Le but déclaré de l’événement était de faire “découvrir l’histoire politique et la culture des Comores, échanger sur l’évolution de la famille aux Comores et en France, résister à l’air du temps en construisant ensemble de la citoyenneté et de l’intégration sociale !”.
La première approche de l’événement était originale. Bertrand Geay au nom de l’IEPop a présenté les Comores … aux Comorien-nes présent-es : « voici ce que j’ai cru comprendre », « voici ce que je n’ai pas du tout compris », « dites-nous ce que vous en pensez, ce que vous savez ».
Le parti-pris de centrer l’intervention sur l’organisation familiale aux Comores devait permettre d’enclencher un échange avec la salle où même les non spécialistes pouvaient participer. La réunion avait d’ailleurs été préparée par des entretiens enregistrés de témoignages de Comorien-nes dont nous avons pu entendre quelques extraits.
Mais il a fallu un certain temps pour que les réponses d’abord timides des Comorien-nes éclairent les incompréhensions du public ignorant des Comores.
De loin les Étrangers, en l’occurrence ici les Comorien-nes, paraissent souvent uni-es voire uniformes. Le débat a permis de voir la diversité des parcours et des opinions : différences de générations, différences entre les îles, différences d’organisations familiales, différences d’opinions sur le rôle de l’État par rapport aux traditions, différences d’appréciations sur la tradition du Grand Mariage, etc.
Ce dernier point sur l’Ada (le Grand Mariage, cérémonie coutumière occupant une fonction sociale très voire trop importante aux Comores) a créé un débat polémique et néanmoins respectueux entre Comorien-nes. Au début cela partait un peu dans tous les sens mais au fur et à mesure les non Comorien-nes ont pu saisir quelques enjeux et réalités , bien mieux que dans un exposé académique.
Le rôle de l’anthropologue et comédien Ibrahim Barwane a été déterminant pour dynamiter le discours consensuel sur les Comores qui aurait tendu à enfermer la diversité des réalités dans des visions par trop proche du folklore.
Les organisateurs et organisatrices, à leur plus grande satisfaction, ont été rapidement débordé-es par les interventions qui ont pris une tournure inattendue : quel rôle de la coutume par rapport à l’État ? Que faire face à la corruption ? Quelle place des jeunes quand ils/elles rentrent au pays ? Quelles responsabilité de la puissance coloniale française dans l’histoire, même très récente, des Comores ? Le débat fut (grâce au débordement?) dense, complexe, roboratif, enrichissant pour tou-tes les participant-es, Comorien-nes ou pas.
Les absent-es ont eu tort ! On en redemande !
Vite, une suite !
Pascal C.
Pour l’instant on peut retrouver une partie de la réalité comorienne ce jeudi 20 octobre à Vouneuil sous Biard avec une intervention de Yohan Delhomme, permanent de la Cimade sur la situation migratoire actuelle et les atteintes aux droits des étrangers avec une information sur les « décasages » de 2016 (évacuation et destruction de logements).
Vendredi 9 décembre de 18h00 à 21h00 l’ IEPop annonce d’ores et déjà une soirée débat sur « la laïcité contre le racisme » où interviendront notamment des enseignant-es d’Histoire et de classes de français pour étrangers.
Si vous êtes intéressé-e pour participer aux IEPop, contactez-nous et on fera suivre votre courriel