Nantes le mardi 30 juillet 2019. Communiqué
Le corps de Steve vient d’être retrouvé. Nos pensées vont d’abord à sa famille et à ses proches.
Steve est mort des suites de l’action insensée de la police contre des jeunes en train de finir de faire la fête de la musique.
Cette action policière est dans la logique de la répression qui touche depuis des années les mouvements sociaux et ces derniers mois l’action des Gilets Jaunes.
A présent l’exigence immédiate est que toute la lumière soit faite sur l’action policière qui a conduit à la mort de Steve et que les responsables soient punis.
Ensemble !44, mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire, participera à toutes les actions en ce sens.
_____________________________________________________________________Voici des extraits d’un bel et fort article paru sur Mediapart
« Zineb, Steve: des drames devenus inéluctables »
30 juillet 2019 Par Michaël Hajdenberg
Depuis plusieurs mois, le pouvoir exécutif n’a eu de cesse de nier l’existence de violences policières, en dépit des centaines de blessés. Il a fini par rendre possible l’effroyable : les morts de Zineb Redouane et de Steve Maia Caniço.
Il n’y a pas de hasard. Pas d’accident. Pas de concours de circonstances. Deux morts, l’une à Marseille, l’autre à Nantes : tel est, en quelques mois seulement, le funeste bilan du maintien de l’ordre voulu par l’exécutif et son ministre de l’intérieur, Christophe Castaner.
Cela faisait plus d’un mois que nul ne savait où était Steve. Si personne n’osait croire à une issue heureuse à cette quête, c’est parce que tout le monde a compris où avait pu mener la folie policière ce soir-là, cette folie des derniers mois.
Zineb et Steve. Deux disparitions qui font suite à deux actes policiers incompréhensibles. Deux personnes qui ne portaient pas de gilet jaune. Deux êtres qui ne menaçaient rien ni personne. Deux victimes collatérales d’une stratégie de la terreur : une octogénaire qui fermait ses volets lors d’une manifestation contre l’habitat indigne ; un jeune homme de 24 ans qui fêtait la musique au bord de la Loire.
Dans les deux cas, le gouvernement et la police ne peuvent même pas faire valoir leur habituelle rhétorique sur la violence et la légitime défense. Ni même une présence injustifiée lors d’une manifestation, puisque tel fut le reproche fait par Emmanuel Macron à la Niçoise Geneviève Legay : elle aurait dû rester chez elle.
Ce n’est pas grave : la police n’a jamais tort dans ce pays. Jamais. Les violences policières n’existent pas. Ce qui autorise le ministre de l’intérieur à remettre des médailles aux policiers suspectés des pires sévices sur des manifestants.
On connaissait la maxime économique libérale du « Laissez faire, laissez passer ». On découvre la doctrine sécuritaire : « Laissez faire, laissez tirer. » (…)
L’IGPN ne se donne d’ailleurs même pas la peine de faire semblant. Pour sa cheffe, Brigitte Jullien, qui « réfute le terme de violences policières », s’il n’y a pas de policier suspendu à ce jour, c’est « parce qu’aucune enquête n’a permis de conclure que la responsabilité d’un policier était engagée à titre individuel ».
Ce serait donc un hasard si le 21 juin, à Nantes, une dizaine de grenades de désencerclement, une trentaine de grenades lacrymogènes et une dizaine de balles de LBD ont été tirées en pleine nuit sur des jeunes qui avaient eu le tort de danser une demi-heure de trop. La faute à pas de chance si quatorze fêtards sont tombés à l’eau.
Chose rare, même un syndicat de police, SGP-FO, a pourtant dénoncé « une faute grave de discernement, un ordre aberrant, mettant d’abord nos collègues en danger, et les usagers ».
Un mois plus tard, le commissaire n’a pourtant pas été suspendu, ni aucun de ses hommes. (…)
Zineb Redouane, elle, est morte, le 2 décembre 2018. Après plus de six mois d’enquête, le policier qui a tiré la grenade lacrymogène n’a toujours pas été identifié
(…)
Alors, quand des procureurs, des ministres, et même le président de la République cautionnent l’ensemble des exactions commises par les policiers. Quand même l’homicide d’une personne âgée devient une violence légitimée. Quand les plus hautes autorités choisissent de continuer à armer les policiers avec des LBD en dépit des condamnations de l’ONU. Et quand – il faut bien le dire – tout cela se fait sans engendrer de grandes vagues de protestations. Alors, le drame devient inéluctable. Zineb et Steve risquent de n’être que les premiers.