La manif « jour de colère » a vu, le dimanche 26 janvier, au moins 20000 personnes défiler à Paris avec des slogans racistes; les groupes nazis côtoyaient les monarchistes et intégristes, les hydrophobes manifestaient non loin des islamophobes. Tous communiaient dans leurs haines: haine de la démocratie, haine des « minorités », des étrangers, haine de toute idée d’émancipation sociale.
Le 2 février, la « manif pour tous », malgré des défections et malgré la neutralité feinte de l’UMP et du FN a rassemblé plus de 100 000 personnes à Paris et Lyon (200 000?), mêlant les ennemis de la démocratie du dimanche précédant et des forces réactionnaires qui furent ravis de se mêler à ces derniers. Un mélange réussi et nouveau de la droite et de l’extrême-droite qui avait commencé lors des grands rassemblements de la « manif pour tous » soutenu par la hiérarchie de l’Église catholique.
Le climat politique est assurément dangereux pour nos idéaux. Les idées racistes et fascistes occupent la rue et font reculer un gouvernement qui renonce à sa loi sur la famille dès le lendemain. Un gouvernement qui applique une politique antisociale déterminée qui reçoit l’approbation du MEDEF et qui trouble même quelques députés du Ps et quelques ministres d’EE-LV. Une politique qui provoque un profond rejet, tout à fait justifié, parmi ce qui fut appelé « le peuple de gauche ».
C’est sur ce terreau de crise sociale et politique prolongée, de désespérance politique rampante que les réactionnaires et les fascistes prospèrent.
Il y a 80 ans, en février 1934 à Paris les ligues factieuses occupaient la rue et se donnaient l’objectif d’en finir avec la république, d’instaurer une dictature. Ils échouèrent, la gauche dans sa multiplicité se ressaisit ensuite ; ce fut le Front populaire et sa vague de grèves. Puis ce fut le reflux, puis la guerre, Pétain au pouvoir et la revanche des groupes fascistes de février 1934. Une « révolution nationale », dictature fondée sur l’ordre moral le rejet de toutes les idéologies socialistes et communistes et sur l’antisémitisme, attirant beaucoup de jeunes intellectuels bourgeois, se mit en place avec la bienveillance d’Hitler. En Europe, il était « minuit dans le siècle ».
Aujourd’hui, au nom de la lutte « contre le système », ce vieux slogan des pétainistes de l’Oeuvre française, le geste de la quenelle, produit marketing de l’antisémite Dieudonné, est devenu un geste repris par les groupes ennemis de toute démocratie qui ont manifesté le 26 janvier.
Il faut réagir dans la rue et au plus vite.
Le Front de gauche peut être à l’initiative d’un riposte unitaire, politique et sociale, contre cette montée du fascisme. Ensemble est prêt à participer à cette riposte. Cette riposte sera de longue durée, elle est indépendante dans ses rythmes de l’agenda électoral; elle doit rassembler toutes les forces disponibles, sur un idéal d’émancipation sociale, soit sans aucune connivence avec ce gouvernement.
A Poitiers, un collectif unitaire avec des jeunes du MJCF, de la CNT, du NPA et d’autres a manifesté contre la venue de Marine Le Pen. Action juste tant les liens du FN avec la galaxie Dieudonné, avec les islamophobes du Bloc identitaire, avec les intégristes catholiques sont prouvés, tant ces liens entretenus par J.M. Le Pen sont actualisés par l’équipe de Marine Le Pen. Tant le FN est inscrit dans une tradition politique qui passe par Pétain, l’OAS , les négationnistes des chambres à gaz. A Poitiers, une liste FN pour les municipales est annoncée.
D’une façon plus permanente, très régulièrement, le collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » (DNSI) intervient à Poitiers, contre le racisme, contre les politiques immigration discriminatoire, pour la régularisation de tous les sans-papiers, contre la propagation des idéologies d’extrême-droite et le FN. C’est un cadre unitaire qui regroupe actuellement (signataires de son dernier tract):les organisations politiques Ensemble,PG,NPA et EE-LV, le syndicat Solidaires, la CIMADE de Poitiers et d’autres associations (Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France, RESF86, DAL86).
Avec DNSI, multiplions les initiatives contre le FN et les autres nouveaux fascistes. C’est cette association pluraliste et unitaire qui peut permettre d’être efficace dès à présent sur ce terrain.
Clémentine Autain, dans un article de Mediapart consultable aussi sur le site d’Ensemble, le propose : « La droite dure prend la rue, le gouvernement dit de gauche mène une politique de droite, comment pourrions-nous rester l’arme au pied ? Ce serait une folie. Vite, donnons de la voix, ensemble. Marchons, manifestons ! »
Pascal B (Ensemble)