C’est avec consternation que nous avons appris que Black M pourrait être l’artiste du grand concert gratuit de fin d’été organisé par la Ville de Poitiers.
Certaines victimes des violences verbales perpétrées en 2010 par le groupe Sexion d’Assaut dont faisait partie Black M nous ont déjà fait part de leur indignation face à un tel choix.
Rappelons qu’il s’agissait d’une incitation aux meurtres homophobes suivi plus tard d’une déclaration du groupe musical réaffirmant ses propos et revendiquant un prétendu « droit » à exprimer sa haine homophobe.
Compte tenu de la situation, l’association En Tous Genres condamne ce choix désastreux en terme de lutte contre les discriminations. S’il ne s’agissait que d’actes perpétrés en 2010 comme certain-e-s (élu-e-s ou pas) veulent le laisser entendre et que des excuses publiques sincères avaient été faites, l’incident pourrait être considéré comme clos. Mais, ce n’est absolument pas le cas.
En 2013, dans sa chanson « Ailleurs »(1), Black M se félicite d’avoir pu tenir des propos homophobes en toute impunité dans une allusion à peine voilée adressée à ses victimes.
Si nous tenons à insister sur le terme de victimes, c’est à la fois parce que, par définition, tous propos et actes discriminatoires supposent des bourreaux et des victimes. C’est aussi parce que, sur ce sujet (homophobie) comme sur d’autres (transphobie, sexisme, racisme, pédophilie…), les bourreaux n’hésitent pas à tenter de se faire passer pour des victimes, démontrant par là-même leur absence de remords et de considération pour les vrai-e-s victimes mais également leur incapacité à ne pas récidiver. Leurs « excuses » et certaines interviews relativement récentes de membres du groupe Sexion d’Assaut sont de ce point de vue là très éloquentes.(2)
En 2015, Black M est interdit d’antennes radios en Belgique suite à des propos antisémites(4), ce qui est là encore dans la continuité de la déclaration(3) de Sexion d’Assaut de 2010 à propos des croyants (autres que musulmans) : « […]on respecte quand même un minimum les autres et on ne peut pas les forcer à être dans le vrai et musulmans comme nous »
La vigilance (quel que soit son degré de réalité) n’empêchera pas les dégâts. Dès lors que des propos homophobes sont lancés, les dégâts sont une réalité immédiate pour les victimes qui auront eu à supporter ces énièmes violences verbales et qui courront le risque de croiser des homophobes qui se sentant ainsi légitimé-e-s les agresseront physiquement.
Hasard du calendrier, dans le même temps où s’ouvrait ce débat, était mise en place dans la Vienne et dans d’autres préfectures une commission qui ne travaillera que sur le racisme et l’antisémitisme, contrairement au projet présenté par le Premier Ministre qui incluait l’homophobie (5).
Les LGBTIphobies continuent d’être des discriminations non traitées par l’État via ses préfectures. Doit-on comprendre que, contrairement à certains de ses voisins européens, la france ne souhaite toujours pas combattre les LGBTIphobies et qu’il est même possible de les perpétrer avec de l’argent public ?
(1). http://www.jeuxvideo.com/forums/1–51–52149522–1–0–1–0-clip-black-m-homop…
(2). http://www.chartsinfrance.net/Maitre-Gims/news-85940.html
(3). http://www.chartsinfrance.net/Black-M/news-99455.html
(4). http://choualbox.com/Iw11
(5). http://www.gouvernement.fr/partage/4975-discours-de-manuel-valls-a-la-pr…