Libé­ra­tion/ Washing­ton Post, 7 novembre: « Derrière la victoire de Trump, une coali­tion répu­bli­caine trans­for­mée »

Cet article publié dans le « Washing­ton Post » a été sélec­tionné par « Libé­ra­tion ». Il a été traduit avec l’aide d’ou­tils d’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, sous la super­vi­sion de nos jour­na­listes, puis édité par la rédac­tion.

Derrière la victoire de Trump, une coali­tion répu­bli­caine trans­for­mée

Lati­nos, banlieues aisées, zones rurales : l’an­cien président a été élu grâce à un réali­gne­ment histo­rique de l’élec­to­rat améri­cain. Des avan­cées qui suscitent une vive intros­pec­tion au sein du Parti démo­crate.
 
publié le 7 novembre 2024

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est le fruit d’un réali­gne­ment histo­rique de l’élec­to­rat améri­cain, qui a boule­versé des décen­nies de coali­tions poli­tiques. Trump a non seule­ment conso­lidé son soutien parmi les hommes et les élec­teurs blancs sans diplôme univer­si­taire, mais il a égale­ment réalisé des avan­cées signi­fi­ca­tives auprès des élec­teurs lati­nos, des primo-votants et des foyers à reve­nus modestes et inter­mé­diaires, selon les premiers sondages de sortie des urnes.

Dans les Etats pivots ayant décidé de l’élec­tion, Trump a égale­ment grignoté des bastions démo­crates tradi­tion­nels : les zones urbaines et les banlieues aisées en Penn­syl­va­nie, les élec­teurs noirs dans le Wiscon­sin, et les élec­teurs arabes du Michi­gan. Il a égale­ment élargi ses marges dans les comtés ruraux de Géor­gie et du Wiscon­sin, compen­sant large­ment l’avance de la vice-prési­dente Kamala Harris dans les zones métro­po­li­taines, notam­ment à Atlanta et Milwau­kee. Il demeure cepen­dant incer­tain si cette victoire de Trump annonce un chan­ge­ment durable au sein de l’élec­to­rat répu­bli­cain ou si ce phéno­mène est propre à sa person­na­lité.

Globa­le­ment, Donald Trump a amélioré ses résul­tats de 2020 dans plus de 90 % des comtés où au moins 90 % des votes ont été dépouillés, marquant un désa­veu pour la gouver­nance démo­crate des quatre dernières années et un soutien aux poli­tiques de Trump, souvent très fermes, notam­ment en matière d’im­mi­gra­tion illé­gale.

Un Parti répu­bli­cain devenu « multi-ethnique »

Le mouve­ment le plus marqué est survenu parmi les élec­teurs lati­nos, qui ont basculé vers Trump de 25 points à l’échelle natio­nale. Harris a certes remporté une courte majo­rité de ce groupe au niveau natio­nal, avec 53 % des voix contre 45 %, mais cela repré­sente une chute spec­ta­cu­laire par rapport à l’écart de 33 points en faveur de Biden en 2020. Parmi les hommes lati­nos de tous âges, le soutien à Trump a augmenté de 18 points.

« Donald Trump a trans­formé le Parti répu­bli­cain en un parti multi-ethnique et ouvrier qui attire davan­tage ceux qui se situent en bas de l’échelle des reve­nus, plutôt qu’en haut, analyse Whit Ayres, un sondeur répu­bli­cain. La coali­tion répu­bli­caine tradi­tion­nelle était plus aisée, instruite, de classe moyenne, contrai­re­ment à une base davan­tage ouvrière et popu­laire, qui consti­tuait autre­fois le cœur du Parti démo­crate. Ce n’est plus le cas. »

Les avan­cées de Trump auprès de groupes histo­rique­ment acquis aux démo­crates ont suscité une vive intros­pec­tion au sein du Parti démo­crate, dès mardi soir et dans la jour­née de mercredi. Malgré une campagne au cours de laquelle Trump a joué sur les ressen­ti­ments, menacé de recou­rir à l’ar­mée contre des citoyens améri­cains et ses enne­mis poli­tiques, promis un vaste programme d’ex­pul­sions, et multi­plié les insultes racistes, sexistes et xéno­phobes lors de ses meetings, il a non seule­ment amélioré ses résul­tats par rapport à 2020, mais est égale­ment en passe de rempor­ter le vote popu­laire, pour la première fois en trois campagnes prési­den­tielles.

Pour les conseillers de Trump, gagner le vote popu­laire valide leur stra­té­gie de campagne. Trump s’est concen­tré sur l’élar­gis­se­ment de son soutien auprès des élec­teurs noirs et lati­nos, espé­rant montrer une désillu­sion crois­sante envers les poli­tiques de Harris dans des commu­nau­tés tradi­tion­nel­le­ment démo­crates. Si le soutien de 46 % des élec­teurs lati­nos envers Trump se confirme, cela repré­sen­te­rait un record pour un candi­dat répu­bli­cain dans les sondages de sortie des urnes, dépas­sant numé­rique­ment le score de 44 % obtenu par George W. Bush en 2004 – alors que les Lati­nos repré­sentent aujourd’­hui une part plus impor­tante de l’élec­to­rat.

Percée dans des Etats démo­crates

(…) Susie Wiles, direc­trice de campagne de Trump, a dit à plusieurs reprises aux conseillers qu’elle était certaine que Trump sédui­rait davan­tage les mino­ri­tés que tout autre candi­dat répu­bli­cain avant lui (..)

Trump et les répu­bli­cains avaient déjà commencé à faire des percées auprès des Lati­nos lors de la prési­den­tielle de 2020 et des élec­tions de mi-mandat de 2022. Avant prési­den­tielle de cette année, l’ex-président et ses alliés ont inten­si­fié leurs efforts pour conqué­rir une part plus impor­tante de cet élec­to­rat clé. La campagne Trump s’est parti­cu­liè­re­ment effor­cée de cour­ti­ser les hommes lati­nos, les jeunes et ceux qui votaient de manière irré­gu­lière ou ne votaient pas du tout. Une grande partie du message envoyé à cette commu­nauté consis­tait à blâmer les démo­crates pour les diffi­cul­tés écono­miques rencon­trées au cours des quatre dernières années, à commen­cer par l’in­fla­tion qui a dure­ment touché les familles lati­nas et noires.

Trump a égale­ment tenté de divi­ser les élec­teurs lati­nos, en faisant une distinc­tion entre les immi­grants récem­ment arri­vés, qu’il a souvent déni­grés, et ceux instal­lés depuis des années, qu’il décrit comme des « Améri­cains travailleurs ». Des signes clairs indiquaient égale­ment une défec­tion crois­sante de ces élec­teurs vis-à-vis des démo­crates. (…)

Solide avan­tage chez les hommes blancs

Parmi les hommes de moins de 30 ans, Trump a gagné huit points de pour­cen­tage, obte­nant 47 % des voix selon les sondages natio­naux. Il a égale­ment progressé de quatre points chez les hommes entre 30 et 44 ans, obte­nant la majo­rité de leurs voix. Mais le gain n’a pas été exclu­si­ve­ment mascu­lin – il a égale­ment progressé de cinq points parmi les femmes de moins de 30 ans.

Trump a réalisé des gains signi­fi­ca­tifs parmi les élec­teurs ayant des reve­nus infé­rieurs à 100 000 dollars. En 2020, les foyers avec des reve­nus fami­liaux infé­rieurs à 50 000 dollars favo­ri­saient Biden de 11 points, tandis que ceux entre 50 000 et 100 000 dollars le favo­ri­saient de 15 points. Quatre ans plus tard, Trump partage presque à parts égales les voix de ces élec­teurs avec Harris.

En plus des progrès réali­sés auprès de larges pans de l’élec­to­rat, Trump a conservé son solide avan­tage auprès des élec­teurs blancs sans diplôme univer­si­taire et des hommes blancs. Mais il a égale­ment gagné sept points parmi non blancs non diplô­més.

Joe Borelli, un répu­bli­cain de New York, observe un « glis­se­ment répu­bli­cain plus large vers les classes popu­laires non blanches ». Selon lui, « les gens envi­sagent leurs problèmes en termes d’idéo­lo­gie et d’éco­no­mie. L’élec­tri­cien qui appar­tient à la classe moyenne, proprié­taire de son appar­te­ment, est le même gars, peu importe qu’il soit blanc ou noir. Sa famille subit les mêmes pres­sions socio-écono­miques. »

Certains répu­bli­cains estiment que l’ex­ploi­ta­tion par Trump des ques­tions de guerre cultu­relle, en parti­cu­lier les athlètes trans­genres, a égale­ment contri­bué à augmen­ter son soutien parmi certains groupes clés.

Donald Trump a remporté les élec­teurs blancs sans diplôme univer­si­taire avec une avance de 34 points au niveau natio­nal, selon les sondages de sortie des urnes, proche de son avance de 31 points en 2020. Il a égale­ment remporté les hommes blancs avec un écart de 23 points, inchangé par rapport à 2020. L’an­cien président a égale­ment remporté les voix des femmes blanches avec huit points d’avance, bien qu’en baisse par rapport à ses 11 points de 2020.

Des primo-votants séduits(…)

Le candi­dat répu­bli­cain a égale­ment élargi ses marges dans les zones rurales, tandis que Harris a sous-performé par rapport à Biden dans les villes démo­crates. Cette combi­nai­son, asso­ciée à un virage à droite des grandes banlieues et des villes moyennes, a donné la victoire à Trump dans chaque Etat clé où un vainqueur a jusqu’à présent été annoncé. (…)

Autre primo-votant en Penn­syl­va­nie, Jaxon Steele, 20 ans, de Butler, a égale­ment voté Trump dans un bureau situé non loin de l’en­droit où l’ex-président a échappé à une tenta­tive d’as­sas­si­nat, au mois de juillet. Comme chez de nombreux élec­teurs de Trump, l’éco­no­mie est au cœur de ses préoc­cu­pa­tions. Ayant grandi avec une mère céli­ba­taire, il se souvient que sa famille se sentait plus en sécu­rité finan­ciè­re­ment lors de la première prési­dence Trump. Au début de la pandé­mie, les restric­tions sani­taires impo­sées aux entre­prises « ont eu un impact massif sur la jeune géné­ra­tion », explique Steele. Alors que l’in­fla­tion s’en­vo­lait, il s’est mis à s’inquié­ter pour sa géné­ra­tion, de plus en plus exclue du marché immo­bi­lier. « Que Trump soit une brute ou non, cela n’a pas d’im­por­tance, conclut le jeune homme. Ce qui compte, c’est qu’il peut remettre l’éco­no­mie sur les rails. »

Article origi­nal de Yasmeen Abuta­leb, Dan Keating, Sabrina Rodri­guez et Josh Dawsey, publié le 6 novembre 2024 dans le « Washing­ton Post »

https://www.libe­ra­tion.fr/inter­na­tio­nal/amerique/derriere-la-victoire-de-trump-une-coali­tion-repu­bli­caine-trans­for­mee-20241107_XZYCML5CSZABNHP3UW5JUSAVTQ/

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