INCENDIES : La posi­tion des Services publics CGT

Le Collec­tif  natio­nal SDIS (Service dépar­te­men­tal d’in­cen­die et de secours) publient un commu­niqué sur les incen­dies en Gironde. Le SDIS est un service chargé de l’ana­lyse des risques et de la mise en place des secours. Il orga­nise l’ac­ti­vité des sapeurs-pompiers du dépar­te­ment.

Nous le relayons car il donne d’autres expli­ca­tions et raisons à l’am­pleur de cette catas­trophe autre que l’en­fu­mage et la brosse à reluire passé par le gouver­ne­ment et Macron sur « les héros abso­lus ».

Ce commu­niqué est publié sur le site SYNDICOLLECTIF

https://syndi­col­lec­tif.fr/incen­dies-les-services-publics-cgt-prennent-posi­tion/

Montreuil, le 22 juillet 2022

Face aux incen­dies et catas­trophes natu­relles, l’ur­gence c’est le déve­lop­pe­ment et le renfor­ce­ment du service public de la Protec­tion civile

Macron en Gironde : réac­tion ne vaut pas préven­tion
L’alerte a pour­tant été donnée, à plusieurs reprises et depuis des années. Pour­tant, l’ag­gra­va­tion des situa­tions de séche­resse, le chan­ge­ment de nature des feux, les catas­trophes de grande ampleur comme celle de la vallée de la Roya n’ont pas entraîné de mesures suscep­tibles de répondre à ces nouveaux défis. Comme toujours, à chaque catas­trophe d’am­pleur, les réac­tions offi­cielles vont en direc­tion des profes­sion­nels, des fonc­tion­naires, dont l’in­ves­tis­se­ment n’est pas à démon­trer. Nos collègues hospi­ta­liers ont été féli­ci­tés par le chef de l’Etat pendant la pandé­mie de Covid-19, mais les urgences, les hôpi­taux publics sont main­te­nus dans un état de déla­bre­ment inouï. Macron féli­cite les « premiers de corvées », quali­fie les pompiers de « héros abso­lus » et pour­suit sa poli- tique d’as­sè­che­ment des services publics, de mise en concur­rence, de dégra­da­tion des statuts et condi­tions de travail des person­nels…

Les « héros abso­lus » confron­tés au « zéro absolu » de l’an­ti­ci­pa­tion !

Avoir les pompiers au cœur au moment des drames ou de la Sainte-Barbe, relève de l’hy­po­cri­sie. Les sapeurs-pompiers profes­sion­nels sont en colère à force de voir dans les médias des diri­geants décou­vrir l’état de déla­bre­ment de la sécu­rité civile, alors que les mêmes parti­cipent acti­ve­ment à l’ubé­ri­sa­tion des services d’in­cen­die et de secours. La sécu­rité et la protec­tion civile, cela doit se penser, s’an­ti­ci­per et s’éta­blir au quoti­dien.

Depuis des années, La CGT n’a de cesse de dénon­cer et d’aler­ter sur les manques de moyens humains et maté­riels pour faire face aux risques quoti­diens. La situa­tion chao­tique actuelle est le résul­tat de dizaines d’an­nées de désen­ga­ge­ment de l’Etat, de suppres­sion des dota­tions, de déni­gre­ment du service public de la protec­tion civile ! Trop cher et pas assez rentable sans doute !

Pour­tant, le gouver­ne­ment est capable d’an­ti­ci­per sur certains sujets : la Gendar­me­rie natio­nale vient de rece­voir 90 véhi­cules blin­dés ultra modernes et suréqui­pés…

Macron vient d’an­non­cer que la flotte aérienne char­gée de lutter contre les incen­dies avait été jusqu’à présent suffi­sante. Non, cela fait des années qu’elle est insuf­fi­sante, vieillis­sante, dégra­dée : il n’y a pas assez d’ap­pa­reils en état de voler immé­dia­te­ment, pas assez de pilotes pour assu­rer les rota­tions, pas assez de cana­dairs. L’alerte a été donnée depuis plusieurs années. On le sait, les cana­dairs, de par leur préci­sion, sont les plus adap­tés à la lutte contre les incen­dies dans les forêts françaises. Ce n’est pas à la fin de la prési­dence française de l’Union Euro­péenne qu’il fallait propo­ser des commandes et un plan de construc­tion d’ap­pa­reils mais au début. Les avions livrés récem­ment ont été comman­dés en 2017 ! Au-delà des mots, l’Etat doit s’en­ga­ger ferme­ment à comman­der de nouveaux cana­dairs et bombar­diers d’eau pour doubler la flotte et en dispo­ser au plus tôt, en prenant les me- sures pour recru­ter et payer les pilotes et méca­ni­ciens néces­saires à leur fonc­tion­ne­ment. Le président Macron a indiqué que l’on devrait pouvoir les produire nous-mêmes… A quand le déve­lop­pe­ment d’un outil indus­triel natio­nal pour produire les moyens de la protec­tion et de la sécu­rité civile ?

Depuis des années, le moyens de préven­tions sont dimi­nués : L’Of­fice natio­nal des forêts est consi­dé­rable- ment mis à mal, les emplois de fores­tiers-sapeurs sont mena­cés, les règles de débrous­saillage et d’en­tre­tien sont trop peu respec­tées parce que les agents publics char­gés du contrôle sont en sous-effec­tif.

Les réponses cura­tives sont consi­dé­ra­ble­ment dégra­dées : en plus des avions cloués au sol, on constate la suppres­sion de 1000 Camions Citernes de lutte contre les feux de Forêts (CCF) depuis 2006. L’en­tre­tien de ces camions coûte cher, ils ne sont utili­sés que pour des inter­ven­tions ponc­tuelles. Les camions sont soumis aux taxes sur les véhi­cules pollueurs et les SDIS ne perçoivent aucune compen­sa­tion pour faire face à cette augmen- tation des dépenses. Les SDIS font donc des choix, préfèrent dimi­nuer le nombre de CCF et miser sur la mutua- lisa­tion. Ces derniers jours des colonnes de camions, venues de toute la France sont arri­vées en Gironde, après des heures inter­mi­nables passées sur l’au­to­route. Les pompiers qui arrivent sur le terrain sont déjà fati­gués !

Il y a peu, l’objec­tif était de trou­ver 500 000 volon­taires ! Aujourd’­hui 250 000 ! L’am­bi­tion est en baisse, car le réalisme est en hausse ? Ces besoins iden­ti­fiés ne sont donc pas comblés ? Les pompiers volon­taires sont né- cessaires et permettent l’en­voi de renforts et inter­ve­nir en cas de catas­trophe natu­relle, mais ceux-ci doivent être déta­chés par leur employeur. Mais le système se grippe : les SDIS préfèrent recru­ter des pompiers volon­taires, qui ne sont indem­ni­sés que pour leurs inter­ven­tions, contrai­re­ment aux Sapeurs-pompiers profes­sion­nels qui sont perma­nents mais, en raison des calculs comp­tables de leurs employeurs, en sous-effec­tif.

Il y a donc les promesses, les féli­ci­ta­tions… et les annonces manquées du président Macron. Mais les « héros abso­lus » exigent autre chose que les féli­ci­ta­tions prési­den­tielles !

Pour la CGT, dans l’im­mé­diat (c’est-à-dire prendre les déci­sions tout de suite, main­te­nant), il convient : l de mettre à dispo­si­tion immé­dia­te­ment des moyens de l’Etat (y compris mili­taires) pour ache­mi­ner les engins et les pompiers en renfort (ferrou­tage, pont aérien), préser­vant ainsi les véhi­cules de longs trajets (ils ne sont pas prévus pour faire de la route) et surtout le person­nel qui aujourd’­hui arrive déjà fati­gué sur les sites !

  • que l’Etat achète des CCF et les répar­tisse dans les SIS, qui auront à leur charge la main­te­nance et recru­te­ment statu­taire du person­nel pour l’as­su­rer.
  • d’aug­men­ter les fonds alloués aux Conseils dépar­te­men­taux pour les services d’in­cen­die et de secours.
  • de renfor­cer les effec­tifs des fores­tiers-sapeurs avec des salaires, des forma­tions, des carrières attrac­tifs, à même d’at­ti­rer massi­ve­ment des jeunes qui souhaitent s’en­ga­ger dans la protec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment.
  • Les moyens doivent être donnés sans attendre pour que les SDIS recrutent par concours et forment massive- ment les milliers de pompiers profes­sion­nels, commandent les centaines de véhi­cules néces­saires pour répondre aux enjeux de la période.
  • Pour cela, comme dans l’en­semble de la Fonc­tion publique, l’ur­gence c’est de créer les condi­tions d’une réelle attrac­ti­vité du métier de sapeur-pompier. L’ur­gence, c’est l’aug­men­ta­tion signi­fi­ca­tive du point d’in­dice, à hauteur de 10% immé­dia­te­ment, la refonte des grilles de la filière des Sapeurs-pompiers profes­sion­nels, la recon­nais- sance des risques toxiques et des mala­dies profes­sion­nelles qui leurs sont liées, la garan­tie d’un reclas­se­ment en cours de carrière pour ceux qui en ont besoin. Sans oublier la néces­saire reva­lo­ri­sa­tion des person­nels admi- nistra­tifs et tech­niques des SDIS, sans lesquels les « héros abso­lus » ne pour­raient pas inter­ve­nir.

On est au-delà de l’ur­gence !

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