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N’en déplaise à Monsieur Pascal GIRAUD qui vient d’investir dans 640 hectares de terres à ADRIERS (cf article ICI), son projet de transformer cette vaste zone de boccage et de prairies d’élevage en une exploitation céréalière débarrassée de ses bois et de ses haies centenaires, est un scandale qui mérite d’être combattu à plus d’un titre.
Monsieur GIRAUD prétend ainsi vouloir créer de la richesse. Mais pour qui et pour quoi faire ? En réalité il s’inscrit dans une logique agricole purement productiviste et se comporte comme un affairiste prédateur. Jusqu’à maintenant, pour l’essentiel, nos paysages de cette partie du Montmorillonnais, entre Poitou et Limousin, avaient échappé à la folie agro-industrielle impulsée depuis les années 1950 – 1960 par une politique économique européenne entièrement vouée au profit financier et soucieuse uniquement du court terme. Une politique rendue possible par le gaspillage d’une énergie pétrolifère bon marché, l’épandage massif de pesticides, le développement d’un machinisme agricole gigantesque, la spécialisation des productions et la concentration des exploitations qui ont vidé les campagnes de leurs forces vives.
Si notre région montmorillonnaise a été préservée de cette folie destructrice, c’est que nos terres, souvent ingrates et difficiles à travailler, ne répondaient pas jusqu’à maintenant à des critères de rentabilité suffisamment élevés pour les investisseurs, mais aussi que dans notre région, des paysans, ont eu l’intelligence et le courage de résister à la fois aux sirènes du productivisme agricole et aux pressions du remembrement souvent catastrophique entrepris dès les années 1950.
Ils ont choisi et voulu préserver des paysages bocagers dont ils savaient l’intérêt supérieur pour la fertilité de nos sols, la qualité de notre environnement et le maintien de la diversité du vivant. Malheureusement, aujourd’hui ce modèle raisonné de l’agriculture paysanne est menacé. En effet, la disparition des services publics et des commerces en milieu rural fait hésiter ou renoncer nombre de jeunes agriculteurs à s’installer, en même temps que le bétonnage de nos territoires, faisant disparaitre en France l’équivalent en terres cultivables d’un département tous les 6 ou 7 ans, livre à une nouvelle spéculation d’industriels de l’agriculture, les terres héritées de leurs parents.
Les habitants et les élus de ces communes rurales déjà frappées par la désertification ne doivent pas être laissés plus longtemps désarmés face à ce nouveau désastre annoncé. Il est heureux qu’à ADRIERS ils aient décidé de réagir et de porter devant la justice, avec plusieurs associations de défense de l’environnement, ce scandale de « la Combe ».
Mais le combat ne pourra pas être gagné sans des décisions politiques fortes pour empêcher que demain cela ne se reproduise dans les autres communes où des transmissions d’exploitations sont en cours. La Communauté de communes qui par ailleurs, avec le Conseil régional, impulse et subventionne une Charte paysagère pour le Montmorillonnais, doit aider les élus locaux à se doter rapidement d’outils juridiques, tels que des PLU (plans locaux d’urbanisme), qui protègeraient ces paysages qui restent la marque de notre territoire en même temps qu’un atout économique pour la région. C’est aussi du devoir de Madame la Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, de proposer de nouvelles lois de protection de la qualité environnementale de nos campagnes sur laquelle assoir leur développement économique.
Car ne nous y trompons pas ce ne sont pas ces nouveaux agro-industriels, lesquels n’habitent même pas les terres qu’ils prétendent cultiver intensivement chez nous, qui apporteront une renaissance économique dans nos communes rurales. L’exemple du déboisement entrepris depuis un an par Monsieur GIRAUD à ADRIERS, avec des bucherons venus de POLOGNE ou de TCHEQUIE, embauchés au rabais et sans garanties, doit aussi nous convaincre qu’il n’y a rien à attendre de ce modèle économique et social pour les salariés et les familles qui veulent vivre à la campagne et faire vivre leurs communes rurales.
L’avenir appartient plus sûrement aux exploitations à taille humaine qui pratiquent une agriculture raisonnée ou biologique et privilégient les circuits courts. En ce sens, le saccage de nos paysages à ADRIERS souligne l’urgence de changer de modèle de société, tant qu’il en est encore temps. Certains en agriculture ont déjà fait ce choix, c’est eux qu’il faut encourager et défendre.
Christian LANNEAU