Nous avons subi une déception sérieuse lors des régionales. A cette déception s’ajoute la nécessité de couvrir les frais de campagne, donc perte financière qui aura des conséquences sur nos capacités futures d’intervention. Les résultats, dans leur ensemble, révèlent une poussée des valeurs de droite, réactionnaires ; l’extrême-droite, même sans programme régional, fait un nouveau bond en avant, déterminée à prendre le pouvoir pour mettre en œuvre sa politique xénophobe, anti sociale et anti démocratique.
Au niveau de la nouvelle grande région, Il nous faut tenter de comprendre pourquoi et aussi comment notre FdG a pu passer des 7,5% dont le créditaient les sondages (marge:1,5% d’erreur) à moins de 5%, avec une perte de 1.5% sur notre score des Européennes 2014.
Il nous faut, au même niveau, constater que, même si EELV est resté au-dessus de la barre des 5%, leur effondrement électoral est très marqué : plus de 4 points perdus.
Dans le même temps, le PS qui était donné au coude à coude avec la droite, c’est-à-dire autour de 27–28%, se retrouve à 30% soit 3 points au-dessus de la prévision sondagière.
Quant au FN, avec 23% des voix, il triple son score des régionales 2010 et améliore de plus d’un point son score aux européennes 2014. Certes, au 2ème tour, avec une participation en hausse, il perd 2 points en pourcentage mais améliore son nombre de voix.
La droite aussi améliore son score très sensiblement au second tour.
En conséquence de ce qui précède, il y a, au 1er tour, des abstentionnistes des droites. On ne peut donc pas raisonner comme si l’abstention ne pénalisait que la gauche, et en particulier la gauche non gouvernementale.
Cette première salve de résultats conduit au moins à supposer que nous aurions dû être plus explicatifs sur le mode de scrutin afin de nous prémunir davantage contre les appels au vote utile dès le 1er tour, dont le PS ne s’est pas privé.
Pour rester au strict niveau départemental, notons que, pour les régionales 2015, le total FdG+EELV est égal à 11,99%, soit quasi identique aux 12% d’Inventons lors des départementales récentes, malgré la dissidence des verts du nord, dissidence maintenue aux régionales par le départ de Massonneau avec les pro-PS de Placé.
Peut-être que, lors de l’analyse des résultats électoraux des départementales, nos explications sur le faible engagement des verts dans la campagne ont masqué le début de notre propre régression électorale (par rapport au score des européennes).
Au niveau de cette nouvelle grande région, il est évident qu’une offensive unitaire de notre Front de Gauche, déterminée et opiniâtre, en direction des forces non gouvernementales, aurait donné un autre profil et une crédibilité renforcée à notre volonté de construire l’alternative contre l’austérité.
A posteriori, il se confirme que seule, l’alliance avec EELV aurait permis d’atteindre les 10% nécessaires pour asseoir notre totale indépendance à l’égard des forces pro gouvernementales.
Au cours de la campagne, nous avons été pénalisés par la suspension consécutive aux attentats du 13 novembre 2015. A l’émotion légitime et largement partagée par toute la population, s’est surajouté un déferlement sécuritaire nourri par la surenchère politique entre gouvernement, droite et extrême-droite. Nous avons d’autant plus subi que les élu-es nationaux FdG n’ont pas été porteurs d’une opposition alternative, au moins par leurs votes, aux orientations guerrières, liberticides et un tantinet nationalistes du gouvernement, de la droite et l’extrême-droite.
Être à contre-courant de l’opinion n’est pas simple. C’est pourtant nécessaire pour incarner jusqu’au bout l’alternative sociale, économique et politique dont nous sommes porteurs.
En deçà de cet évènement, face à l’imposition du cadre des grandes régions que nous avons justement caractérisé comme un recul démocratique, nous n’avons pas abordé de front la contradiction entre cette dénonciation et les éléments de notre programme, comme si le seul fait de voter pour nous suffisait à contourner le cadre institutionnel, réglementaire, économico-politique de ce nouveau territoire conçu pour accentuer l’intégration au libéralisme économique européen.
De plus, pour n’avoir pas ou très peu mis en avant nos 3 porte- parole comme signe et volonté unitaires du FdG, le périmètre de notre candidature est resté ambigu. Cette ambiguïté, reprise et déclinée à l’envi par les médias, a trouvé d’autant plus d’écho que, d’un département à l’autre, notre campagne connaissait des différenciations notables.
Notre accord pour une fusion démocratique au 2nd tour n’a pas toujours été bien compris y compris par certain-es de nos militant-es.
La campagne unitaire de la Vienne (assez exemplaire) ne pouvait pas, à elle seule, masquer les couacs régionaux.
Précisons que l’élargissement du territoire régional a mis en évidence, au sein de chaque composante du FdG, une hétérogénéité de comportements qui affaiblissait l’impact de notre campagne politique en rendant flou et peu lisible notre positionnement de second tour donc aussi notre attitude par rapport à l’éventuelle majorité socialiste.
Des événements internationaux, comme la politique de Syriza au gouvernement en Grèce ou le succès de Podemos en Espagne, ont pu aussi montrer l’équivoque de notre positionnement politique.
Ceci nous impose de questionner ce que signifie, pour nous, le fait de vouloir incarner une alternative crédible aux politiques libérales et austéritaires, en construisant des formes politiques inventives. Le débat sur des primaires à gauche qui vient de s’ouvrir ne peut répondre à lui seul à ces perspectives ; nous devons chercher à impliquer le plus de monde possible, au-delà de nos organisations politiques et du Front de gauche, à l’élaboration d’un projet commun pour répondre aux urgences sociales, écologiques et démocratiques.