L’alliance des impérialistes autoritaires et réactionnaires nous menace. Donald Trump et Vladimir Poutine partagent une vision : que l’ordre du monde ne soit plus fondé sur le droit mais sur la force. Ce qu’ils veulent, c’est un monde dominé par des prédateurs, où les principes comme les droits humains ou la souveraineté des peuples sont remisés au placard, où ne comptent plus que l’avancée militaire, les féodalités économiques, le masculinisme à tout crin.
Face à cet axe du chaos, que font la France et l’Union européenne ? Au lieu de prendre des initiatives pour construire la paix, de chercher des alliés, notamment dans le Sud Global, d’affirmer avec cohérence une autre vision fondée sur le droit et la justice, nous subissons.
Le mal nommé « plan de paix » impulsé par Trump est une récompense pour la Russie qui a agressé l’Ukraine et une humiliation pour les Européens – c’est comme s’ils n’existaient pas !
Il faut lire dans le détail cette proposition que l’on pourrait qualifier d’oukase. 20% du territoire ukrainien sont donnés à la Russie, qui bénéficierait d’une amnistie totale sur les horreurs commises depuis quatre ans. Une Ukraine dotée d’une armée démise. Aucune exigence de retour des dizaines de milliers d’enfants déportés. Et une Union européenne sommée de flécher 100 milliards d’euros des avoirs russes pour la reconstruction du pays – dont la moitié reviendrait aux Etats-Unis !
Et cela ne suffit encore pas : la Russie revendique depuis la ville de Pokrovsk.
Avec un tel plan, autant dire que transgresser les frontières, envahir un territoire, cela ne coûte rien. Autant dire que le droit international ne pèse rien. Et si certains avaient un doute sur le fait que Trump n’est pas un allié, les voilà maintenant bien renseignés. Il est temps d’en tirer les conclusions : l’OTAN est plus que jamais obsolète. Les Européens feraient bien de se réveiller au lieu de se laisser écraser, comme ils l’ont fait aussi avec les droits de douanes imposés par Trump.
Je ne fais partie de ceux qui ont pensé en 2014, alors que Poutine annexait la Crimée et s’attaquait au Donbass, qu’il n’irait pas plus loin, qu’il ne cherchait qu’à se protéger d’une éventuelle agression de l’OTAN ou à accéder à la mer Noire. Je ne fais pas partie non plus de ceux qui ont pensé que l’OTAN était une protection, et non un problème. Un an après le début de l’offensive russe, j’appelais à défendre le droit international et à construire un « nouveau paradigme de sécurité collective post-bipolaire ». L’urgence n’a pas changé, elle s’est accrue.
Le mal nommé « plan de paix » pour l’Ukraine fait écho au plan pour Gaza de Trump, qui sert là encore les intérêts de son allié néofasciste, Benjamin Netanyahou. Le choix du « cessez-le-feu » se fait au détriment des conditions réelles qui permettraient de construire la paix. Car celle-ci suppose d’assurer la coexistence par la justice, des conditions de sécurité pour tous et la réparation.
Clémentine Autain