Hommage de Jean-Jacques Pensec à Roger Lecoffre

Voici un article paru dans la revue du PCF86 « La Vienne démo­cra­tique » et sur le site inter­net http://86.pcf.fr. Écrit par Jean Jacques Pensec, dont vous pouvez retrou­ver un riche témoi­gnage ici, cet article nous a semblé inté­res­sant sur les fonc­tions et la manière d’exer­cer un mandat d’élu muni­ci­pal. Merci à Jean Jacques et au PCF86 pour leur auto­ri­sa­tion de les publier sur reve86.org.

***

« Voilà bien le terrible moment de parler de Roger au passé.

Je veux porter témoi­gnage de son action d’adjoint au maire pendant 12 ans où nous parta­gions à l’Hô­tel-de-Ville le même bureau.

En 1977, sa dési­gna­tion comme adjoint chargé des affaires scolaires par l’équipe muni­ci­pale conduite par Jacques Santrot qui comp­tait nombre d’en­sei­gnants avait surpris. Mais rapi­dem­ment, tous les parte­naires comprirent que ce choix n’était pas un fait de hasard. La qualité de son écoute, sa volonté de travailler avec tous pour la réus­site des enfants étaient évidentes.

Lors de la campagne élec­to­rale de 1977, nous avions promis que les garde­ries scolaires avant et après le temps de l’école seraient gratuites.

C’était assez déli­cat à mettre en place, car les systèmes qui exis­taient, orga­ni­sés par les parents d’élèves avec les ensei­gnants, étaient dispa­rates. Il fallait tenir compte des attentes, des statuts des personnes employées. Grâce au travail de Roger, à la satis­fac­tion de tous, la promesse était tenue dès la rentrée d’oc­tobre 1977.

Si Roger consa­crait un temps impor­tant au travail des dossiers, à la réflexion, il voulait avant tout connaître la situa­tion concrète dans chaque école et réser­vait des demi-jour­nées aux visites sur place, toujours conve­nues avec les direc­teurs. Chaque fois que possible il parti­ci­pait, lorsqu’il était invité, aux conseils d’école et recueillait avec grand soin les infor­ma­tions et demandes que lui rappor­taient les autres conseillers muni­ci­paux.

Les réunions qu’il orga­ni­sait régu­liè­re­ment avec l’en­semble des direc­teurs d’école de Poitiers étaient rien moins que formelles. Elles abou­tis­saient souvent à des inflexions de notre poli­tique muni­ci­pale, par exemple sur les problèmes de la restau­ra­tion scolaire ou de la program­ma­tion des travaux où il travaillait avec Gérard Gaschet et Pier­rette Poupard.

Ainsi, lorsqu’au début des années 80 appa­rurent les demande de créa­tion des biblio­thèques et centres de docu­men­ta­tion, il en vit tout l’in­té­rêt et obtint que notre équipe muni­ci­pale s’en­gage à doter chaque école de Poitiers d’un tel équi­pe­ment avant 1989. Et pour vous montrer comment était Roger, quel était son esprit inven­tif, son intel­li­gence pratique, comment il conju­guait son expé­rience profes­sion­nelle, asso­cia­tive et ses respon­sa­bi­li­tés poli­tiques : lui qui connais­sait bien le fonc­tion­ne­ment de la SNCF, il réus­sit à obte­nir pour équi­per ces biblio­thèque-centres de de docu­men­ta­tion une belle quan­tité de sièges de wagons de 1re classe en excellent état promis à la réforme à des condi­tions excep­tion­nelles. C’est ce que me rappe­lait hier un de ses amis, ancien respon­sable de l’Édu­ca­tion natio­nale.

Roger s’est toujours bien gardé de prendre posi­tion dans les débats internes du milieu scolaire, mais pour lui, l’école ce n’était pas des murs et des ensei­gnants : classes vertes, classes décou­vertes, ouver­ture de l’école sur le monde, aux problèmes du handi­cap comme l’ini­tia­tive en direc­tion des enfants sourds « Deux langues pour une éduca­tion », il mettait tout en œuvre pour aider les actions qui contri­buent à l’éveil, à la réus­site des enfants.

Sa connais­sance précise des situa­tions dans chaque école donnait du poids à ses avis lors des discus­sions parfois diffi­ciles avec les auto­ri­tés admi­nis­tra­tives de l’en­sei­gne­ment, en parti­cu­lier lorsqu’il s’agit des ouver­tures et ferme­tures des classes.

Roger entre­te­nait avec tous les acteurs dans son domaine de compé­tence – ensei­gnants, person­nel des école, parents d’élèves – des rela­tions faites de confiance et de respon­sa­bi­lité.

Mais à parler unique­ment de la respon­sa­bi­lité poli­tique d’adjoint à la vie scolaire, j’ou­blie­rais de dire que cette période de 12 ans ne fut pas pour Roger un long fleuve tranquille. J’étais témoin de ses fréquents aller et retours Poitiers-Tarbes où Roger et Jeanne allaient soute­nir Nicole, leur fille, dans sa lutte contre la mala­die, sa préoc­cu­pa­tion constante pour l’ave­nir de Claude, ses dépla­ce­ments presque quoti­diens vers Tours où il conti­nuait sa carrière de chemi­not avec d’im­por­tantes respon­sa­bi­li­tés. Roger n’était pas enfermé dans sa respon­sa­bi­lité d’élu, il pour­sui­vait sa carrière profes­sion­nelle, assu­rait ses respon­sa­bi­li­tés fami­liales.
Lui, si modeste, avait été profon­dé­ment touché de voir son travail reconnu par la distinc­tion des palmes acadé­miques, et par l’af­fec­tion et l’ami­tié qui l’avaient très large­ment entouré lors du rassem­ble­ment pour la remise de la médaille.

Adjoint à la vie scolaire, Roger ne voyait pas sa fonc­tion comme une fonc­tion péda­go­gique, mais son sens profond de la frater­nité est une belle leçon, une leçon de vie. »

 

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