a fait le lien avec les attentats de Charlie. Prenant prétexte du dessin de Samson sur l’affiche (ci-contre), »des verrues dans le paysage, exigeons une prime pour les faire disparaître », il a crié au loup, prenant la menace pour lui, pour son exploitation et celle de ses pairs, alors que, dans le dessin comme dans la réalité, ce qui disparait, en tant qu’incongruités anachroniques, ce sont les petites fermes… Comme, visiblement, le bonhomme n’en est pas à une erreur d’interprétation près, il a dit vivre dans la crainte des Zadistes et des kalchnikovs. C’était, en telle contradiction avec la réalité et balancé avec tant de confuse brutalité qu’une partie de la salle a cru entendre qu’il menaçait » d’intervenir à la kalachnikov ! » !… Ce qui était sûr, c’est que la violence venait de lui !
Les intervenants comme Michel Girard faisaient preuve de modestie, ils ne niaient pas l’intérêt de la méthanisation en soi mais ils informaient sur les conséquences « oubliées » du projet. Ce qu’ils disaient était instructif pour tous les citoyens de bonne volonté : le problème de l’eau n’est PAS un problème d’expert mais le premier des soucis à partager. Les exposés ont été on ne peut plus clairs, renforcés par l’intervention de l’hydrogéologue. Tous ceux qui voulaient bien comprendre ont retenu que la zone d’épandage du « digestat ( le produit liquide final) communique avec la source de Sarzec qui alimente Poitiers, que le calcaire est fissuré, que le taux de nitrate était à 17 mg en 19991 et qu’il frise maintenant les 30 mg : il ne faut surtout pas qu’il monte mais cela risque fort de se produire car l’azote issu du processus est sous forme d’ammoniaque, la forme la plus difficile à contrôler.
Les défenseurs du projet de méthanisation ne faisaient pas toujours preuve du même sens de la mesure. Nous avons tous entendu qu’ils protestaient de leur bonne volonté, et, à leur échelle, de solidarité. Une de leurs salariés a demandé que tous ceux qui étaient bénéficiaires du projet se lèvent : une dizaine de jeunes se sont levés et l’émotion produite a été forte. Nous aurions dû dire à ce moment-là : que tous ceux qui boivent de l’eau se lèvent !… Il faudra y penser une prochaine fois !
CE QU’IL FAUT OBTENIR, selon l’optique Amis de la Terre :
- une meilleure prise en compte de l’intérêt général. On a compris que les porteurs du projet « n’étaient pas les pires » mais qu’ils s’arrangeaient pour tirer parti des avantages du système. La bonne gestion de leurs intérêts et de ceux de leurs proches devrait s’élargir plus clairement à la préservation des nappes : pourquoi ne pas aller vers l’agriculture biologique ? Leurs protestations de bonne volonté seraient alors plus crédibles !
- une révision des dimensions du projet. Le projet est sur-dimensionné. Il a été démontré que la DÉCISION de la ville de Poitiers a été prise à partir de données FAUSSES : pas d’allusion à l’apport graisseux des abattoirs de St Maixent. Si cet apport est interrompu, l’installation se révélera alors surdimensionnée… et pour l’entretenir on peut logiquement craindre que des ressources soient détournées de leur usage alimentaire plus essentiel… mais payé à un prix non garanti ! Il y a donc eu une TROMPERIE qui justifie le retrait de l’autorisation.
Pour les AT-Poitou Françoise Chanial