Psychiatrie
Un article de Clémence Nayrac et Géraldine Tribault , Hospimedia, 27 mars. Extraits.
« Le contrôleur général des lieux de privation de liberté demande au Gouvernement des mesures d’urgence pour la psychiatrie dans le contexte de crise sanitaire. Déjà, depuis plusieurs jours, les représentants de la discipline ont lancé l’alerte.Le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) annonce ce 27 mars avoir saisi le ministre des Solidarités et de la Santé pour lui demander que des mesures soient prises « afin de garantir la protection des patients et des soignants ainsi qu’une prise en charge hospitalière et ambulatoire assurant la continuité des soins psychiatriques, dans le respect des droits des patients« , dans le contexte épidémique de Covid-19.(…)
Si elle salue les nombreuses initiatives prises au sein du secteur de la santé mentale Adeline Hazan, CGLPL, estime que les informations en provenance des établissements spécialisés ainsi que des services de psychiatrie des hôpitaux généraux montrent que la situation est particulièrement préoccupante. Le retard observé dans la transmission de consignes nationales a conduit les ARS à donner des indications différentes selon les régions, note-t-elle. « La psychiatrie ne doit pas être une fois encore le parent pauvre de la médecine et les personnes atteintes de troubles mentaux ne doivent pas être moins bien traitées que les autres patients« , insiste Adeline Hazan.
La faiblesse des moyens matériels pour faire face à l’épidémie de Covid-19 touche tous les hôpitaux et met cruellement en lumière la situation du secteur psychiatrique, ajoute-t-elle. Pour les ARS, la psychiatrie n’est pas prioritaire dans la distribution du matériel de protection : dans plusieurs régions la répartition des masques, solutions hydroalcooliques et kits de dépistage ne prévoit aucune attribution à la psychiatrie. Adeline Hazan recommande donc que les autorités sanitaires assurent l’approvisionnement des établissements spécialisés en matériels de prévention et de détection pour permettre une prise en charge adaptée et sécurisée.
» (…)un égal accès aux soins somatiques devra leur être garanti avec un transfert en hôpital général, la liaison psychiatrique nécessaire devant éventuellement être renforcée« , conclut-elle.
Cette prise de position fait aussi écho à l’avis du conseil scientifique Covid-19, mis en ligne le 24 mars, et qui a souhaité déjà attirer « fortement » l’attention sur la santé psychique et la nécessité d’accompagner les mesures actuelles de prise en charge spécifique notamment pour les personnes isolées ou précaires(…)
Un constat qu’ont aussi dressé les instances qui relayent une situation déjà largement dénoncée au sein de la discipline. À commencer par les organisations syndicales.(…) Le 25 mars, dans un courrier adressé à la députée Martine Wonner (LREM, Bas-Rhin), corapporteuse de la mission parlementaire sur la psychiatrie, l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) monte au créneau. « Vous nous invitez à vous faire remonter les difficultés rencontrées dans l’exercice des soins psychiatriques. Vous n’êtes cependant pas sans ignorer ces « difficultés » chroniques« , interpelle le syndicat. Pour l’USP, cette crise sanitaire agit donc comme « un révélateur aux yeux de tous » et « hélas, comme élément potentialisant pour patients et soignants« , de la « crise organisée » que connaît la psychiatrie.
[Il ne faut pas] que les personnes atteintes de troubles mentaux soient les premières victimes indirectes de l’épidémie actuelle, en raison de l’incurie et de la négligence coupable d’un Gouvernement qui a abandonné toute politique de prévention, depuis longtemps sacrifiée sur l’autel de l’austérité.
L’USP
(…)Au-delà de l’épisode actuel, l’USP formule l’exigence que soit « repensée, très globalement » l’organisation des soins psychiatriques sur le territoire afin d’éviter l’émergence d’autres situations « d’urgence » que connaît déjà la psychiatrie depuis plusieurs années.(…)
Et l’inquiétude se concentre aussi dans le secteur privé et libéral. Dans un communiqué transmis ce 27 mars, l’Association française des psychiatres d’exercice privé-Syndicat national des psychiatres privés (AFPEP-SNPP) mettent l’accent sur la complémentarité ville-hôpital qui permettra de préserver et favoriser l’accès aux soins. L’AFPEP-SNPP rappelle qu’elle a par ailleurs déjà « pris toutes les dispositions pour que ces personnes en souffrance puissent compter sur les psychiatres d’exercice privé. » (…)