Ce texte est une invitation au débat qui est publié à titre individuel et n’engage pas les organisations dans lesquelles nous militons
Lors des élections municipales de 2014 il y avait eu un débat sur Poitiers au sein du Front de Gauche. Il tournait non pas au niveau du programme (hormis la divergence sur l’ancien Théâtre) mais beaucoup sur la stratégie à adopter vis à vis du Parti Socialiste. Il y eut divorce au sein du Front de Gauche et le débat fut tranché ainsi : deux des composantes du Front de Gauche (Parti de Gauche et Ensemble !) s’alliait avec Europe Écologie Les Verts (EELV) et le NPA pour créer la liste citoyenne « Osons Poitiers écologique, sociale, solidaire et citoyenne ». Le PCF décidait de s’allier dès le premier tour avec le Parti Socialiste pour faire partie de sa majorité.
Tout cela renvoie à des débats récurrents au sein du Front de Gauche : faut-il absolument former partie de la majorité avec le PS pour espérer influencer sa politique ? Que peuvent faire des élu.es d’opposition ? Qu’est-ce que la gauche ? Quels sont les chemins les plus favorables à la construction d’une alternative à gauche crédible à une large échelle ? Quelle différence entre échelon local et échelon national ou européen ?
Nous voulons faire rebondir ce débat aujourd’hui car la pratique municipale des un.es et des autres sur Poitiers repose ces débats.
Local versus national ?
Le député maire PS Alain Claeys fait partie du noyau dur de l’Assemblée, ministrable, appelé à la rescousse lors de l’épisode Cahuzac pour conduire une commission d’enquête parlementaire sur ce sinistre individu. Il vote la politique du gouvernement sans état d’âme. Il vote notamment la diminution des budgets sociaux et ceux des collectivités territoriales. Il vote la priorité au remboursement de la dette et à l’aide sans contrepartie au grand patronat. Une fois revenu à Poitiers, il gère ces budgets réduits qu’il a lui-même votés, ce qui a le mérite de la cohérence.
Nos camarades élu.es du PCF à Poitiers ne peuvent se targuer de cette cohérence. Les député.es du Front de Gauche (dont celles et ceux du PCF) sont vent debout contre la politique européenne déclinée en France par le gouvernement. Idem au parlement européen. Au niveau des collectivités territoriales, en l’occurrence Poitiers et Grand Poitiers, la diminution des budgets de la collectivité réduit les services rendus aux habitant.es et les tarifs municipaux augmentent (Claeys, c’est Monsieur +2%). Le gouvernement a déjà promis que cela ne ferait qu’empirer et l’épisode grec nous rappelle que la souffrance des populations n’appartient pas au logiciel des dirigeant.es européen.nes, dirigeant.es français.es compris.es.
C’est dans ce contexte que les déclarations répétées de certain.es élu.es PCF à la mairie de Poitiers nous inquiètent. À chaque fois leur déclaration générale rappelle qu’un.e élu.e de la majorité est là pour « gérer et assumer », que c’est vrai que les choses se dégradent mais qu’un.e élu.e de la majorité doit prendre ses responsabilités et « calibrer » l’action de la mairie, notamment en matière de service public. Ce discours atemporel, sans contextualisation, justifie d’entériner la moins pire des augmentations (toujours 2% de toute façon) et la moins pire des dégradations de services à la population et de conditions de travail des personnels. Mais ce discours hors du temps pose-t-il des limites ? Jusqu’où accepter cette situation qui se dégrade ?
Sur ce dernier sujet nous assistons médusés au divorce grandissant entre les élu.es du PCF et les personnels en lutte et syndiqué.es (piscine, Vitalis, protocole des 35h, etc.) Là encore, les interventions du groupe Osons Poitiers, auraient permis à de nombreuses reprises, de nous retrouver sur nos terrains habituels de lutte et, pourquoi pas, d’infléchir certains décisions. Est-ce le fruit d’un changement de ligne politique du PCF qui nous aurait échappé ?
D’autres questions nous brûlent les lèvres
Pourquoi refuser d’appuyer un vœu contre le TAFTA proposé par « Osons Poitiers » alors que quelques mois plus tard les élu.es PCF votent celui présenté avec le PS, alors même que les socialistes entérinent le TAFTA au niveau européen. Ces élu.es inscrivent illico cela à l’actif de leur appartenance à la majorité quand ils auraient pu saisir l’occasion, un an plus tôt, d’opérer un rapprochement avec Osons Poitiers et mettre en lien ce vœu avec une campagne militante.
Pourquoi concentrer les attaques contre la seule opposition de gauche au conseil, là pour jeter de l’huile sur le brasier du dossier du théâtre historique, ici pour refuser de s’attaquer au problème du fonctionnement démocratique peu satisfaisant des deux assemblées locales ? Pourquoi les élu.es du PCF à Poitiers ne prennent pas ouvertement partie contre les choix nationaux et européens actuels ? L’appartenance à la majorité municipale à Poitiers bâillonne toute critique de la politique nationale et européenne en Conseil municipal ? A quel moment les élu.es de Poitiers du PCF se retrouve-t-ils/elles en cohérence avec la politique de leur organisation ?
Quelle alternative ?
De la réponse à ces questions découle une volonté et des choix pour construire une alternative. Les résultats électoraux de la gauche (PS compris) n’ont jamais été aussi bas, l’extrême droite vole de succès en succès, droite et PS ne dévieront jamais de la politique européenne actuelle. Il apparaît urgent de construire une alternative crédible de gauche écologique, sociale et citoyenne. Les résultats aux élections départementales ainsi que la campagne furent positifs et devraient être porteurs d’enseignements.
Comment le PCF86 peut-il avec force et détermination s’engager dans la dynamique unitaire de « Inventons la Vienne écologique et solidaire » aux élections départementales et dans le même temps ne pas sortir de la roue du PS à la mairie de Poitiers ? Nous sommes persuadés que cette dynamique qui a permis de faire des résultats significatifs et une campagne de terrain sur tout le département a été rendue possible entre autres par le pari d’Osons Poitiers. Nous sommes prêts à débattre sereinement des voies à explorer, y compris au niveau municipal et intercommunal, pour créer l’alternative à gauche dont nous manquons cruellement.
On retrouve ce débat à l’identique dans le Front de Gauche pour la préparation des prochaines élections régionales de décembre 2015.
Pour notre part nous faisons le pari qu’il existe une prise de conscience à gauche qu’il est urgent de construire une alternative au libéralisme européen, sur sa gauche, pas à l’extrême droite. Dans de nombreuses régions EELV, le Front de Gauche et des socialistes « frondeurs » se sont retrouvé.es dans un programme de rupture.
L’action des élu.es du PCF dans la majorité municipale de Poitiers nuit à cette dynamique vitale, tout comme le sectarisme souriant d’EELV qui se concentre sur son autonomie pour les Régionales.
Pour notre part nous ne nous résignons pas à accepter cet état de fait. Les choses doivent changer. L’étranglement de la Grèce, la montée du FN, le libéralisme décomplexé du PS de la grande Région Aquitaine-Poitou Charentes – Limousin, la souffrance des gens d’en bas, le pétard mouillé de la COP21 sur le climat, tout ça nous invite à changer. Maintenant.
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Pascal Canaud, Ensemble!86 et colistier d’Osons Poitiers
Jacques Arfeuillères, Parti de Gauche et élu à Poitiers pour Osons Poitiers
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Si ce texte est une « invitation au débat », il devrait commencer par être factuellement exact. Les élus PCF ont soutenu le voeu anti-tafta présenté il y a un an. Jacques Arfeuillères pourra le vérifier en regardant ses mails de l’époque ou en reprenant le CR des débats du conseil municipal pour y retrouver l’intervention de Patrick Coronas. La cohérence c’est bien. la vérité aussi …
Il l’a soutenu du bout des lèvres au CM, n’a pas pris la parole au conseil de Grand Poitiers et n’a pas soutenu notre demande de vote en dépit de notre démarche pour avoir une démarche conjointe… pour le mettre au vote un an plus tard en compagnie des socialistes sans chercher une démarche conjointe avec nous.
J’ai soutenu moi-même le vœu à Grand Poitiers dans l’indifférence générale
Je suis en accord avec les questionnements de ce texte.
Mais si le Pcf peut peu être interpellé, même s’ il peut amener le Ps à dénoncer le TAFTA, ou autres ignominies que le PS soutient chaque jour de tout son appareil de permanents, la question est ce qu’est le PCF aujourd’hui.
Il est l’héritier du parti qui fut l’ami des forces au pouvoir dans les pays de l’empire de l’ex URSS. L’héritier du réformisme radical allié de l’URSS et de fractions de la bourgeoisie française au nom d’un nationalisme jacobin.
Il reste un parti de gouvernement dont beaucoup de dirigeants ont mille affections pour le PS, quelles que soient les méfaits de ce parti sans principe.
Ce qui ne nous empêche pas d’avoir des liens avec ce parti réformiste, tout en soulignant nos ambitions révolutionnaires, d’autant plus que les réformes sont impossibles du fait de l’arbitraire assumé des capitalistes.
Tout ceci hélas ne nous dit toujours rien de concret sur la question essentielle qui est posée.
Comment, et sur quels sujets, les élus communistes de Poitiers et Grand Poitiers, parviennent ils à infléchir dans un sens progressiste la politique de la majorité socialiste ?
Dans la perspective des régionales, sous le coup de la réforme territoriale, la réponse est capitale de savoir si, en ayant des élus dans une majorité dominée par le PS, on peut encore infléchir à gauche la ligne politique dominante au PS.