Rachel Keke, dépu­tée Nupes, et la commé­mo­ra­tion des 80 ans de la rafle du Vel d’Hiv.


« C’est avec beau­coup d’émo­tion que je viens aujourd’­hui me joindre à vous dans ma ville pour la commé­mo­ra­tion des 80 ans de la rafle du Vel’ d’Hiv.
Le 16 et 17 juillet 1942 ont marqué l’hor­reur, mais aussi un bascu­le­ment dans la poli­tique de l’État français.
Sous le régime de Vichy, l’État français a colla­boré et a livré aux Nazis 13 152per­sonnes juives. Il a été encore plus loin et a devancé les demandes nazies en livrant 4 115 enfants de sa propre initia­tive alors que cela aurait pu être évité.
Ces milliers de personnes, dont des enfants et des femmes ont été parqués pendant plusieurs jours au Vélo­drome d’Hi­ver, trans­formé en prison. Elles ont ensuite été envoyées aux camps de Drancy, Beaune-la-Rolande ou Pithi­viers.
Quasi­ment tout le monde a fini par être exter­miné dans les camps de concen­tra­tion d’Au­sch­witz.
Ceci est pour moi l’un des plus grands épisodes d’hor­reur d’une histoire longue animée par une idéo­lo­gie immonde, celle de l’ex­ter­mi­na­tion de toute personne qui était juive ou qui était suppo­sée juive.
Je souhaite avec vous aujourd’­hui obser­ver une minute de silence pour leur mémoire.
La France repré­sen­tait pour­tant pour des milliers de juifs déjà persé­cu­tés en Europe une terre d’asile, de liberté, d’éga­lité et de frater­nité. Ils ont fui l’an­ti­sé­mi­tisme et la mort pour arri­ver en France. C’est d’ailleurs ce que répètent les survi­vants. »
Malheu­reu­se­ment l’État français, sa police et son admi­nis­tra­tion en ont décidé autre­ment. Ils ont ainsi commis l’hor­reur abso­lue et unique dans l’his­toire de notre pays : livrer ces milliers d’en­fants à la mort.
Le régime de Vichy a promu une poli­tique anti­sé­mite bien à lui avant de mettre une partie de l’ap­pa­reil d’État notam­ment la police et la gendar­me­rie au service de la machine d’ex­ter­mi­na­tion nazie et de la Shoah.
Contrai­re­ment à ce qu’af­firme les nostal­giques de Pétain, le régime de Vichy n’a pas sauvé les juifs français, mais les a envoyés à la mort. De plus le débat autour des juifs français et des juifs étran­gers est une honteuse réécri­ture de l’his­toire, profon­dé­ment anti­sé­mite.
Aujourd’­hui encore, le racisme et l’an­ti­sé­mi­tisme existent toujours. Ces actes se multi­plient et les chiffres en hausse doivent nous aler­ter : le combat contre l’an­ti­sé­mi­tisme est donc toujours d’ac­tua­lité !

Je rends ici hommage aussi à Ilan Halimi, aux enfants de l’école juive Ozar Hato­rah de Toulouse, à Sarah Halimi, Mireille Knoll et bien d’autres. Paix à leur âme. On ne les oublie pas.
Je tiens aussi, par ce discours, à dénon­cer tous les racismes qui existent dans notre société et de sensi­bi­li­ser à la lutte pour la justice sociale et contre la haine.
La lutte, la connais­sance de l’autre et l’échange ouvrent les esprits et ferment les portes de la haine.
C’est grâce à la lutte que j’ai moi-même menée avec mes collègues que j’ai pu faire des rencontres extra­or­di­naires qui non seule­ment ont changé ma percep­tion des gens
et des choses, mais m’ont aussi ouvert des portes, jusque-là fermées.

Nous assis­tons depuis quelques années à une montée de l’ex­trême-droite et de bana­li­sa­tion de leurs idées, du complo­tisme et du confu­sion­nisme, notam­ment sur les
réseaux sociaux.
Il faut rester vigi­lant et signa­ler ces conte­nus dange­reux. Ces idéo­lo­gies exploitent la misère des pauvres pour les montre les uns contre les autres, les divi­ser et dési­gner des boucs émis­saires. Ne tombons pas dans la haine.
Pour finir, je tiens à rendre hommage aux mili­tants de la résis­tance juive, à ceux de la résis­tance immi­grée, aux inter­na­tio­na­listes, et aussi aux justes, à ces personnes
connues ou incon­nues, qui n’étaient animées que par la force du bien et ont ainsi sauvé des vies.

Merci, vous êtes notre espoir pour un monde meilleur.

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