Ce communiqué date du 18 mars
La famine devrait survenir d’ici le mois de mai dans le nord de la bande de Gaza tandis que le reste du territoire est aussi exposé au risque de famine. En décembre 2023, le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Integrated Food Security Phase Classification – IPC) indiquait que 17 % de la population risquait la famine. Le dernier rapport publié aujourd’hui fait état de chiffres encore plus inquiétants.
50 % de la population de Gaza est passée en phase de catastrophe (phase 5), niveau le plus élevé sur l’échelle de l’IPC. Pour parler de famine il faut que plus de 20% de la population soit en situation d’insécurité alimentaire, qu’un enfant sur 3 souffre de malnutrition aigüe et/ou que 2 personnes sur 10 000 meurent de faim.
Aujourd’hui, plus de la moitié de la population se trouvant en phase 5 de l’IPC se trouve dans le nord de la bande de Gaza, où l’accès humanitaire est pratiquement impossible. Dans cette zone, plus de 160 000 personnes sont au bord de la famine. En outre, l’insécurité alimentaire extrême touche également Rafah, qui est devenue la zone la plus peuplée de la bande de Gaza en raison des déplacements de population dans l’enclave. Alors que 3 habitants sur 10 sont menacés de famine à Rafah, l’aide humanitaire reste totalement insuffisante pour subvenir aux besoins des plus de 2 millions de personnes qui y sont bloquées. Dans ce contexte, nous avons reçu des rapports faisant état de personnes qui, désespérées, se sont résolues à manger du fourrage, de la paille et d’autres aliments destinés aux bovins, aux chèvres et aux moutons.
Le seuil de famine pour la consommation alimentaire des ménages a déjà été largement dépassé. Le rapport révèle une tendance à la hausse de la malnutrition aiguë et il est très probable que le seuil de famine pour la malnutrition aiguë ait également été dépassé. Les données disponibles indiquent une forte augmentation du nombre de décès d’enfants, ce qui laisse présager l’apparition imminente d’une famine.
Suite à sa récente visite à Rafah, Vincent Stehli, Directeur des opérations d’Action contre la Faim, tire la sonnette d’alarme : « Nous travaillons à Gaza depuis 20 ans et je n’ai jamais rien vu de tel. 80 % des enfants souffrent de maladies infectieuses et 70 % ont la diarrhée. Ils n’ont pas assez de nourriture. Les services de santé ne peuvent pas fonctionner. C’est un terreau idoine pour la malnutrition. Et ce n’est que le début« . Les premiers rapports sur la malnutrition ont révélé une autre information alarmante : dans le nord de la bande de Gaza, 1 enfant sur 3 souffre de malnutrition aiguë et au moins 27 sont déjà morts de malnutrition et de déshydratation, selon les données du Groupe de travail sur la nutrition et du Ministère de la Santé à Gaza.
(…)