Bonjour,
En préambule, Monsieur le Président, j’aimerais vous dire tout le plaisir que j’ai eu à fonctionner pendant ces huit années avec les élus des 13 communes et les services du conseil communautaire de Grand Poitiers.
Je remercie sincèrement les services Économiques et du Développement Urbain de m’avoir accompagné dans mes démarches et projet communautaires et communaux.
Les interventions politiques portées principalement par les groupes d’opposition de Poitiers ont indéniablement enrichi les débats de manière contradictoire et constructive. Je les en remercie : les républicains pour avoir apportés leur vision et bien sûr le groupe Osons Poitiers avec qui je partage les orientations politiques.
Dézélu je suis, aujourd‘hui par la loi…
Hallucinant, au sein du pays qui sert la morale politique et les leçons de démocratie à la terre entière. Un gouvernement de gauche dézélit ses propres représentants de la démocratie.
En mars 2009, Edouard Baladur est chargé par Nicolas Sarkosy de présider un comité d’experts qui doit réfléchir à la « simplification des structures des collectivités territoriales ». Dans son rapport il proposait notamment de réduire le nombre de régions de 22 à 15, de créer 11 métropoles dont un Grand Paris intégrant les départements limitrophes de la capitale, d’attribuer la compétence générale à l’échelon communal seul, de supprimer les cantons.
Au final on est où :
10 métropoles, conçues comme des pôles de compétitivité pour s’insérer dans la compétition économique européenne et mondiale au détriment du reste.
Des supers Régions (13) qui seront pourvues de nouvelles compétences, ces nouvelles collectivités seront les seules par exemple à pouvoir intervenir sur l’emploi et la formation.
Les départements et les communes seront dévitalisés au profit d’intercommunalités technocratiques dont les contours sont tous aussi incohérents les uns que les autres dans ce qui nous ai proposé aujourd’hui par l’état.
A cela s’ajoute un passage en force rendu possible par la loi, puisque que les préfets ont pu / auraient pu passer outre l’avis des élus. Aucune consultation : le peuple, les élus sont dessaisis de la question.
« Plus le pays est pris en charge par ses citoyens, plus c’est bon pour la démocratie. Il faut arrêter de toujours trouver la solution la moins démocratique. Car ce qui est proposé par la réforme territoriale a déjà existé. En effet, la France sans département, avec des régions et des sénéchaussées, çà s’appelle le Moyen Age ». Le duc d’Aquitaine se courrouce déjà avec la comtesse de Poitou-Charentes.
« Le changement c’est maintenant », n’est que brutalité envers celles et ceux qui espéraient tant (j’en faisais partie), n’est que déni de démocratie envers les élus malmenés et ignorés dans leur fonction.
A force de pragmatisme, de « responsabilité », le pouvoir élu en 2012 a tourné le dos aux principes historiques du mouvement qu’il représentait.
Il y 1 an environ, nous avons été appelés à voter dans le cadre des élections des Nouvelles Régions, une fois encore, chacun a fait mine de redouter un taux d’abstention sans doute record et encore plus élevé que la fois précédente, à quoi s’est ajouté une expression désespérée et de colère de la part de nos concitoyens. Puisque 50 % des inscrits se sont abstenus au premiers tour, 42 % au second avec près de 3 % de votes blanc et nul. Un score historiquement haut pour le front national 13,29 % devant l’union de la droite 12,77 et l’union de la gauche 11,08. Déroute totale, le PS appelant à voter pour les républicains dans 3 Régions. Bilan des courses : le front national est le parti qui a le plus d’élus dans les conseils régionaux.
Comment voulez-vous qu’il en fût autrement ?
D’Hendaye à Poitiers, de Perpignan à Cahors, de Moulin à Grenoble, la concentration du pouvoir économique et réglementaire va désormais s’opérer au niveau des régions et des métropoles. Les cadres démocratiques que sont les communes et les départements vont s’effacer devant des structures technocratiques éloignées de la souveraineté populaire et ainsi imposer aux citoyens des politiques qu’ils rejetteraient s’ils le pouvaient encore.
Des communes broyées…
Les communes sont les premières visées. La saignée de la part communale de la Dotation Générale de Fonctionnement (DGF) depuis 2013 est sans équivalent, c’est du jamais vu, elle atteindra 16 à 17 milliard en 2017. Les parlementaires PS se sont empressés d’entériner cette politique en votant contre leurs propres élu-e-s mais surtout contre l’intérêt du pays.
Dès lors, sous l’impulsion du président de l’AMF (Association des Maires de France) Francois Baroin, on se regroupe coûte que coûte, de manière artificielle ou imposée en espérant qu’ainsi les dotations attribuées aux bons élèves seront sanctuarisées. On manifeste comme le 19 septembre 2015 à l’appel de l’AMF. Ne nous y trompons pas, ces mêmes qui se plaignent de la baisse des dotations aux collectivités seront les premiers à prôner l’orthodoxie budgétaire comme ils l’ont fait dans notre département il n y a pas si longtemps.
Vient s’ajouter à ce tour de vis financier de l’état celui inhérent aux transferts de compétences obligatoires des communes vers la communauté urbaine comme la voirie par exemple. Je ne suis pas en désaccord avec le fait que la voirie devienne une compétence communautaire.. mais, le mécanisme de transfert déchoit la commune de sa souveraineté.
Schéma départemental de coopération intercommunale de la vienne.
En quoi cette réforme va-t-elle répondre aux préoccupations des français à savoir : le chômage, l’éducation, les retraites… ?
La Préfète de Région dans son courrier qu’elle nous a été adressé le 15 octobre 2015 : « J’ai présenté lors de la Commission Départementale de Coopération Intercommunale un projet de Schéma…., fruit d’une réflexion menée avec les élus du territoire, …. ».
Non Madame, vous ne pouviez pas écrire cela. La Réflexion n’a pas eu lieu. Le passage de Communauté de commune de Grand Poitiers de 13 communes à une communauté urbaine de 40 communes n’est, ni le fruit d’une réflexion commune, ni le résultat du travail des élus concernés. Il est le modèle a-démocratique de ce gouvernement qui privilégie les macro-territoires qui isolent les élu-e-s des citoyen-ne-s pour mieux laisser les édiles décider à leur place et à leur guise.
Nous avons été élu-e-s démocratiquement aux élections municipales et communautaires de 2014 par les inscrit-e-s sur les listes électorales. La loi NOTRE ne fait pas que redessiner la carte de France, elle entre de plein dans la société post-démocratique en dézélisant certain-e-s d’entre nous ???
D’autres solutions auraient pu être envisagée, créer les communautés urbaines, préparer leur mise en place jusqu’en 2020 (fin de la mandature) et procéder à de nouvelles élections.
L’histoire n’est pas écrite jusqu‘au bout. Les élections régionales et le désaveu actuel de la classe politique auraient du interpeller l’oligarchie qui s’enferme dans l’ordolibéralisme. Plus sûrement, la question démocratique et celle de la reconquête par le peuple seront des enjeux centraux du moment de cristallisation de l’élection présidentielle. Nous y sommes.
Merci
Philippe Giraud : Adjoint au Maire de Migné-Auxances
Conseiller Communautaire de Grand Poitiers