Dans le bulletin de « L’Après »:
Un choc Immense.
Un choc immense. L’annonce des résultats de la présidentielle aux États-Unis a sidéré. Et pour cause : les Américain.es ont choisi un milliardaire de 78 ans, condamné au pénal, climato-négationniste, ami de Benjamin Netanyahou ou Elon Musk, et pour qui les migrants mangent les chats et les chiens. Oui, ils ont préféré cet ultra-libéral, cet ennemi de la démocratie, ce va-t-en-guerre à une femme, noire, qui dénonce la menace fasciste et défend le droit à l’avortement.
Nos pensées vont aux plus vulnérables, aux femmes et aux personnes racisées, qui en paieront le prix fort aux États-Unis. Notre inquiétude porte sur la culture et la vérité qui vont faire un nouveau tour dans la broyeuse. La catastrophe est aussi planétaire. L’inquiétude est forte pour les Ukrainien.nes, toujours plus victimes de l’agression de Poutine, et les Palestinien.nes, massacrés par un pouvoir israélien qui organise sa disparition. L’horizon de la paix se mue en mirage.
Comment en est-on arrivé là ? Même si les conditions de l’élection et les pays diffèrent, nous devons tirer des leçons à gauche. La défaite des élites, la rupture des dirigeants avec le peuple, la désinformation et l’essor de médias d’extrême-droite, nous conduisent au fascisme. Le capitalisme et le consumérisme génèrent de l’individualisme, du ressentiment et de l’abêtissement. Autant de carburants pour le trumpisme, comme pour ses avatars partout dans le monde.
En attendant les analyses plus précises du scrutin, je retire un enseignement : seule une gauche qui offre une perspective de société réellement différente, s’en prenant aux racines du mal, n’ayant pas peur d’assumer la cohérence de ses convictions, peut être à la hauteur du défi. Une gauche capable d’en finir avec le poison néofasciste est celle qui incarne la dignité et la fierté populaire. Elle ne peut le faire en singeant le populisme d’extrême droite. Elle réussira en cherchant à rassembler sur une base réellement transformatrice.
Comme l’écrit Bernie Sanders, “il ne faut pas s’étonner que le Parti démocrate, qui a abandonné la classe ouvrière, se rende compte que la classe ouvrière l’a abandonné.”
Clémentine Autain