Non à la « loi asile » et à sa logique de contrôle, de tri et d’expulsion !
Le projet de loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif » prévoit d’expulser plus… pour sauver l’asile.
Gérard Collomb ne s’en cache pas, son objectif est d’augmenter le nombre de reconduites effectives à la frontière.
C’est d’ailleurs ce que dénoncent les salariés de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et de la
CNDA ( Cour nationale du droit d’asile) en grève contre ce projet et qui écrivent : « Dix ans de persécution, deux heures d’instruction » et qui dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».
Un accès aux droits restreint pour augmenter le nombre de déboutés
Le projet de loi prévoit de réduire le délai des procédures de demande d’asile à 6 mois contre 11 actuellement.
Cela entraine pour les migrants des difficultés supplémentaires pour faire reconnaître leurs droits à la protection.
Le délai pour présenter une demande d’asile une fois arrivé sur le territoire national passe de 120 à 90 jours.
Celui pour faire appel d’une décision négative de l’OFPRA est réduit à 15 jours au lieu de 30. Cet appel n’est plus suspensif. Cela signifie qu’un débouté du droit d’asile pourra être expulsé avant que sa situation ne soit évaluée par la CNDA.
Autre changement , la convocation à l’entretien individuel à l’OFPRA comme les notifications du rejet pourront être effectuées par « tous moyens ». Plus de recommandé avec accusé de réception. En situation précaire, le risque pour le
demandeur de rater sa convocation augmente fortement comme celui de se retrouver hors délai pour un recours.
Une machine à expulser plus de déboutés plus vite
Le droit au maintien sur le territoire cesse des la lecture en audience publique de la décision négative de la CNDA !. On peut craindre des arrestations à la sortie des audiences.
Les motifs conduisant à l’assignation à résidence ou au placement en Centre de Rétention des déboutés du droit d’asile sont élargis. Un moyen permettant d’avoir ces migrants sous la main afin de faciliter leur « éloignement ».
Le délai légal en Centre de Rétention Administrative passe de 45 à 90 jours. Ce délai pouvant même atteindre 135 jours.
L’intervention du Juge des Libertés et de la Détention repoussée à 5 jours permettra d’expulser sans attendre la vérification de la légalité de la procédure.
Des mesures qui conduisent à criminaliser les migrant.e.s
Pendant son transfert vers le centre de rétention, un étranger ne pourra plus communiquer, rapprochant encore un peu plus ces lieux de l’espace carcéral.
La retenue administrative par les forces de police pour vérification du droit au séjour passe de 16h à 24h. Soit le délai d’une garde à vue…
Les grands absents du texte sont les « dublinés », pourtant très nombreux, ces migrants dont les demandes ne sont pas examinées, sous prétexte qu’ils sont entrés en Europe par un autre pays de l’espace Schengen. Expulsés le plus souvent vers l’Italie, leur demande d’asile n’y est pourtant pas enregistrée la plupart du temps. Nombre d’entre eux y écopent d’une obligation de quitter le territoire italien (OQTI) et se voient conseiller par la police transalpine de repasser la frontière. Direction la France où les attendront systématiquement demain, les contrôles et placements en rétention.
Tous ces obstacles, toutes ces barrières ne feront que renforcer les souffrances des migrant-es, et les laisser à la merci des réseaux de passeurs. Notre pays a les moyens d’accueillir dignement, dans le respect des droits fondamentaux ces
hommes, femmes et enfants qui ont fui, souvent au péril de leur vie, une dictature, la misère, les désordres climatiques ou la guerre.
Nous exigeons :
Le retrait du projet de loi asile,
La régularisation des sans-papiers,
l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes,
la prise encharge des mineurs non accompagnés.
Nous appelons à développer toutes les formes de solidarité avec les migrant.e.s .
Rassemblement 18h Palais de Justice tous les 1er mercredis du mois
Poitiers, le 7 mars