Décla­ra­tion d’En­semble-Insou­mis, le 3 février 2019

Il y a un courant dans ensemble qui se nomme Ensemble!insou­mis. Ce courant s’est regroupé autour de la néces­sité de parti­ci­per à la construc­tion de France Insou­mise. Une mino­rité s’y oppose de façon diverse.
Une réunion récente a permis de faire le point.
D’autres textes suivront prochai­ne­ment.

Un mouve­ment aux fortes poten­tia­li­tés
Le puis­sant mouve­ment des Gilets jaunes a ouvert une crise poli­tique d’am­pleur. Sa force et sa longé­vité sont surpre­nantes. La violence de la répres­sion, les décla­ra­tions d’Em­ma­nuel Macron, la stig­ma­ti­sa­tion par les médias domi­nants, les petites victoires engran­gées, les tenta­tives de récu­pé­ra­tion par l’ex­trême droite, rien n’y fait, il se pour­suit, et garde dans la popu­la­tion une popu­la­rité non négli­geable. Lancé indé­pen­dam­ment de toute struc­ture syndi­cale, asso­cia­tive ou poli­tique, il a su s’auto-orga­ni­ser et utili­ser les réseaux sociaux, préfi­gu­rant les moda­li­tés des mobi­li­sa­tions à venir. Il a en grande partie évolué vers la gauche (retour de l’ISF, augmen­ta­tion des salaires et des retraites, lutte contre l’éva­sion fiscale, taxa­tion des grandes multi­na­tio­nales pour lutter contre le réchauf­fe­ment clima­tique, égalité fisca­le….), malgré son absence de lien orga­nique ou expli­cite avec le mouve­ment ouvrier. Il s’agit indé­nia­ble­ment d’un mouve­ment de classe, bien qu’il ne mette en mouve­ment qu’une partie des sala­rié.es, à savoir, pour l’es­sen­tiel, des frac­tions depuis long­temps éloi­gnées du mouve­ment syndi­cal et social. Les reven­di­ca­tions les plus popu­laires au sein du mouve­ment renvoient à l’exi­gence de démo­cra­tie et à la ques­tion sociale. Bien qu’il ait enre­gis­tré des victoires et qu’il ait ramené la ques­tion sociale au centre du débat public l’is­sue poli­tique du mouve­ment n’est évidem­ment pas donnée. L’ato­nie, ou l’hos­ti­lité, de la plupart des direc­tions syndi­cales natio­nales, la faiblesse du mouve­ment social et des forces de gauche peut favo­ri­ser des dérives, racistes, anti­sé­mites ou homo­phobes (dont nous condam­nons l’ex­pres­sion) sur des ques­tions centrales sociales et démo­cra­tiques, même si pour l’heure elles ont été écar­tées car trop clivantes, notam­ment celle qui concerne les migrant.es. Mais l’ab­sence d’un débou­ché poli­tique clai­re­ment arti­culé à une pers­pec­tive démo­cra­tique, sociale et écolo­gique fait peser une incer­ti­tude sur la situa­tion poli­tique qui en sortira. Il est déci­sif de peser pour une issue progres­siste et éman­ci­pa­trice. Parmi les points d’ap­pui en ce sens figure la force des mobi­li­sa­tions consta­tées depuis quelques mois  pour le climat, contre les violences faites aux femmes, pour l’édu­ca­tion, et à Marseille mobi­li­sa­tion pour un loge­ment digne…  
2.       Un gouver­ne­ment en diffi­culté Le chef de l’Etat et le gouver­ne­ment sont en diffi­culté et font tout pour reprendre la main, notam­ment par le biais du « Grand débat ». Après tant de défaites, il est déci­sif que la mobi­li­sa­tion des Gilets jaunes ait contraint le pouvoir à recu­ler, même si les conces­sions sont extrê­me­ment limi­tées et ont en commun de ne pas mettre à contri­bu­tion les riches ou le patro­nat. La prime concé­dée aux forces de l’ordre est d’une tout autre ampleur et démontre à quel point le pouvoir craint de perdre tout contrôle sur la situa­tion. Cette situa­tion explique égale­ment la fuite en avant vers des pratiques répres­sives d’une gravité inédite. Reste le « Grand débat », dont Macron a d’ores et déjà fixé le cadre et les limites, démon­trant au passage sa volonté de foca­li­ser entre autres les enjeux sur la ques­tion des migrant.es. Il paraît peu probable qu’une telle initia­tive soit de nature à satis­faire les aspi­ra­tions portées par le mouve­ment.
3.       Agir dans la crise poli­tique Dans cette situa­tion d’af­fai­blis­se­ment du pouvoir, sans précé­dent depuis 1968, nous devons nous saisir des enjeux et agir. La crise poli­tique est profonde. Les fonde­ments mêmes de la Ve Répu­blique sont remis en cause. La violence de la répres­sion par les forces de l’ordre doit être dénon­cée et faire l’objet d’une riposte unitaire Un retour aux urnes dans le cadre d’un proces­sus consti­tuant, est une bataille poli­tique qui garde tout son sens. Deux tâches appa­raissent centrales. D’une part, nous devons travailler à la conver­gence entre les diffé­rents secteurs mobi­li­sés, gilets jaunes, écolo­gistes, syndi­ca­listes, jeunes et fonc­tion­naires sur une pers­pec­tive commune de rupture avec l’ordre actuel. Rupture à la fois démo­cra­tique, sociale et écolo­gique. D’autre part, nous devons travailler à créer les condi­tions qu’une telle pers­pec­tive puisse se traduire par le rassem­ble­ment d’une majo­rité poli­tique, notam­ment si la crise actuelle du pouvoir entraîne une disso­lu­tion de l’as­sem­blée natio­nale. Dans cette pers­pec­tive, nous appe­lons à la mise en place d’as­sem­blées citoyennes partout, mettant en débat une nouvelle consti­tu­tion, et construi­sant un programme qui arti­cule reven­di­ca­tions démo­cra­tiques (proces­sus consti­tuant vers une 6e répu­blique ), reven­di­ca­tions écolo­giques (justice clima­tique, réforme des trans­ports, tran­si­tion vers une agri­cul­ture paysanne, fin des niches fiscales pour les gros pollueurs, fin des trai­tés de libre échange liber­ti­cides ) et reven­di­ca­tions sociales (retrait de l’ISF et du CICE, répar­ti­tion des richesses, services publics, notam­ment éduca­tion et santé, mesures pour les salaires, les pensions et les mini­mas sociaux, droit à un loge­ment digne, mesures pour l’éga­lité entre femmes et hommes, pour l’ac­cueil des migrant.es ). Seul un tel programme est aujourd’­hui suscep­tible d’uni­fier les sala­rié.es en lutte, les secteurs mobi­li­sés pour lutter contre le réchauf­fe­ment clima­tique, les femmes en lutte contre les violences, les lycéen.nes mobi­li­sés contre la casse du service public d’édu­ca­tion, les mouve­ments de soli­da­rité avec les migrant.es. Ces assem­blées doivent permettre l’in­ves­tis­se­ment de toutes ces forces en mouve­ment, ainsi que des mili­tant.es et des forces orga­ni­sées du mouve­ment social et syndi­cal, toutes celles et ceux qui portent un projet de trans­for­ma­tion sociale. Pour mener à bien ces tâches, la France Insou­mise doit inter­ve­nir de manière orga­ni­sée, en tant que mouve­ment poli­tique, afin de contri­buer à défendre et renfor­cer les posi­tons progres­sistes. Nous devons égale­ment et en paral­lèle prépa­rer acti­ve­ment l’échéance des élec­tions euro­péennes, qui aura valeur de test. Dans ce contexte nous devons construire une alter­na­tive poli­tique de gauche et écolo­giste suscep­tible de gagner des élec­tions locales (muni­ci­pales), mais aussi des échéances natio­nales. Cette alter­na­tive ne se construira pas par la simple l’ad­di­tion des orga­ni­sa­tions déjà exis­tantes. En revanche elle se doit de respec­ter le plura­lisme au sein de la gauche de trans­for­ma­tion sociale et des écolo­gistes.
4.       Agir dans la France Insou­mise Nous propo­sons que cette orien­ta­tion soit celle de la France Insou­mise dans son ensemble, prin­ci­pale force à gauche, en mesure de prendre des initia­tives et de peser sur la situa­tion. Comme telle la FI devrait se donner comme objec­tif de rassem­bler sur cette orien­ta­tion et cette démarche les forces sociales et poli­tiques dispo­nibles.C’est à quoi nous œuvrons au sein de la FI et publique­ment en tant que courant poli­tique. Nous initions un proces­sus de rencontres, avec l’équipe diri­geante de FI et les divers courants poli­tiques qui inter­viennent à tous les niveaux dans la FI pour mettre en débat cette propo­si­tion ainsi que celles qui concernent la démo­cra­tie au sein du mouve­ment, formu­lées dans un texte diffusé en décembre 2018. En la matière nos préoc­cu­pa­tions sont simples : face aux diffi­cul­tés auxquelles elle se trouve confron­tée, la FI doit se doter d’une stra­té­gie et d’une commu­ni­ca­tion stables, lisibles par le plus grand nombre. Il est égale­ment néces­saire que les orien­ta­tions défen­dues fassent l’objet d’un débat collec­tif qui ne se limite pas au seul groupe parle­men­taire. Ces deux objec­tifs ne peuvent être remplis qu’en progres­sant vers un fonc­tion­ne­ment plus démo­cra­tique.
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Ensemble-Insou­mis, objec­tifs et struc­tu­ra­tion
 
Objec­tifs poli­tiques du courant
 
Notre courant Ensemble-Insou­mis peut jouer dans la période un rôle à la mesure de ses moyens sur trois fronts : la parti­ci­pa­tion à la construc­tion du front social ; la construc­tion d’une alter­na­tive poli­tique éco-socia­liste, à voca­tion majo­ri­taire, qui serait favo­ri­sée par une meilleure struc­tu­ra­tion et un fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique de la FI ; l’ani­ma­tion d’un courant d’idées et d’ac­tions inter­ve­nant sur le champs social et poli­tique.
 
1.    D’abord, au sein du mouve­ment social, nous sommes porteurs d’une stra­té­gie de construc­tion d’un front social unitaire et plura­liste, permet­tant d’al­lier des moments d’auto-orga­ni­sa­tion et la mise en mouve­ments des struc­tures syndi­cales et asso­cia­tives plus tradi­tion­nelles.
 
2.    Ensuite, concer­nant la France Insou­mise, nous restons convain­cus qu’elle peut jouer un rôle déter­mi­nant dans la construc­tion d’une alter­na­tive poli­tique, dans un champ poli­tique qui n’est pas encore stabi­lisé, et que l’Ave­nir en commun consti­tue une base solide qui peut être le centre de gravité program­ma­tique de cette construc­tion. Pour cela, nous voulons parti­ci­per à l’in­ven­tion d’un fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique adapté aux nouvelles moda­li­tés de l’en­ga­ge­ment poli­tique, pour être en mesure de faire vivre la plura­lité des points de vue et de mettre en mouve­ment des équipes mili­tantes ancrées sur l’en­semble du terri­toire.
 
3.    Au sein de la FI, nous défen­dons l’idéal d’une révo­lu­tion sociale, écolo­giste débou­chant sur une société éman­ci­pée de toutes les oppres­sions de genre ou de race. Pour nous, le combat pour l’auto éman­ci­pa­tion est indis­so­ciable d’une visée clai­re­ment auto­ges­tion­naire. Nous pensons que la trans­for­ma­tion révo­lu­tion­naire de la société exigera un long proces­sus d’af­fron­te­ment avec les classes domi­nantes qui combi­nera auto-orga­ni­sa­tion des citoyens, luttes sociales et poli­tiques, victoires élec­to­rales et conquête de posi­tions insti­tu­tion­nelles.
 
4.    Dans cette pers­pec­tive, nous voulons construire une orga­ni­sa­tion anti­ca­pi­ta­liste, écoso­cia­liste. Nous devons dès main­te­nant en explo­rer la faisa­bi­lité avec les groupes parties prenantes de la FI mais aussi les milieux mili­tants et les groupes poli­tiques avec lesquels nous sommes en contact et qui ne sont pas dans la FI sans y être forcé­ment hostiles.
 
 
 
Struc­tu­ra­tion

 
Pour faire vivre ce projet, nous déci­dons d’avan­cer dans notre struc­tu­ra­tion.
 
–          Nous nous dotons de moyens finan­ciers, selon des moda­li­tés à défi­nir avec Ensemble ! et d’une équipe d’ani­ma­tion élue tous les ans.
 
–          Nous défi­nis­sons les moda­li­tés de notre expres­sion publique, incluant des prises de posi­tions régu­lières sur l’ac­tua­lité, mais aussi sur les ques­tions poli­tiques et stra­té­giques qui se posent aujourd’­hui pour la FI et les courants poli­tiques qui y parti­cipent. Nous agis­sons dans la FI et y faisons des propo­si­tions d’ana­lyses, d’éla­bo­ra­tions, d’ini­tia­tive à tous niveaux en recher­chant les conver­gences. Pour celles que nous jugeons impor­tantes et qui ne sont pas reprises par la FI, nous nous donnons les moyens d’avoir notre propre expres­sion, voire de prendre des initia­tives, seuls ou avec d’autres le cas échéant. Nous assu­mons d’ex­pri­mer une distance critique publique avec l’équipe diri­geante de FI lorsque cela s’im­pose.
 
–          Notre fonc­tion­ne­ment repose sur la consti­tu­tion d’ac­cords larges lors des rencontres natio­nales, sans s’in­ter­dire de voter si cela s’avé­rait néces­saire.
 
–          Nous assu­rons une présence visible lors des initia­tives de la FI (amphis d’été, Conven­tion).
 
–          Nous ouvrons la possi­bi­lité à une adhé­sion large à notre courant et nous invi­tons tous ceux qui partagent nos combats à nous rejoindre.
 
–          Nous renforçons le site, qu’il convient d’ali­men­ter, et le faisons connaître.

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