Attentats meurtriers, montée des idées racistes et xénophobes, crise sociale, écologique et démocratique, le sentiment de ne pas avoir prise sur les événements grandit. Les forces du capital continuent de modeler la société en martelant qu’il n’y a pas d’alternative. Prendre à bras le corps la question du dépassement du système et commencer à produire des éléments d’une vision cohérente de la société pour ne pas en rester à des luttes défensives devient urgent.
François Hollande et Manuel Valls sont manifestement déterminés à entrer dans l’Histoire comme les plus grands fossoyeurs des idées de gauche en France. Ce quinquennat aura accumulé les régressions sociales et démocratiques jusqu’aux derniers actes : une politique anti terroriste au détriment des libertés publiques et de la démocratie la criminalisation des syndicalistes tels les 8 salariés de Goodyear Amiens injustement condamnés, et la déchéance de nationalité qui constitue une rupture profonde avec l’idée d’égalité et qui marque l’ultime adieu de ce gouvernement à la gauche.
L’heure est à la refondation à la reconstruction d’un nouveau projet et d’une nouvelle gauche dans ce pays. Des millions d’hommes et de femmes y aspirent.
Dans les quartiers populaires, les entreprises, les territoires, parmi les jeunes, les salariés, les précaires, les intellectuels, les énergies existent pour défendre les idées de solidarité, de justice sociale, de respect de l’environnement. Dans le mouvement social, dans les associations, les syndicats, au Front de Gauche, à EELV, au sein de la gauche du Parti Socialiste, à Nouvelle Donne, dans la gauche radicale, des forces sont disponibles, mais elles sont aujourd’hui trop dispersées sans projet commun pour pouvoir faire force transformatrice. Et aussi parmi tous ceux qui ont été déçus par la gauche, qui ne votent plus. Il faut chercher à rassembler largement pour faire face aux défis qui sont posés aujourd’hui : l’enlisement dans la résignation, un écho croissant pour le Front National et une droite radicalisée qui prépare son retour au pouvoir.
Refonder la gauche, rassembler le peuple dans sa diversité, cela passe par la capacité de faire émerger un nouvel imaginaire, d’inventer de nouvelles pratiques politiques, de sortir des schémas pré-établis. Aujourd’hui des défis urgents sont là. Il faut poser les premiers jalons de cette refondation. Réunissons-nous et discutons-en !
Cela suppose de redonner un sens et une crédibilité aux grandes exigences d’une nouvelle gauche écologiste et solidaire : une véritable démocratie qui permette à chacun de participer aux grandes décisions qui déterminent notre avenir commun, le choix d’un mode de développement soutenable en rupture avec l’accumulation sans entrave des profits, avec le productivisme et le consumérisme, une égalité réelle entre tous les citoyens, la fin des privilèges d’une oligarchie financière qui s’accapare les richesses au détriment des biens communs. Il donnerait toute leur place aux services publics et à la protection sociale. C’est un véritable projet alternatif au capitalisme mondialisé dont nous voulons poser les bases.
Chaque mobilisation, qui refuse la fatalité des reculs sociaux et démocratiques, constitue un apport pour construire un nouvel espoir. Il est décisif de mettre en échec le projet de réforme constitutionnelle qui impose un « état d’urgence » permanent et la honteuse mesure de déchéance de la nationalité. Il faut, plus que jamais, défendre la démocratie et les libertés et notamment exiger tous les droits politiques pour les étrangers résidents et lutter ainsi contre toutes les discriminations.
Après le COP 21, des mobilisations pour la justice climatique se construisent, notamment en mai prochain contre l’exploitation des gaz de schistes et l’extractivisme, contre les grands projets inutiles comme Notre Dame des Landes. Il est nécessaire de lier une bataille pour l’emploi et pour la défense des services publics – réduction du temps de travail, embauches, salaires – avec la question de l’urgence climatique et la nécessaire transition énergétique : des millions de personnes ne doivent pas rester au chômage et dans la précarité alors qu’une politique en rupture avec le néolibéralisme pourrait leur donner toute leur place ! Il est temps de mettre au cœur de la bataille contre le chômage la question de l’appropriation par les travailleurs eux-mêmes de leurs outils de travail. La campagne contre la réforme du Code du travail initiée dans un large cadre unitaire constitue un moment important dans la contre-offensive contre les idées libérales et les exigences patronales
C’est dans le cadre de ce processus de refondation que nous abordons les échéances présidentielles et législatives de 2017. La logique de l’élection présidentielle et de la Vème République étouffe plus que jamais la vie démocratique du pays. Notre objectif est de ne pas subir cette échéance et de faire prévaloir les aspirations démocratiques sociales et écologiques. Nous soutenons la nécessité de l’inversion du calendrier électoral entre l’élection présidentielle et les élections législatives, lesquelles devraient se faire à la proportionnelle, pour redonner la priorité au débat sur les projets par rapport aux enjeux de personnes.
Ensemble ! travaillera avec l’objectif de candidatures communes aux élections présidentielles et législatives de 2017 rassemblant toutes les personnes et les forces qui ont commencé à converger, le Front de Gauche, EEELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radicale, les forces du mouvement social et syndical.
Le Front de Gauche doit se transformer et s’ouvrir pour continuer. Il n’a pas été suffisamment fort et attirant pour que le rassemblement autour de lui suffise à répondre à la situation. Face à la politique du gouvernement cherchant à concrétiser une alliance avec des secteurs du centre et de la droite, le Front de Gauche doit travailler à une nouvelle coalition plus large, avec toutes les forces de gauche qui rejettent les errements des gouvernements Hollande, et qui veulent redéfinir les bases d’une majorité alternative à l’austérité, au tournant sécuritaire, et refonder le projet d’une République sociale, démocratique et écologique.
Plusieurs appels et déclarations proposent que s’engage un processus de désignation d’un candidat commun de toute la gauche pour 2017. Cela reflète le plus souvent une volonté de changer de politique, d’engager une démarche citoyenne, et un refus de se résigner à devoir s’aligner sur la politique de Hollande pour contrer le FN et la droite. Mais comment y inclure Hollande et Valls, qui ne peuvent représenter ni être acceptés par ceux qui refusent l’austérité, défendent les services publics, les droits et les libertés ? L’existence d’une autre gauche que celle de Valls et Hollande est une condition pour remobiliser les millions d’hommes et de femmes de gauche qui rejettent ce gouvernement et se détournent de la politique.
L’aspiration à l’unité face à la politique de Valls et Hollande existe dans le pays. Les expériences de large rassemblement aux élections régionales, comme la liste « Nouveau Monde » en Languedoc Roussillon Midi Pyrénées ont montré que l’unité des forces à la gauche du PS était nécessaire mais pas suffisante. Il faut commencer par la construction d’un projet commun, articulé avec le choix de candidats communs qui devront se mettre au service du projet.
Pour Ensemble, il est indispensable de construire une démarche de rassemblement incluant les forces sociales et politiques, les citoyens qui portent des propositions partagées de façon à déboucher sur les grands axes d’un projet alternatif. Cette démarche doit s’appuyer sur la une véritable participation citoyenne mettant entre les mains du plus grand nombre l’ensemble des décisions politiques, qui ne doivent pas rester l’apanage des seuls partis politiques. Il faut refuser toute logique de division, ou de décisions unilatérales de candidatures ; préférer la construction d’un nouveau rassemblement et d’une proposition politique nouvelle ; permettre ainsi de désigner des candidatures à la présidentielle et aux législatives. Des candidatures qui doivent être représentatives, acceptées par toutes les forces du rassemblement, et suffisamment fortes pour déjouer les pièges d’une « tripartition » de l’espace politique, ne laissant place qu’à trois option, le FN , la droite, ou la politique du gouvernement, et faisant disparaître toute alternative de gauche.
Un tel rassemblement pour construire son programme, sa stratégie et désigner ses candidats pourrait procéder par de larges votations citoyennes qui permettent l’implication du maximum d’énergies et l’émergence d’une nouvelle gauche dans le pays.
Ensemble participera à toutes les initiatives qui permettent d’avancer dans ce sens à l’échelle locale comme à l’échelle nationale. Il contribuera par tous les moyens à la construction de ce rassemblement, de son programme, de ses candidatures.
Equipe d’animation nationale d’Ensemble!