En ce moment de deuil après les attentats à Paris, un autre projet de société : La solidarité entre les peuples, en pratique
C’est à cet appel lancé par le collectif 86 pour un audit citoyen de la dette publique et le collectif de soutien au peuple Grec, qu’une trentaine de personnes a répondu le mardi 10 novembre 2015, salle Timbaud de la Maison du Peuple.
L’objectif de cette soirée était double :
- Poursuivre et développer le soutien au peuple grec en passant à une solidarité concrète envers les dispensaires sociaux solidaires qui sont de plus en plus nombreux dans tout le pays
- Mais aussi, et c’est pourquoi étaient invités des représentants des personnels en lutte du Centre Hospitalier Henri Laborit de Poitiers, comprendre que ce qui se passe en Grèce et en France du point de vue de la Santé relève de la même logique : celle qui vise à faire payer aux populations les conséquences des crises économique et financière dont elles ne sont pas responsables.
- En imposant que les Etats remboursent leurs dettes aux banques et mettent pour cela en œuvre des mesures d’austérité aux conséquences dramatiques comme c’est le cas en Grèce ;
- En imposant aux Etats de l’UE que leur déficit public ne dépassepas3% du PIB, et la mise en œuvre pour cela de politiques de rigueur budgétaire, pour ne pas dire austéritaires ;
la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International, la Commission Européenne et les gouvernements qui acceptent ces règles mortifères portent la responsabilité d’un très grand recul de l’accès aux soins d’une partie toujours plus importante des populations.
Avant la projection d’un documentaire d’une petite vingtaine de minutes qui donne la parole à des bénévoles de différents dispensaires sociaux solidaires, https://solidaritefrancogrecque.wordpress.com/medias/videotheque/video-dispensaires/
il a été rappelé que :
- Si les premiers dispensaires sociaux solidaires se sont constitués pour répondre aux besoins des immigré-es, réfugié-es sans couverture sociale, avec les effets de la crise et des politiques d’austérités imposées par la TROIKA (BCE, FMI et Commission Européenne), on compte aujourd’hui une cinquantaine de dispensaires sociaux dans toute la Grèce et plus de 700 bénévoles.
- Rien qu’à Athènes, 16 structures solidaires reçoivent chacune environ 2000 patient-es par mois (deux fois plus que lors du tournage du film en 2012/2013)
- Ces chiffres sont la conséquence directe des politiques d’austérité puisque le taux de chômage dépassait en juin dernier 25% de la population active (60% chez les jeunes de moins de 25 ans !) et qu’en Grèce, les personnes perdent leur couverture sociale après deux ans de chômage.
- Les frais d’hospitalisation à la charge des patient-es ont été multipliés par 7 en septembre 2011
- L’objectif des dispensaires sociaux solidaires est à la fois d’assurer les premiers soins aux personnes qui n’ont pas ou plus les moyens de se faire soigner ailleurs, mais aussi d’organiser avec les patient-es l’offensive contre une politique assassine et pour un service public deSanté de qualité accessible à tou-tes, pour le respect des droits des patient-es dans une société libérée de la férule de l’austérité.
- Les dispensaires et pharmacies sociaux solidaires sont une réponse militante aux mesures d’austérité et à la crise sociale que subit la Grèce depuis 2009.
- Ce qui les distingue des autres structures humanitaires c’est leur engagement militant, leur prise de position contre la société de pauvreté et de misère, présentée au peuple grec par les gouvernants comme seule alternative de survie.
A l’issue de la projection du documentaire, la parole a été donnée à Marie-Thérèse Amand et Pascal Boissel qui, ayant eu l’un et l’autre l’occasion de se rendre en Grèce très récemment et de rencontrer des bénévoles des dispensaires sociaux, ont pu témoigner de ce qu’il et elle avait vu, perçu, et apporter des informations complémentaires au film.
Gérard Baillargeaux et Eric Plat militants de la CGT, sont ensuite intervenus pour nous expliquer la lutte qu’ils mènent en intersyndicale avec les personnels du Centre Hospitalier Henri Laborit. Même s’ils ont bien précisé que la situation du service public de santé en France n’est pas (encore ?) celle vécue en Grèce, leurs interventions ont permis de confirmer que la logique de rigueur budgétaire à laquelle sont soumises les structures hospitalières françaises et notamment le CHL de Poitiers, a des conséquences, certes dans une moindre mesure qu’en Grèce, désastreuses pour les patient-es comme pour les personnels,
- Réduction, déqualification et précarisation des personnels
- Perte de sens entrainant de la souffrance au travail
- Moins de patient-es pris en charge
- Et pour celles et ceux qui le sont, moins bien pris en charge notamment dans l’accompagnement…
Le débat qui a suivi s’est terminé sur la décision prise collectivement que :
- Une campagne de collecte de fonds sera engagée en janvier en direction d’un dispensaire social solidaire particulier (à définir). L’idée étant de nouer des liens avec les bénévoles qui y travaillent afin de donner une visée plus concrète à notre soutien, mais aussi de pouvoir imaginer une rencontre avec elle(s)/eux, par exemple à Poitiers.
- Celles et ceux qui se rendent à Paris pourront acheminer les médicaments que nous récolterons vers le local d’Ensemble! qui sert pour l’instant de lieu de stockage afin que les militant-es qui se rendent en Grèce les y emportent.
- Des contacts avec les autres collectifs de soutien aux dispensaires sociaux solidaires, notamment par le biais du collectif national solidarité France Grèce pour la Santé seront maintenus afin de se joindre à un futur convoi de matériel et médicaments en direction de la Grèce.
Le moment convivial qui a terminé la soirée a permis de joindre l’utile à l’agréable, puisque la participation financière du montant que chacun-e a décidé pour savourer ce qui avait été préparé a permis de recueillir plus de 350 euros.
Valérie Soumaille