Gaza La déshu­ma­ni­sa­tion systé­ma­tique d une popu­la­tion. Famine, massacres: toujours pire,

Des israé­lien nes fier·es de leurs crimes (et autres textes)

Gaza : « La déshu­ma­ni­sa­tion systé­ma­tique d’une popu­la­tion » 

OCHA (United Nations Office for the Coor­di­na­tion of Huma­ni­ta­rian Affairs-Bureau de la coor­di­na­tion des affaires huma­ni­taires) aver­tit que les hosti­li­tés en cours à Gaza, les ordres d’éva­cua­tion répé­tés, les obstacles à l’ac­cès [aux personnes] et d’autres défis conti­nuent d’en­tra­ver les efforts pour atteindre les personnes avec une aide vitale.

Lors de sa dernière confé­rence de presse en tant que chef de bureau d’OCHA pour le Terri­toire pales­ti­nien occupé, Andrea De Dome­nico a déclaré aux jour­na­listes qu’au cours des dix derniers mois, il avait été témoin de «  l’épui­se­ment physique et psycho­lo­gique extrême d’une popu­la­tion entière ».

S’ex­pri­mant à distance depuis Jéru­sa­lem-Est, Andrea De Dome­nico a déclaré avoir été témoin de la déshu­ma­ni­sa­tion systé­ma­tique des civils à Gaza et en Cisjor­da­nie. Il s’est égale­ment inquiété de la colère crois­sante à l’égard d’Is­raël et de la menace de l’an­ti­sé­mi­tisme.

« Le danger pour moi, et en fait pour chacun de nos collègues qui ont coura­geu­se­ment décidé d’al­ler travailler à Gaza – l’ONU, les ONG et le person­nel natio­nal qui ont toujours été en première ligne – et pour l’hu­ma­nité tout entière, est que nous deve­nons immu­ni­sés [insen­sibles face] contre l’hor­reur », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise. »

Les auto­ri­tés israé­liennes ont décidé de ne pas renou­ve­ler le visa d’An­drea De Dome­nico, qui expire aujourd’­hui.

Le Programme alimen­taire mondial (PAM) et d’autres agences ne parviennent toujours pas à ache­mi­ner suffi­sam­ment de nour­ri­ture à l’in­té­rieur et autour de Gaza. Il n’y a pas assez de postes fron­tières, il est diffi­cile d’ob­te­nir des auto­ri­sa­tions pour dépla­cer des convois à l’in­té­rieur de Gaza et il y a souvent de longs retards dans les zones d’at­tente, ainsi qu’un manque d’ordre public et de sécu­rité qui conti­nue d’en­tra­ver les mouve­ments.

Plus de 20 points de distri­bu­tion de nour­ri­ture du PAM ont été perdus en raison des récents ordres d’éva­cua­tion et les cuisines et les boulan­ge­ries ont été contraintes de démé­na­ger. L’es­ca­lade des hosti­li­tés a égale­ment rendu deux entre­pôts inuti­li­sables pour le moment et a coupé des parties de Salah El Din – la route prin­ci­pale de Gaza – limi­tant la capa­cité du PAM à livrer dans toute la bande.

En réponse à l’ordre d’éva­cua­tion émis la semaine dernière à Khan Younès, le PAM distri­bue un colis alimen­taire par famille pour aider les personnes dépla­cées, ce qui a permis d’at­teindre envi­ron 8 000 familles jusqu’à présent. Face à l’aug­men­ta­tion des besoins et à la limi­ta­tion des stocks, l’agence doit réduire les rations à un colis par famille afin de s’as­su­rer que les personnes reçoivent la nour­ri­ture néces­saire pour répondre à leurs besoins les plus élémen­taires. Mais cela ne suffit pas.

Aujourd’­hui, seules 12 des 18 boulan­ge­ries de Gaza fonc­tionnent : quatre dans la ville de Gaza, deux dans le nord de Gaza et six à Deir al Balah. Les boulan­ge­ries situées dans les zones inter­mé­diaires ne disposent que le carbu­rant suffi­sant pour fonc­tion­ner pendant quelques jours.

Malgré toutes ces diffi­cul­tés, le PAM a pu distri­buer à près de 1,2 million de personnes de la nour­ri­ture, de la farine de blé ou des repas chauds le mois dernier. Cepen­dant, les rations ont été réduites et irré­gu­lières,

Par ailleurs, les parte­naires huma­ni­taires qui inter­viennent sur les problèmes liés à l’eau, à l’as­sai­nis­se­ment et à l’hy­giène, à Gaza, sont préoc­cu­pés par la destruc­tion du réser­voir du Canada à Rafah. Cette instal­la­tion, d’une capa­cité d’en­vi­ron 3 000 mètres cubes d’eau, a été dyna­mi­tée la semaine dernière. Jusqu’à récem­ment, le réser­voir desser­vait des milliers de personnes dépla­cées qui s’abri­taient à Rafah.

Les parte­naires huma­ni­taires aver­tissent que sa destruc­tion pour­rait entra­ver le retour des rési­dents à Rafah et pous­ser encore plus les familles à boire de l’eau non potable, risquant ainsi la déshy­dra­ta­tion, la malnu­tri­tion et les mala­dies.

Par ailleurs, l’Of­fice de secours et de travaux des Nations unies pour les réfu­giés de Pales­tine dans le Proche-Orient (UNRWA) a lancé aujourd’­hui le programme de retour à l’école pour les enfants de Gaza. Dans un premier temps, l’UNRWA déve­lop­pera les acti­vi­tés de soutien psycho­so­cial en cours, en mettant l’ac­cent sur les arts, la musique et le sport, ainsi que sur la sensi­bi­li­sa­tion aux risques liés aux muni­tions non explo­sées. Les acti­vi­tés d’ap­pren­tis­sage infor­mel seront ensuite inté­grées, avec des cours de lecture, d’écri­ture et de mathé­ma­tiques.

Le commis­saire géné­ral de l’UNRWA, Philippe Lazza­rini [1], a déclaré que le programme est la première étape d’un chemin beau­coup plus long qui se concentre sur des acti­vi­tés qui donne­ront aux enfants de Gaza un refuge contre les horreurs qu’ils conti­nuent de vivre – et de renouer avec l’en­fance qui leur a été volée.

[1] Dans un entre­tien avec le quoti­dien 24 heures (Lausanne, Suisse, le 31 juillet 2024), Philippe Lazza­rini souli­gnait une vérité que d’au­cuns au sein du pouvoir fédé­ral helvé­tique – relayant de facto la campagne du gouver­ne­ment Neta­nya­hou contre l’UNRWA – veulent igno­rer ou nier: « A ce jour, nous déplo­rons 202 employés tués. C’est sans précé­dent dans l’his­toire des Nations Unies. La mort de centaines de colla­bo­ra­teurs, savoir que d’autres vont malheu­reu­se­ment périr à leur tour tant que la guerre conti­nuera, est quelque chose d’in­sup­por­table pour mes équipes comme pour moi. C’est vrai­ment une guerre de tous les super­la­tifs, au niveau des victimes, des destruc­tions, des dépla­ce­ments, de souf­frances inima­gi­nables. Je pense au nombre d’en­fants ampu­tés sans anes­thé­sie, d’or­phe­lins… Tout cela sous les yeux du monde entier, qui ne pourra pas dire qu’il ne savait pas. Même si, malheu­reu­se­ment, les jour­na­listes étran­gers ne peuvent toujours pas entrer dans la bande de Gaza. »
La stra­té­gie israé­lienne d’in­ter­dic­tion de la présence de jour­na­listes étran­gers à Gaza se double d’un assas­si­nat ciblé de jour­na­listes pales­ti­niens assu­rant la produc­tion d’images, d’in­for­ma­tions, de relai de la parole des Gazaouis. Ainsi, mercredi 31 juillet, le jour­na­liste Ismail al-Ghoul et son came­ra­man Rami al-Rifi ont été tués par un tir israé­lien (alors qu’ils portaient des vestes protec­trices indiquant leur statut de jour­na­liste et leur voiture était clai­re­ment iden­ti­fiée). Selon le Commit­tee to Protect Jour­na­lists (CPJ) – présidé par Jodie Gins­berg –, en date du 2 août, au moins 113 jour­na­listes et travailleurs des médias ont été tués depuis le 7 octobre (108 Pales­ti­niens, 2 Israé­liens et 3 Liba­nais). Selon le commu­niqué de la CPJ du 2 août, 32 jour­na­listes ont été bles­sés, 2 sont consi­dé­rés comme dispa­rus, 52 ont été arrê­tés par les forces mili­taires de représ­sion israé­liennes. A cela s’ajoutent des attaques, la censure, l’as­sas­si­nat de membres de leur famille. La CPJ constate que depuis qu’elle a commencé le recueil de données en 1992, c’est la période « la plus meur­trière pour les jour­na­listes ». (Réd.)

OCHA
Publié le 1er août 2024 ; traduc­tion rédac­tion A l’En­contre
http://alen­contre.org/moye­no­rient/pales­tine/gaza-la-deshu­ma­ni­sa­tion-syste­ma­tique-dune-popu­la­tion.html

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