Il y a quelques jours, le 2 septembre, dans l’indifférence quasi-générale un incendie a ravagé le Musée national à Rio de Janeiro. On ne connait pas l’origine du désastre mais le manque d’investissement des pouvoirs publics pour entretenir le bâtiment est pointé du doigt. Sur le site The Conversation, l’anthropologue brésilienne, Aparecida Vilaça, livre un témoignage poignant sur ce drame culturel et scientifique.
Au Brésil, la culture immolée : une anthropologue raconte
Comme beaucoup au Brésil, je suis restée pendant des heures hypnotisée devant la télévision à regarder les images du feu qui consumait le Museu Nacional dimanche 2 septembre au soir. Mais à la différence de la plupart des gens, j’essayais parmi les différentes images qui défilaient à l’écran d’identifier la fenêtre de mon bureau, avec l’espoir que de là je ne verrais pas ressortir les flammes. Un appel téléphonique de Rafael, avec qui je partage ce bureau, me sortit de cette rêverie : « Si, Aparecida, il brûle ! ». Quelques livres, des cassettes originales (mais déjà copiées !) de mes enregistrements auprès des Indiens Wari’, avec qui je travaille depuis 30 ans, un ordinateur, une caméra, des chaises, la table ronde où je discute avec les étudiants, les murs jaunes que j’avais moi-même peints ainsi que les petites sculptures de grenouilles instrumentistes, un souvenir de mon collègue et ami Gilberto Velho.
Les incendies ont des causes, en Grèce, en France, au Brésil, etc. Des causes liées à la dévastation des services publics; pas seulement partout. Mais c’est une des causes.
Les élites néolibérales méprisent le savoir, la culture. « La science pleure ». Dans le monde entier.