La COP 21 peut accoucher d’une souris mais elle peut également amener, sous l’impulsion de groupes de lobby, à légitimer la mise en œuvre de grands projets inutiles, destructeurs pour notre environnement. Paranoïa ? Que celui qui n’a pas préféré acheter un véhicule diesel plutôt qu’essence, sous prétexte que le premier était censé libérer moins de C02 que le second, nous jette la première pierre. Peut-être devrait-il la jeter à Volkswagen et à ses petits camarades, ou à notre naïveté commune de citoyens mal-éclairés…
Paranoïa, donc. Nos six années de combat contre le barreau LGV Poitiers-Limoges ont largement aiguisé ce sentiment chez nombre d’entre nous. Ce barreau n’a-t-il pas été, en 2007, inscrit au programme d’un grand plan de transition écolo-friendly, économico-compatible d’envergure, intitulé le « Grenelle de l’environnement » ? Si les arguments avancés par les « supporters » du projet ont été systémiquement invalidés depuis dans trois rapports successifs (élaborés respectivement par une commission parlementaire, la Commission mobilité 21, par la Haute Autorité Environnementale et par la Cours des Comptes), qu’ils concernent les notions de développement économique, d’occupation du territoire ou de rentabilité, un argument à lui seul pouvait justifier l’inscription de ce projet au grenelle de l’environnement : la fameuse réduction de l’ « impact carbone ». En effet, ce barreau était censé permettre un report significatif des transports routiers et aériens entre les deux capitales régionales (on imagine, après trois minutes de réflexion, le flux aérien particulièrement intense entre Poitiers et Limoges et l’efficacité du transport de marchandise par le TGV) et, en conséquence, contribuer à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre (essentiellement du CO2). Comment s’opposer à un tel argument, forcément largement soutenu par des données objectives et chiffrées ?
Voyons ce qu’en a finalement conclu la haute autorité environnementale, dans son avis délibéré sur le projet en Mars 2013 : « Au total (reboisements compris), le bilan des émissions de gaz à effet de serre est nettement négatif les premières années en raison de la réalisation des travaux, il s’annule en 2053 (soit 37 ans après sa mise en service, initialement prévue en 2016 !, NDLA) et devient ensuite positif. » « L’Autorité Environnementale constate, comme sur la plupart des grands projets d’infrastructure de transport qu’elle a eu l’occasion d’examiner depuis sa création, que ce projet ne contribue par lui-même en rien à la réalisation de l’objectif dit du « facteur 4 », consistant à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre de la France, tous secteurs confondus, entre 1990 et 2050. »
Tout est dit… Une « neutralité » carbone obtenue après 37 années d’exploitation, grâce à un train largement mu par de l’énergie… nucléaire (ne l’oublions pas !).
Parions donc qu’aux côté d’une promotion de la filière « atomique », que l’on va nous (re)vendre comme faiblement émettrice de CO2, en omettant méthodiquement les impacts environnementaux liés au traitement des déchets et la dangerosité de la filière, nous trouverons inscrits, dans la liste des recommandations émises à la suite de la COP21, de beaux projets d’infrastructures comme notre LGV Poitiers-Limoges. EDF et la SNCF ne sont-ils d’ailleurs pas sponsors officiels de cet événement (http://www.cop21.gouv.fr/partenaires/entreprises-et-mecenes/) ? Voilà qui tomberait à pic pour relancer la croissance… verte !
Paranoïa, quand tu nous tiens…
Source de cet article : http://non-lgv-poitiers-limoges.fr/wp/2015/11/27/une-cop-21-pour-repeindre-le-changement-climatique-en-vert/