« Bien qu’horrifiée par les horribles attentats qui se sont déroulés cette semaine, et même si ce consensus officiel et obligatoire nous dérangeait, nous n’avions pas envie d’en rajouter. Mais trop c’est trop.
Que n’avons-nous pas entendu cet été lorsque nous manifestions pour condamner la guerre qu’Israël menait contre Gaza et réclamer justice pour la Palestine ! Nous étions responsables de l’importation du conflit en France et nous participions à la montée de l’antisémitisme.
Pourtant nous ne faisions que dénoncer les bombardements froids et systématiques d’une des plus puissantes armées du monde sur une population bouclée dans un minuscule territoire et soumise à un blocus inhumain depuis plus de 7 ans. Nous ne demandions pas une exceptionnalité pour Israël, mais le droit commun, rien que le droit commun. Car nous sommes persuadés qu’un monde qui cesserait son deux poids deux mesures dans ses relations avec Israël est un monde qui pourrait être plus efficace dans ses réponses aux crimes de guerre perpétrés ailleurs dans le monde.
Aujourd’hui, en invitant officiellement Netanyahou, qui a encore sur les mains le sang frais des enfants, des femmes et des hommes de Gaza, à venir défiler en France, et lancer ses appels à l’immigration des Français juifs en Israël, n’est-ce pas notre gouvernement qui importe le conflit en France ?
Tous les ans, les élus participent au diner annuel du CRIF qui les exhorte à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Tous les ans, des galas sont organisés en France au profit de l’Association pour le bien-être du soldat israélien.
En mai dernier, c’est la grande synagogue de Paris (celle-là même où François Hollande est allé écouter le prêche de Netanyahou dimanche soir) qui a organisé une campagne de recrutement pour l’armée israélienne.
Et puis, on se souvient des trémolos de Manuel Valls déclarant son lien éternel avec Israël « quand même ». Et encore du chant d’amour de François Hollande lors d’un dîner avec le même Netanyahou au cours de sa visite officielle en Israël en novembre 2013. Et aussi de la déclaration de solidarité de François Hollande à Netanyahou le 9 juillet dernier alors même que l’on comptait déjà plusieurs dizaines de victimes palestiniennes.
Mais qu’aujourd’hui nous soyons sommés d’être tous derrière Israël, que les Français juifs soient tous sommés d’immigrer en Israël, que la France laisse sa politique intérieure être dictée par Israël, n’est-ce pas là que réside le nœud de l’importation du conflit en France ? N’est-ce pas aussi se préparer des lendemains de pleurs et de sang ?
Plus que jamais, au deux poids deux mesures, nous devons opposer le même traitement pour tous. Car ce à quoi nous aspirons, ce n’est pas un monde sans loi. Ça, c’est précisément le monde des assassins qui ont frappé ces derniers temps. C’est au contraire un monde dans lequel le Droit, la loi, ont toute leur place, et le même Droit pour tous. Ainsi, non seulement nous ferons preuve de solidarité à l’égard du peuple palestinien et de toutes les victimes du terrorisme, mais nous mettrons en accord ces valeurs d’universalisme et d’humanisme avec une certaine cohérence politique et personnelle. »
Sylvette ROUGIER
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