Un demi-degré Celsius peut paraître insi­gni­fiant. En pratique, augmen­ter la tempé­ra­ture d’un demi-degré n’est pas de nature à nous faire enle­ver notre pull. Pour le climat, c’est une autre affaire. C’est ce que vient de confir­mer le Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat (Giec) qui vient de publier son rapport spécial. Entre un réchauf­fe­ment à 2°C (objec­tif prin­ci­pal de l’ac­cord de Paris) et un réchauf­fe­ment à 1,5°C, les consé­quences sur les condi­tions de vie sont colos­sales.

Le résul­tat de la synthèse des travaux quan­ti­ta­tifs et quali­ta­tifs du Giec est, s’il était encore possible d’en douter, sans appel. Entre 1,5ºC et 2ºC, la perte de l’ha­bi­tat natu­rel pour les verté­brés double, la perte des récifs coral­liens est presque totale.

A +1,5 °C, le niveau des mers aura gagné 26 à 77 cm d’ici à 2100.

A +2°C, ce serait 10 cm de plus, soit jusqu’à 10 millions de personnes supplé­men­taires affec­tées.

La Terre s’est déjà réchauf­fée de 1°C. Et selon les prévi­sions de l’ONU, nous sommes plutôt sur une trajec­toire de 3°C. Et ce, si l’on suit des modèles linéaires d’aug­men­ta­tion de la tempé­ra­ture corré­lée à l’aug­men­ta­tion des émis­sions alors que des études plus alar­mantes pointent la possi­bi­lité d’un embal­le­ment incon­trô­lable du climat, passé un certain seuil d’émis­sion.

Les Etats du monde entier se réuni­ront à Kato­wice en Pologne début décembre lors de la COP 24. Le but affi­ché: redou­bler d’ef­fort pour éviter de foncer dans le mur. Mais la réalité est bien loin des belles paroles. Selon un rapport de l’OSCE, sur les 180 signa­taires de l’ac­cord de Paris, neuf pays seule­ment ont soumis des programmes concrets.

« Chan­ger le système, pas le climat », c’est le slogan depuis de nombreuses années du mouve­ment pour la justice clima­tique. Mais depuis début septembre c’est, en quelque sorte, aussi celui de Nico­las Hulot. Venant de la part d’un ancien ministre macro­niste, c’est la démons­tra­tion flagrante que la poli­tique des petits pas ne suffit pas. Pour éviter les catas­trophes annon­cées – qui se font hélas déjà sentir – il nous faut faire l’exact inverse des Macron, Juncker, Trump et consorts. D’ailleurs, le Giec l’écrit noir sur blanc puisqu’il appelle à des trans­for­ma­tions « sans précé­dents ». Il faut mettre fin à l’im­passe capi­ta­liste crois­san­ciste en réin­ven­tant nos modèles de produc­tion, de consom­ma­tion et de vivre en société.

L’Eu­rope dans le viseur

Bien qu’au premier abord les élec­tions euro­péennes de mai 2019 paraissent rela­ti­ve­ment décon­nec­tées des ques­tions clima­tiques, une partie impor­tante du match se jouera à ce moment-là. En effet, ce qui est décidé à Bruxelles condi­tionne gran­de­ment nos poli­tiques éner­gé­tiques et agri­coles mais aussi de gestion de l’eau, des trans­ports et des déchets.

En s’ins­pi­rant des alter­na­tives en construc­tion, comme c’est le cas des « mairies du chan­ge­ment » en Espagne, de l’exemple d’Alter­na­tiba qui vient de boucler son Tour et des résis­tances comme Ende Gelände en Alle­magne ou de la marche pour le climat du 8 septembre, la liste Main­te­nant le peuple, portée par La France insou­mise, présen­tera l’an­née prochaine des propo­si­tions aux anti­podes de ce que défendent actuel­le­ment les insti­tu­tions euro­péennes : un programme lucide qui ne cède pas au catas­tro­phisme pour faire de la tran­si­tion écolo­gique une formi­dable occa­sion d’éta­blir un nouveau para­digme.

Pour cela, il faut adop­ter la règle verte à l’échelle euro­péenne, c’est-à-dire, ne pas préle­ver sur la nature plus de ressources renou­ve­lables que ce qu’elle peut recons­ti­tuer. Pour y parve­nir, il est essen­tiel de recon­naître l’éner­gie comme un bien commun, de rele­ver consi­dé­ra­ble­ment les objec­tifs clima­tiques pour 2030, de mettre fin aux privi­lèges pour les éner­gies fossiles, d’ar­rê­ter de subven­tion­ner l’ITER, le réac­teur nucléaire basé sur la fusion, de substi­tuer le marché carbone par des objec­tifs contrai­gnants de dimi­nu­tion dras­tique des émis­sions de gaz à effet de serre via des plans secto­riels et garan­tir des méca­nismes de soli­da­rité inter­na­tio­nale pour préser­ver les ressources des pays du Sud et permettre leur juste déve­lop­pe­ment.

En outre, à l’image de Notre-Dame-des-Landes, il est crucial de stopper les grands projets inutiles et impo­sés, d’as­su­rer la protec­tion incon­di­tion­nelle des écosys­tèmes qui stockent le carbone comme les forêts et les zones humides, tout en déve­lop­pant l’agro-écolo­gie locale qui peut, elle aussi, fixer d’énormes quan­ti­tés de carbone dans les sols.

Faire le pari résolu de la tran­si­tion écolo­gique à l’échelle euro­péenne, c’est aussi faire le pari de l’em­ploi. Selon la plate­forme Emplois-Climat, il est possible de créer un million d’em­plois net en France dans les secteurs d’ac­ti­vité liés au climat.

C’est pourquoi, pour ce si précieux demi-degré mais aussi pour construire un futur dési­rable pour toutes et tous, les liste Main­te­nant le peuple seront l’an­née prochaine le bulle­tin de vote clima­tique.

Laurence Lyon­nais candi­date Main­te­nant le peuple/France insou­mise aux élec­tions euro­péennes de 2019 , Pierre Marion Colla­bo­ra­teur de Pode­mos au Parle­ment euro­péen, en charge des ques­tions éner­gé­tiques