Paris, le 6 juin 2014.
Chère Emmanuelle Cosse, cher-es camarades d’Europe Ecologie.
Nous tenons à vous remercier pour votre courrier. Nous partageons votre inquiétude concernant la situation révélée et aggravée par le résultat des élections européennes. Le gouvernement élu par le peuple de gauche mène une politique de droite et le FN prospère sur le dégoût que provoquent des alternances sans contenu autre que la régression sociale, les promesses trahies et l’absence de perspective politique.
La responsabilité de toutes les forces politiques de gauche qui se démarquent des choix libéraux du gouvernement est de relever le défi de l’alternative, d’entamer la discussion pour bâtir un projet radicalement nouveau et émancipateur, qui redonne sens à la politique et espoir pour le plus grand nombre, qui permette de construire une majorité alternative à gauche.
Vous évoquez l’emploi, question majeure. Oui, la transition écologique est un élément clé de la lutte contre le chômage en même temps qu’une réponse au défi climatique et à celui de nouveaux choix énergétiques. Sur cet enjeu comme sur d’autres, il faut de l’audace. En matière d’emploi, nous souhaitons aussi débattre des initiatives à prendre pour permettre aux salarié.e.s et à la collectivité de reprendre aux actionnaires la maîtrise des choix économiques. Pour de nombreuses entreprises, nous devrions définir ensemble les moyens de soutenir, comme chez Fralib, la prise de contrôle de l’outil de travail. A gauche, redonner du tranchant à la valeur d’égalité est une nécessité vitale.
Vous évoquez la démocratie, mise à mal. La Ve République est à bout de souffle, la crise politique est patente et la crise de régime n’est pas loin. La défiance à l’égard des institutions, des grands médias, des partis politiques est telle que seule une nouvelle République, issue d’un processus constituant, peut régénérer notre système démocratique. Nous partageons nombre de vos propositions, que nous intégrons pour notre part dans un projet de démocratie active reposant à la fois sur une refondation globale des institutions, sur des transformations dans la propriété et le pouvoir (grandes entreprises, banques, assurances, services publics) et sur de nouveaux droits pour les citoyen-nes et salarié-es.
Votre lettre est également adressée au Modem et à CAP 21. Il nous semble impossible de construire une réponse aux défis contemporains avec une partie de la droite. Nous sommes favorables à une rencontre sans ces éléments de la droite comme à des discussions bilatérales. Nous privilégions en effet, la convergence des forces de gauche et écologistes pouvant porter ensemble l’opposition aux politiques d’austérité et un projet d’émancipation. Nous défendons cette démarche au sein du Front de Gauche, et souhaitons que d’autres forces en soient partie prenante.
Nous pensons que cela peut se traduire rapidement par des initiatives communes sur des questions immédiates, que ce soit la campagne engagée contre le Traité Transatlantique ou dans les débats budgétaires de juin et juillet. Il est essentiel que se rassemblent et se fassent entendre lors de l’examen du budget rectificatif, tous ceux qui à gauche s’opposent à la logique d’austérité défendue par Manuel Valls.
C’est pourquoi nous répondons favorablement à votre proposition de rencontre. Nous souhaitons qu’elle soit l’occasion de poser les premiers jalons d’un processus durable de débat, d’élaboration, et d’action.
L’Equipe d’Animation Nationale d’Ensemble !
La lettre d’EE-LV ne porte de caractérisation du PS, ne fait pas le bilan d’EE-LV au gouvernement, c’est donc un appel politiquement faible.
Elle fait référence au « rêve européen »; je crois que peu de militants d’Ensemble ont rêvé avec Cohn-Bendit qui a su incarner avec talent le rêve d’une Europe, super Etat, à construire avec toutes les forces majoritaires du parlement européen. Le rêve des uns est le cauchemar des autres.
Il est bien qu’y soit souligné qu’il ne s’agit pas de faire une nouvelle « gauche plurielle ». Pour nous, cela va sans dire. Mais comme Cambadélis, chef du Ps voulu par Hollande, va proposer des colloques et rencontres diverses pour faire campagne commune de toute la gauche aux prochaines présidentielles, avec l’argument que sinon c’est un second tour sans la gauche qu risque d’arriver, l’enjeu est de taille. Nous estimons que c’est un gouvernement sans la gauche qui gouverne (et la gauche du PS le dit) ; il s’agit d’affirmer une autre gauche, non politicienne et militante et enfin rajeunie, dès à p^ésent.
Ceci dit, il est bien de discuter, et aussi d’ouvrir le Front de gauche enfin.