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COMMUNIQUE DU RAAR AVANT LE DEUXIEME TOUR DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE
Le deuxième tour de l’élection présidentielle oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen.
Dans cette situation, le RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) appelle à la mobilisation.
La candidate du RN diffuse depuis des années ses thèmes de discrimination et d’exclusion qui représentent tout ce que nous combattons quotidiennement. L’extrême droite d’aujourd’hui se situe dans la continuité de ses instigateurs et fondateurs, collaborateurs zélés des nazis qui ont exterminé Juifs et Tsiganes et déporté les homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale. Ces fondateurs continuent d’inspirer ceux qui aujourd’hui veulent expulser les migrant.es et réprimer les immigré.es.
La victoire de Le Pen constituerait une catastrophe pour celles et ceux que nous défendons contre l’antisémitisme et tous les racismes.
C’EST POURQUOI AU RAAR NOUS AVONS DÉCIDÉ DE VOTER CONTRE MARINE LE PEN LE 24 AVRIL ET NOUS INVITONS TOUS/TES LES ANTIRACISTES À FAIRE DE MÊME. EN UTILISANT LE BULLETIN QUI LE PERMET.
Et, ci-dessous, le lien sur une vidéo d’hommage aux combattant.es du Ghetto de Varsovie. La révolte débutait le 19 avril 1943.
http://drive.google.com/file/d/1MnWY0pyvPZn9jG14O69O5IsnGI0JqGhx/view?usp=sharing
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L’Auberge des Migrants – La brutalité de Calais à l’échelle de la France?
View this email in your browser La brutalité de Calais à l’échelle de la France? Nous nous adressons à vous depuis Calais, un angle mort de la France, une enclave, une zone d’expérimentation pour un pouvoir autoritaire donnant un avant-goût de ce que pourrait être le pays si Marine le Pen était élue présidente. Cela fait des années que l’on s’efforce de dénoncer les agissements brutaux des gouvernements successifs (et notamment du gouvernement Macron) envers celles et ceux qui survivent dans les campements à la frontière franco-britannique. Mais il nous faut admettre qu’aujourd’hui c’est un péril nouveau qui s’approche et qui menace au premier chef les personnes exilées, les personnes de confession musulmane, racisées, précaires, LGBTQIA+, le climat, etc… À quoi ressemblerait ce futur peu enviable ? Le droit d’asile, déjà réduit à peau de chagrin, serait quasiment supprimé. Ce serait la fin du droit du sol, la préférence nationale serait mise en place pour le logement et l’emploi et on suppose que bien d’autres mauvais tours xénophobes sont encore cachés au fond de la besace du RN. À toutes les frontières comme à Calais, les murs, clôtures et barbelés monteraient jusqu’à cacher le soleil. Qui a envie de vivre sur un territoire défiguré de la sorte ? Nous assisterions à des chasses à l’homme en continu. Un déferlement de répression et une précarisation démentielle s’abattraient sur les personnes exilées, ce qui est à peine concevable compte tenu de la cruauté des conditions actuelles. Depuis longtemps à Calais, la police a carte blanche pour leur mener la vie la plus dure possible. Les témoignages de violences policières sont si nombreux que l’on peut affirmer avec une certitude absolue leur caractère systémique. Et pourtant, cela pourrait largement empirer sous un régime Le Pen. Nous vivrions dans un État autoritaire où les policiers pourraient s’affranchir des conditions qui encadrent l’usage de leur arme ou de la force en général. On ne pourrait plus se défendre juridiquement en tant que victime de violence policière, cela étant déjà extrêmement difficile pour la citoyenne ou le citoyen lambda et quasi impossible pour les personnes exilés. De notre côté, nos actions seraient totalement empêchées et nous serions criminalisés. Nous serions ravis de nous retrouver au chômage, mais uniquement si tout le monde était enfin accueilli dignement. Derrière le soulagement de l’élimination d’un premier épouvantail fasciste aux sabots trop gros pour ne pas filer la trouille, ne perdons pas de vue que c’est un projet similaire qui se dissimule derrière la candidature Le Pen : du racisme, du nationalisme exacerbé, de la brutalité, du révisionnisme. Nous le savons, les minorités constitueraient les premières cibles de ce nouveau régime, mais ce seraient les libertés de toutes et tous qui finiraient dévorées tranche par tranche. Marine Le Pen modifierait la constitution, contournerait le parlement, le conseil constitutionnel et écraserait les corps intermédiaires en gouvernant par des referendums à choix binaire sur des thèmes qu’elle aurait imposés et avec lesquels elle aurait préalablement gangrené l’espace public. Ne laissons pas les violences d’État régnant à Calais, Grande-Synthe, Briançon et autres enclaves d’expérimentations sécuritaires embraser tout le territoire. Puisque le fascisme ne se soucie guère de l’écologie, jetons-le à la poubelle sans tri sélectif. L’Auberge des Migrants Vous pouvez nous adresser un don financier : – Via la plateforme Helloasso – Par chèque : L’Auberge des Migrants, BP 70113, 62100 Calais Cedex – Par virement : écrivez à contact@laubergedesmigrants.fr pour obtenir un RIB Les dons font l’objet d’une déduction fiscale. Vous recevrez une attestation. Vous souhaitez changer la réception de ses emails ? Vous pouvez mettre à jour vos préférences ou vous désinscrire de cette liste d’envoi. |
en accès libre:
https://www.politis.fr/articles/2022/04/un-seul-vote-macron-helas-44333/
Mediapart
« Sans surprise, les militaires votent massivement pour l’extrême droite »
Lors du premier tour de l’élection présidentielle, les militaires ont voté environ 20 points de plus pour l’extrême droite que la moyenne des Français, indique l’analyse de résultats électoraux dans des communes de garnison.
Justine Brabant et Donatien Huet
16 avril 2022 à 10h48
Il y a un an de cela, la tribune dite « des généraux » venait percuter l’actualité politique française. Le texte, signé d’une vingtaine de généraux à la retraite, dénonçait le « délitement » de la France, notamment sous l’effet de « l’islamisme et [d]es hordes de banlieue », faisant planer le spectre d’une « intervention » militaire au cas où le « laxisme continu[erait] à se répandre » dans la société. Sa sortie avait été soigneusement orchestrée par l’hebdomadaire Valeurs actuelles.
Au-delà de la crainte – vite écartée – d’un possible coup de force, la missive posait plusieurs questions brûlantes pour le système démocratique français : à quel point les signataires étaient-ils représentatifs de l’état d’esprit des soldats ? Quel était le degré de diffusion des idées d’extrême droite chez les militaires ? S’accompagnaient-elles, chez certains d’entre eux, de projets violents ?
Cela ne remet pas en cause le fait que les idées d’extrême droite sont largement diffusées au sein des armées françaises. Le premier tour de l’élection présidentielle, qui s’est tenu dimanche 10 avril, l’a confirmé.
L’une des seules manières de sonder le vote « kaki » consiste à analyser les résultats dans des bureaux de vote situés dans de petites communes où sont implantés des régiments ou bases militaires (méthode notamment employée dans cette étude de 2019). Les soldats et leurs familles y pèsent significativement dans la démographie.
L’examen des résultats dans 13 de ces communes (voir détail de la méthodologie dans l’onglet Boîte noire) montre que l’extrême droite y a remporté la moitié des suffrages exprimés : 50 % des votes, répartis entre Marine Le Pen (38,3 %), Éric Zemmour (9,2 %) et Nicolas Dupont-Aignan (2,6 %).
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La candidate du Rassemblement national y arrive systématiquement en tête du premier tour. Son programme électoral fait la part belle aux militaires, leur promettant d’importantes augmentations de budget, une revalorisation de leur solde, la modernisation de leurs infrastructures et de leurs équipements, mais également les « célébrations des saints patrons des armes », des « commémorations des batailles de l’Histoire militaire » ou « l’enseignement de l’Histoire militaire dans les écoles ».
À l’échelle nationale, l’extrême droite représente 32 % des votes lors du premier tour : un taux déjà historiquement haut mais qui reste près de 20 points en dessous de son score dans ces communes.
(…)
Mais quid d’une configuration où un·e chef·fe d’État appliquerait une politique contraire au « bloc de constitutionnalité » qui définit la République française ? La loyauté de ces soldats irait-elle aux institutions ou à la personne présidentielle ? Il reste huit jours pour éviter d’avoir à répondre à la question.
En attendant, les généraux retraités signataires de la tribune et leurs soutiens continuent de phosphorer sur un hypothétique coup de force et la perspective d’une guerre civile. L’initiateur du texte, le général de gendarmerie à la retraite Jean-Pierre Fabre-Bernadac, prédit ainsi un conflit ouvert entre « patriotes » et bloc « islamo-gauchiste », lors duquel son mouvement « devra montrer son dynamisme et son efficacité pour faire pencher la balance vers une France meurtrie mais éternelle ». Son public semble le suivre – s’interrogeant ingénument, dans les commentaires à son billet : « Est-ce qu’un coup d’État militaire est envisageable ? »
Justine Brabant et Donatien Huet
Mediapart, 22 avril
Guillaume Floris, bibliothécaire, syndiqué à la FSU, refuse le scénario hongrois ou brésilien
Il y a cinq ans, pas question pour ce militant insoumis de voter Macron. Pour le second tour de 2022, son positionnement a changé. Guillaume Floris a participé activement aux deux campagnes présidentielles de Jean-Luc Mélenchon, entre Montreuil et Poitiers.
« En 2017, je pensais sincèrement qu’il n’y avait aucun risque que Marine Le Pen gagne, et donc pas question en plus de cautionner la politique libérale et ultra autoritaire d’Emmanuel Macron, qu’on avait connu comme ministre de l’économie au moment de la loi Travail, sous François Hollande.
Ces cinq dernières années, je me suis dit que je ferais pareil. Ce sont les dernières semaines qui m’ont fait changer d’avis. Les sondages, bien sûr, mais aussi ce que je sens autour de moi. J’ai participé à de nombreuses manifestations de gilets jaunes ces dernières années et, dans ces réseaux, des gens ont basculé dans un vote viscéralement anti-Macron. Syndicalement, c’est la même chose, la politique économique “euphémisée” du précédent quinquennat, nous nous la sommes prise en pleine poire sous ce mandat. Et il annonce encore des mesures sociales terribles pour les cinq ans à venir.
J’entends dans ces deux milieux deux choses : des gens qui assument d’aller voter l’une contre l’autre, ou des silences, parfois éloquents. À ceux qui hésitent, je demande qu’on regarde ce qui se passe en Hongrie, au Brésil, le déchaînement des violences sociales et racistes. Cette année, Viktor Orbán a gagné pour la troisième fois en écrasant toute l’opposition unie. Il l’a pliée comme jamais car pendant les deux derniers mandats, il a réussi à mettre au pas les médias et la justice. On ne prend pas ce risque-là.
Il n’y a pas de désaccord entre ma position et celle de La France insoumise, auprès de laquelle je milite. L’introduction de la consultation des militants et militantes à ce sujet était très claire, il n’y a pas de maux pires que l’extrême droite. Mais il y a aussi une préoccupation dans ce choix de ne pas donner de consigne de vote, d’entendre que c’est une violence terrible de glisser un vote Macron pour certains, pour les éborgnés, pour les parents des enfants qu’on a mis à genoux, les mains sur la tête, à Mantes-la-Jolie. »