Dans la lumière bleue : Série photographique
« On a souvent coutume de mesurer la « qualité » d’une présence au ressenti de son absence. Et s’il est désormais une absence qui parvient à troubler en profondeur notre quotidien, c’est bien celle de nos portables et autres Smartphones dont l’oubli nous laisse sinon désemparés, du moins démunis voire désarmés.
La question est de savoir jusqu’où ce qui n’est qu’un objet technologique parvient à s’introduire dans nos vies. Parvient-il à définir une nouvelle dimension de l’intime ? On le porte avec soi, sur soi. Il connait nos déplacements, nos heures de réveil, nos divertissements, nos centres d’intérêt, nos questions sur le monde. Il sait nos amis, il conserve nos images… Et pour peu qu’on le questionne sur nous, il est capable de (presque) tout dire de nous. Qu’on nous le vole, et c’est une violence insupportable, un viol de l’intime, comme un cambriolage de notre quotidien.
Peut-on décrocher, peut-on lui échapper ? Dans notre sommeil peut-être ; nos rêves lui sont peut-être étrangers. Pourtant, même là, il est souvent tout près, sur la table de nuit, parfois sous l’oreiller, rassurant, nous empêchant sans doute de trop nous éloigner du monde qui est le nôtre, comme un doudou qui nous protège de l’étranger, de l’inconnu, qui rappelle nos liens, cette toile tissée de nos contacts quand on veille.
Dans la nuit, dans la lumière bleue du portable, j’ai donc épié le sommeil de ceux qui sont nés avec cet objet étrange, des jeunes gens d’aujourd’hui… ».
Séverine Lenhard
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Dans la lumière bleue : Série photographique
« On a souvent coutume de mesurer la « qualité » d’une présence au ressenti de son absence. Et s’il est désormais une absence qui parvient à troubler en profondeur notre quotidien, c’est bien celle de nos portables et autres Smartphones dont l’oubli nous laisse sinon désemparés, du moins démunis voire désarmés.
La question est de savoir jusqu’où ce qui n’est qu’un objet technologique parvient à s’introduire dans nos vies. Parvient-il à définir une nouvelle dimension de l’intime ? On le porte avec soi, sur soi. Il connait nos déplacements, nos heures de réveil, nos divertissements, nos centres d’intérêt, nos questions sur le monde. Il sait nos amis, il conserve nos images… Et pour peu qu’on le questionne sur nous, il est capable de (presque) tout dire de nous. Qu’on nous le vole, et c’est une violence insupportable, un viol de l’intime, comme un cambriolage de notre quotidien.
Peut-on décrocher, peut-on lui échapper ? Dans notre sommeil peut-être ; nos rêves lui sont peut-être étrangers. Pourtant, même là, il est souvent tout près, sur la table de nuit, parfois sous l’oreiller, rassurant, nous empêchant sans doute de trop nous éloigner du monde qui est le nôtre, comme un doudou qui nous protège de l’étranger, de l’inconnu, qui rappelle nos liens, cette toile tissée de nos contacts quand on veille.
Dans la nuit, dans la lumière bleue du portable, j’ai donc épié le sommeil de ceux qui sont nés avec cet objet étrange, des jeunes gens d’aujourd’hui… ».
Séverine Lenhard