O L’été est chaud pour Min’ de Rien, avec de nombreux motifs de satisfaction :
– Certains jeunes sont admis en stage ou en apprentissage et découvrent les métiers du
bâtiment ou de la restauration. D’autres sont reconnus mineurs.
– Des enseignants et retraités viennent remplacer les étudiants parmi les bénévoles actifs.
– Des boulangers offrent du pain, des épiciers offrent des fruits, le secours populaire de la
nourriture, des particuliers prêtent des matelas, des draps, leur maison.
– Des familles emmènent avec eux un jeune à la mer ou à la montagne, des hameaux
s’organisent pour répartir l’accompagnement.
– Des actions sont mises en place avec Aides (informations santé sexualité), les chantiers
participatifs Twizza (lien social, écologie), la compagnie Théatre du Diamant Noir (expression
orale), Remiv (loisirs, informations), etc.
– Une trentaine de nouveaux foyers/ familles d’accueil se sont signalés, occasionnant de belles
rencontres.
– Les jeunes sans domicile fixe peuvent être domiciliés à la Croix Rouge.
– L’association, qui peut désormais délivrer des reçus pour des déductions fiscales, obtient de
précieux dons, qui ont permis de payer des nuits de camping et l’acheminement des actes de
naissance depuis l’Afrique.
– Et plusieurs initiatives prometteuses sont lancées par des bénévoles.
Il y a beaucoup de bienveillance, et beaucoup de bons moments.
O Mais suite aux récentes levées de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) nous abritons et soutenons plus de 75 jeunes… et c’est au dessus de nos forces.
Leurs droits à la sécurité sociale arrivent parfois vite à expiration quand les jeunes se retrouvent exclus de l’ASE, même s’ils ont des soucis de santé. Certains ont passé un an à l’hôtel avant d’être remis à la rue, à la veille de leur majorité, sans avoir pu réellement commencer un processus d’insertion. Le moindre détail est utilisé à l’encontre des jeunes pour les rejeter et l’administration fait appel des décisions de justice qui reconnaissent des jeunes mineurs, faisant prendre au jeune le risque de rater la précieuse rentrée scolaire …
O Ne pouvant palier cette politique de la précarité, l’association se voit contrainte de décider :
– de ne plus gérer la mise à l’abri des jeunes qui sont exclus à partir du mois de juillet, nos capacités en terme d’organisation et de suivi étant dépassées, et ce, jusqu’à ce que le nombre de jeunes hébergés atteigne un nombre plus facilement gérable,
– de mettre fin à la prise en charge par l’association de certains jeunes pour lesquels les recours ont été inopérants sur le plan juridique,
– d’adresser une lettre publique aux différentes autorités publiques pour informer de la situation et les inviter à réagir ; cette lettre aurait aussi la forme d’une pétition. En attendant la réponse, de suspendre certaines formes d’aides telles que le renouvellement de la carte de bus,
– d’essayer de rédiger un rapport pour exposer les faits constatés depuis la mise en place de l’association,
– de solliciter le conseil départemental pour la mise en place d’une politique sociale digne au lieu d’une politique de précarité.
O Malgré ces décisions de limiter le nombre de jeunes accueillis et accompagnés par Min’ de Rien, nous avons toujours besoin de foyers d’accueil et de renfort pour la gestion de ces troupes. Il nous manque encore des places en août, certaines maisons n’étant finalement plus disponibles.
Si vous connaissez des personnes qui laissent une maison vide pouvant recevoir 4 ou 5 jeunes pendant une ou deux semaines, proche du centre-ville, elle serait très utile.
O Nous tenons à remercier toutes les personnes qui se sont mobilisées et se mobilisent encore face à cette situation inédite. Nous recevons un véritable soutien de la part de très nombreuses personnes et associations, soutien qui nous pousse et nous soulage dans cette aventure, soutien qui nous montre que nous sommes nombreux à refuser les politiques créatrices de précarité.
Bien cordialement,
l’équipe de l’association Min de Rien,
Soutien aux jeunes étrangers isolés
bulletin n°3, juillet 2017