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Presse / Tribune libre

Edwy Plenel. Media­part. « Combattre l’an­ti­sé­mi­tisme en toute clarté »

pascal bpar pascal b1 juin 2024

Inter­ve­nant au 92e congrès de la Ligue des droits de l’homme (LDH) qui s’est récem­ment tenu à Bordeaux, son président sortant Patrick Baudouin s’est alarmé d’une « into­lé­rable remon­tée de l’an­ti­sé­mi­tisme, qu’il convient de disso­cier de l’an­ti­sio­nisme et de la dénon­cia­tion des auto­ri­tés israé­liennes ». « La LDH, a-t-il pour­suivi, dont la créa­tion est liée à la répa­ra­tion d’une injus­tice liée à l’an­ti­sé­mi­tisme, entend là aussi ne rien lais­ser passer », ajou­tant qu’elle luttera avec « le même enga­ge­ment » face au « risque d’aug­men­ta­tion, déjà avérée, des actes isla­mo­phobes ».

Bien­venu, ce rappel doit cepen­dant aller au-delà d’un discours de circons­tance pour réus­sir à secouer en profon­deur l’iner­tie d’une partie de la gauche face à ce retour de l’an­ti­sé­mi­tisme, qui nour­rit légi­ti­me­ment l’inquié­tude, sinon la peur, de la commu­nauté juive. Même si l’enquête établis­sait qu’il s’est agi de l’acte isolé d’un déséqui­li­bré, la tenta­tive d’in­cen­die de la syna­gogue de Rouen du 17 mai témoigne d’un air du temps empoi­sonné, tout comme d’ailleurs, en 2019, l’at­taque de la mosquée de Bayonne par un octo­gé­naire soli­taire disait la bana­li­sa­tion, poten­tiel­le­ment meur­trière, de l’is­la­mo­pho­bie.

Mais cette vigi­lance sans exclu­sive face à toutes ces haines ordi­naires, que décuple la percée média­tique et élec­to­rale de l’ex­trême droite, ne saurait conduire à sous-esti­mer la dange­ro­sité spéci­fique de l’an­ti­sé­mi­tisme. Car, loin d’être une variante du racisme parmi d’autres, il en est le point de cris­tal­li­sa­tion. Sur ce conti­nent comme dans ce pays, on ne saurait l’ou­blier. C’est en Europe qu’eut lieu, au mitan du XXe siècle, l’ex­ter­mi­na­tion indus­trielle du peuple juif par l’Al­le­magne nazie. Et c’est en France qu’a surgi à la fin du XIXe siècle l’an­ti­sé­mi­tisme moderne, sur un fond de vieil antiju­daïsme chré­tien qui en fut l’arme idéo­lo­gique.

On ne révoque pas un tel passé tant ses crimes sont incom­men­su­rables et, par consé­quent, impres­crip­tibles. Dans sa volonté d’at­ti­ser les tensions françaises à des fins de désta­bi­li­sa­tion géopo­li­tique, le régime fasci­sant de Vladi­mir Poutine le sait parfai­te­ment : en l’état des enquêtes, on ne peut exclure que ses services secrets, via des filières moldave et bulgare, aient monté les provo­ca­tions anti­sé­mites des étoiles de David dans le XIVe arron­dis­se­ment, puis des mains ensan­glan­tées visant en parti­cu­lier le Mémo­rial de la Shoah. S’ins­cri­vant dans une longue tradi­tion des services russes, du tsarisme au stali­nisme, ces mani­pu­la­tions desti­nées à jeter de l’huile sur le feu soulignent la néces­sité d’une riposte qui n’ajoute pas à la confu­sion.

« Socia­lisme des imbé­ciles »

Le piège tendu à celles et ceux, notam­ment dans la jeunesse, qui s’en­gagent, se mobi­lisent et se poli­tisent face aux oppres­sions et aux discri­mi­na­tions, et plus parti­cu­liè­re­ment face à la si longue injus­tice faite au peuple pales­ti­nien, est de méses­ti­mer, pire de déser­ter, la lutte contre l’an­ti­sé­mi­tisme au prétexte qu’elle est reven­diquée par leurs adver­saires conser­va­teurs et réac­tion­naires, voire, dans un sinistre para­doxe, par l’ex­trême droite elle-même. Promue par les gouver­nants israé­liens et leurs soutiens incon­di­tion­nels, mais parfois épou­sée par quelques défen­seurs égarés de la cause pales­ti­nienne, l’iden­ti­fi­ca­tion des juifs de France à l’État d’Is­raël trans­forme ce piège en traque­nard.

C’est ici qu’un retour aux sources de la créa­tion de la Ligue des droits de l’homme est utile et néces­saire. Fondée le 4 juin 1898, quelques mois après la paru­tion, le 13 janvier 1898 dans L’Au­rore, du fameux « J’ac­cu­se… ! » d’Émile Zola, elle concré­tise le sursaut du camp progres­siste en défense de l’in­no­cence du capi­taine Alfred Drey­fus, victime en 1894 d’une machi­na­tion anti­sé­mite et alors déporté sur l’île du Diable en Guyane.

Un sursaut, parce que durant quatre longues années, l’in­dif­fé­rence au sort inique de Drey­fus s’était nour­rie d’un préjugé raciste qui n’a pas de fron­tière sociale et qui, en l’es­pèce, iden­ti­fiait les juifs à l’usure, donc à l’argent et, partant, au capi­ta­lisme.

Ce « socia­lisme des imbé­ciles », selon la formule du social-démo­crate alle­mand August Bebel, que fut alors la judéo­pho­bie au sein de la gauche poli­tique et sociale, déser­tait l’uni­ver­sa­lité des droits humains. Il s’ha­billait d’ar­gu­ties idéo­lo­giques, recou­vrant des égoïsmes de classe, pour justi­fier de leur tour­ner le dos au prétexte que, de milieu bour­geois, offi­cier mili­taire et juif de surcroît, Alfred Drey­fus méri­tait son sort.

Si le combat drey­fu­sard, dont la jeune LDH fut l’ori­flamme, reste dans l’his­toire comme l’un de ces moments rares où le sort moral de tout un peuple s’est joué sur le destin d’un seul, c’est parce qu’il portait au plus haut la cause d’une égalité sans fron­tières.

Refu­ser ce poison rela­ti­viste de la concur­rence des victimes et de la hiérar­chie des oppres­sions où se ruinent l’es­pé­rance d’une huma­nité commune et la construc­tion d’une univer­sa­lité véri­table.

En face, l’an­ti­sé­mi­tisme moderne, dont La France juive d’Édouard Drumont, publié en 1886 chez Flam­ma­rion, fut le premier bréviaire, s’achar­nait à métho­dique­ment détruire cette promesse d’éga­lité, qui est au ressort des éman­ci­pa­tions – sans distinc­tion d’ori­gine, de croyance, d’ap­pa­rence, etc. Se reven­diquant anti­ca­pi­ta­liste, La Libre Parole, le jour­nal de Drumont, affi­chait ce sous-titre : « La France aux Français. » Cette xéno­pho­bie procla­mée allait de pair avec une radi­ca­li­sa­tion des idéo­lo­gies de civi­li­sa­tions et de races supé­rieures qui accom­pa­gnaient l’ex­pan­sion colo­niale des impé­ria­lismes euro­péens. Dans le sillage d’émeutes antijuives, Drumont fut ainsi élu député d’Al­ger en 1898 et le resta jusqu’en 1902.

Telle est la première raison qui impose de ne jamais déser­ter la lutte contre l’an­ti­sé­mi­tisme : refu­ser ce poison rela­ti­viste de la concur­rence des victimes et de la hiérar­chie des oppres­sions où se ruinent l’es­pé­rance d’une huma­nité commune et la construc­tion d’une univer­sa­lité véri­table. C’est ce qu’a souli­gné l’avo­cat Arié Alimi, désor­mais vice-président de la LDH, en rappe­lant dans Juif, français, de gauche… dans le désordre sa parti­ci­pa­tion réso­lue à la marche contre l’is­la­mo­pho­bie du 10 novembre 2019, tout en appe­lant la gauche à ne jamais aban­don­ner les juifs face à l’an­ti­sé­mi­tisme, même au risque de côtoyer ces anti­sé­mites d’hier qui, désor­mais, « affichent un philo­sé­mi­tisme de façade au détri­ment des musul­mans » deve­nus l’en­nemi prin­ci­pal.

C’était déjà l’aver­tis­se­ment de Frantz Fanon, cette haute figure des luttes anti­co­lo­niales, de la Marti­nique à l’Al­gé­rie, que nous avions tôt convoquée, sur Media­part, en réplique à Dieu­donné, « ce pitre qui ne fait pas rire ». Il s’agit d’un passage de Peau noire, masques blancs (1952) où il cite son profes­seur de philo­so­phie antillais qui lui avait dit : « Quand vous enten­dez dire du mal des juifs, dres­sez l’oreille, on parle de vous. »

Non seule­ment, commen­tait Fanon, il enten­dait « par là que j’étais respon­sable, dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère », mais surtout, « il voulait tout simple­ment dire : un anti­sé­mite est forcé­ment négro­phobe ».

Car, à cette posi­tion de prin­cipe – ne jamais divi­ser la lutte contre le racisme, ennemi mortel de l’éga­lité – s’ajoute une ques­tion de fond, déci­sive : la place parti­cu­lière de l’an­ti­sé­mi­tisme dans les idéo­lo­gies qui théo­risent le rejet et la haine de l’autre.

Le noyau dur du racisme

Fonc­tion­nant comme des poupées gigognes, les racismes s’em­boîtent et s’en­tre­tiennent dans un engre­nage qui finit toujours par char­rier l’ima­gi­naire anti­sé­mite et son registre complo­tiste, où l’autre est fantasmé comme un intrus, un infil­tré, un ennemi de l’in­té­rieur, un corps étran­ger, une sorte de virus dont la proli­fé­ra­tion serait une menace pour l’iden­tité préten­du­ment authen­tique d’une nation et d’un peuple.

C’est en ce sens que l’an­ti­sé­mi­tisme est idéo­lo­gique­ment au noyau dur du racisme, car il fonde et radi­ca­lise le rejet du mélange et du bras­sage, du dépla­ce­ment et du mouve­ment, du métis­sage ou de la créo­li­sa­tion. Et c’est un Français qui en a donné la théo­ri­sa­tion la plus abou­tie, un Français dont l’hé­ri­tage intel­lec­tuel conti­nue d’ins­pi­rer et de façon­ner les droites extrêmes d’aujourd’­hui : Charles Maur­ras, (….)

Jusqu’à sa mort en 1952, y compris dans ses mémoires en défense devant la justice de l’épu­ra­tion, Maur­ras va reven­diquer et défendre son « anti­sé­mi­tisme d’État » qu’il diffé­ren­ciait de l’an­ti­sé­mi­tisme biolo­gique du nazisme, préten­dant inno­cen­ter ainsi sa pensée de tout racisme. « Ce peuple qui est un peuple, écrit-il ainsi à son juge d’ins­truc­tion le 12 décembre 1944, ce peuple juif, n’est pas un peuple comme les autres, en ceci qu’il n’a point de terri­toire qui lui soit parti­cu­lier. Il habite les pays des autres… »

Dénonçant les juifs comme « une Nation dans la Nation, un État dans l’État, une commu­nauté dans la commu­nauté », il s’en prend à la « puis­sance juive [qui] n’est pas une puis­sance comme les autres », car « un juif qui devient Français ne cesse pas d’être juif ». « Notre anti­sé­mi­tisme d’État, conclut-il, est une précau­tion de défense natio­nale et de salut public. »

Mener en toute clarté le combat contre l’an­ti­sé­mi­tisme, c’est donc le mener réso­lu­ment malgré ceux, fussent-ils juifs, qui en ont déserté l’enjeu démo­cra­tique, à savoir l’éga­lité des droits pour toutes et tous.

Ce ne sont là que quelques cita­tions d’une longue réflexion, écrite en prison, dont l’ap­pa­rente froi­deur théo­rique laisse échap­per l’in­hu­ma­nité qui la hante quand Maur­ras évoque « la lèpre juive », le « déluge israé­lite », ce « péril juif » dont il fallait « sauver la France ». Des mots d’époque qui furent autant de condam­na­tions à mort pour des hommes, des femmes, des enfants qui n’avaient qu’un seul tort : être né·es juifs et juives. (…)

Mais dès lors, il leur fallut pous­ser jusqu’à son terme cette remise en cause, en ques­tion­nant le cœur de la doctrine maur­ras­sienne, ce « natio­na­lisme inté­gral » dont se reven­dique aujourd’­hui Éric Zemmour. Cette formule théo­rise une nation iden­ti­taire qui n’ac­cepte une autre culture, reli­gion ou origine, avec leurs diffé­rences et leurs parti­cu­la­ri­tés, qu’à condi­tion qu’elles soient sépa­rées, mises à distance ou parties ailleurs. Le fantasme du « grand rempla­ce­ment », dont le corol­laire serait la « remi­gra­tion » des popu­la­tions visées, n’en est que l’ex­pres­sion la plus viru­lente.

Convoquer cette tradi­tion intel­lec­tuelle de l’ex­trême droite française permet de clari­fier l’enjeu contem­po­rain de la lutte contre l’an­ti­sé­mi­tisme, qui en vérité concerne toute commu­nauté stig­ma­ti­sée et discri­mi­née à laquelle on enjoint de ne pas s’af­fir­mer comme telle, de se dissoudre et de s’ef­fa­cer, injonc­tion qui entre­tient le désir mala­dif qu’elle dispa­raisse. Dans une sorte de lapsus, l’ac­tuel ministre de l’in­té­rieur Gérald Darma­nin avait laissé échap­per, en 2021, sa proxi­mité avec cet héri­tage en utili­sant une gram­maire anti­sé­mite par la compa­rai­son de son combat contre « le sépa­ra­tisme isla­miste » à la poli­tique antijuive de Napo­léon face aux « problèmes d’in­té­gra­tion des juifs à la Nation française ».

Mener en toute clarté le combat contre l’an­ti­sé­mi­tisme, c’est donc le mener réso­lu­ment malgré ceux, fussent-ils juifs, qui en ont déserté l’enjeu démo­cra­tique, à savoir l’éga­lité des droits pour toutes et tous. L’ori­gine ne protège de rien et seul le présent fait preuve. Embarquer la dénon­cia­tion de l’an­ti­sé­mi­tisme français dans un aligne­ment incon­di­tion­nel à la poli­tique de la droite extrême israé­lienne, qui reven­dique un natio­na­lisme iden­ti­taire jusque dans sa dimen­sion reli­gieuse, c’est para­doxa­le­ment en faire le jeu ici même.

(….)

En s’iden­ti­fiant aux poli­tiques qui, en Israël, refusent l’éga­lité des droits aux Pales­ti­niens, l’ex­trême droite fait d’une pierre deux coups : d’un côté, elle se norma­lise, se bana­lise et s’ins­ti­tu­tion­na­lise ; de l’autre, elle sauve son corps de doctrine qui est le refus du mélange et du bras­sage, la quête d’une illu­soire pureté iden­ti­taire par l’ex­clu­sion des corps préten­dus étran­gers, immi­grés, arabes, afri­cains, musul­mans, etc.

À ce sinistre jeu, les juifs de France fini­ront par perdre à leur tour s’ils ne se disent pas, à l’ins­tar de Frantz Fanon, qu’ils doivent eux aussi dres­ser l’oreille quand on dit du mal de ces Autres-là.

———————————

Dans son Histoire des haines natio­na­listes, dont le titre prin­ci­pal « La France aux Français » reprend le slogan du jour­nal de l’an­ti­sé­mite Drumont, l’his­to­rien Pierre Birn­baum avait d’ailleurs large­ment docu­menté une tradi­tion d’ex­trême droite favo­rable au sionisme en tant que mouve­ment natio­na­liste juif dont le grand mérite serait de débar­ras­ser la France de sa popu­la­tion juive.

Que de nos jours un discours aussi brutal soit impen­sable et indi­cible n’em­pêche pas l’idéo­lo­gie qui l’anime d’être toujours active.

En mai 1943, le colla­bo­ra­teur Marcel Déat, ex-socia­liste devenu pro-nazi, signait ainsi une procla­ma­tion inti­tu­lée « Vers un État juif », où il disait ceci : « Un terri­toire, un État, une nation, voilà le magni­fique cadeau que l’Eu­rope se déclare prête à offrir aux juifs. Mais à une condi­tion, c’est qu’ils en soient tous rési­dents, c’est que les douze tribus s’y retrouvent au grand complet. »

De fait, dès 1890, Édouard Drumont propo­sait, pour se débar­ras­ser des juifs, de « les renvoyer tous en Pales­tine ». En somme, « les juifs chez eux, les Français chez eux », insis­tera l’un de ses plus fidèles disciples, Jacques Plon­card, tandis que, toujours sous Vichy, d’autres colla­bo­ra­teurs écri­ront sans fard que « la solu­tion du problème juif repose sur un sionisme inté­gral, dans un sionisme cent pour cent. Et dans un sionisme obli­ga­toire pour le peuple maudit. […] Aujourd’­hui que commence en France l’esquisse d’un anti­sé­mi­tisme légal, nous rêvons d’un monde nouveau. Nous rêvons d’un monde sans juifs. Nous rêvons d’un monde où Jéru­sa­lem serait la capi­tale du nouveau royaume de Juda ».

Que de nos jours un discours aussi brutal soit impen­sable et indi­cible n’em­pêche pas l’idéo­lo­gie qui l’anime d’être toujours active. Toute déser­tion à gauche du combat contre l’an­ti­sé­mi­tisme fait le jeu des droites extrêmes en leur permet­tant de s’en servir comme levier idéo­lo­gique d’une promo­tion de l’iden­tité contre l’éga­lité. Ni l’éga­re­ment d’une partie de la commu­nauté juive française, qui pense se proté­ger en se livrant aux héri­tiers de ses bour­reaux, ni la poli­tique crimi­nelle de l’ex­trême droite israé­lienne, qui alimente l’an­ti­sé­mi­tisme en cher­chant à annexer à sa perdi­tion le judaïsme mondial, ne sauraient justi­fier de céder un pouce dans cette bataille vitale.

S’il en était besoin, une ultime pièce à convic­tion pour­rait convaincre les hési­tants. Elle est d’un jour­na­liste qui fut une figure aussi oubliée qu’elle avait été impor­tante de la colla­bo­ra­tion média­tique : Domi­nique Sordet,

En juin 1944, alors que tout sera bien­tôt perdu pour lui-même et son monde, il publie Les derniers jours de la démo­cra­tie. (…)

« Qu’est-ce que la démo­cra­tie ? Les doctri­naires de la démo­cra­tie posent un premier prin­cipe, celui de l’éga­lité des hommes », écrit Sordet. Et c’est alors qu’il abat ses cartes : « L’État démo­cra­tique descend du judaïsme. L’éga­lité est une passion juive. Aux anti­podes de l’es­prit égali­taire, la notion de hiérar­chie est au contraire essen­tiel­le­ment aryenne. »

(…) « Israël, écrit ce fasciste français qui était un distin­gué musi­co­logue, a répandu à haute dose, dans les civi­li­sa­tions marquées de son empreinte, le venin de la passion égali­taire.  »

On peut être un défen­seur de la cause pales­ti­nienne, à ce titre oppo­sant résolu à la poli­tique actuelle de l’État d’Is­raël, et, néan­moins, défendre et reven­diquer, pour toute l’hu­ma­nité, cet Israël-là, celui qu’abhorrent les fascistes d’hier et d’aujourd’­hui : la promesse univer­selle d’éga­lité.

Edwy Plenel

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