À la fête du Front de gauche, à l’Isle Jourdain, le dimanche 3 août 2016
« Je me sentais en marge du Larzac et j’avais fortement envie de faire le lien, alors je me suis lancée : Je suis ici un peu par hasard : je devais participer au réveil du mouvement anti-nucléaire au Larzac mais j’ai été empêchée. Maintenant je ne regrette pas d’être parmi vous mais j’avoue être partagée entre satisfaction et insatisfaction.
Parmi les satisfactions, il y a la convergence de nos constats face à la situation planétaire (même si vous rechignez encore parfois à en admettre l’ampleur écologique), convergence aussi pour pointer la responsabilité du capitalisme.
Je me réjouis de l’accueil que vous faites aux Nuits Debout : vous ne les rejetez pas et plusieurs d’entre vous y participent. Par contre, j’ai l’impression que vous ne tirez pas toutes les conséquences de cette démarche originale. Et c’est ce que j’éprouve le besoin de vous dire.
J’entends évoquer des dégâts planétaires et votre conclusion tombe : il ne faut pas perdre les prochaines élections… Retard au moins d’une guerre !
Le peuple n’a pas besoin des meilleurs décideurs, il a besoin d’accéder au pouvoir de décider.
Quand Mitterrand a été élu, il a dit : « C’est le peuple qui entre à l’Élysée »… mon oeil !
Les sentiers battus de la délégation de pouvoir ne mènent qu’aux blocages actuels !
Face aux grandes occasions de résistance, la voie libertaire est la plus adaptée. C’est elle qui inspire les luttes contre les Projets Inutiles Imposés, les barrages, les incinérateurs, Notre Dame des Landes, c’est elle qui réveille la lutte antinucléaire enlisée dans le ronron bureaucratique…
Comment ça marche ? Comme dans toutes les révolutions, les gens concernés par une situation inacceptable et sans issue se réunissent. Les AG populaires, on sait faire depuis que les humains vivent en société. Pas besoin de délégation de pouvoir. Par contre il faut des coordinations comme entre les résistants aux GPII (Grands Projets Inutiles Imposés).
Quand il est nécessaire d’obtenir une décision centrale, ex, le retrait d’un barrage, de la loi travail, l’arrêt du nucléaire, nous devons faire front commun. Mais une fois que le verrou central a sauté, les assemblées populaires locales retrouvent, sur leurs bassins de gestion, toute leur autonomie solidaire.
Là, sur ce second niveau, plus positif, toutes les données sont mises à plat comme aux nuits debout où on n’hésite pas à poser les questions de fond : Ne mettons-nous pas la charrue avant les boeufs en sacralisant le travail avant de répertorier les ressources et définir entre nous les besoins ? Faut-il accepter un travail même nocif pour avoir droit à accéder à un minimum de ressources ? Au contact de la réalité, des solutions concrètes, plus économes et plus solidaires sont inventées.
Je conclus en vous remerciant de votre attention et en vous invitant à ouvrir grandes les ailes de l’imagination pour trouver ici et maintenant les bonnes solutions pour la planète et pour chacun.
Francesca »