Inter­view de Clémen­tine Autain après le Collec­tif natio­nal d’En­semble!

42% des mili­tants d’En­semble! se sont expri­més pour un soutien à Jean-Luc Mélen­chon tout en souhai­tant pour­suivre la construc­tion d’un large rassem­ble­ment de la gauche de trans­for­ma­tion sociale et écolo­giste. 30% ont voté pour une parti­ci­pa­tion plus directe à la campagne du candi­dat de la France Insou­mise. Enfin, 25% ont consi­déré que la situa­tion n’était pas mûre pour se pronon­cer en faveur d’un candi­dat.

Que démontre selon-vous ce vote ?

Clémen­tine Autain. Au total, 72%, soit plus de deux tiers de notre orga­ni­sa­tion, a voté pour soute­nir Jean-Luc Mélen­chon. Sur ce point essen­tiel, c’est un vote franc et net. La candi­da­ture de Jean-Luc Mélen­chon incarne aux yeux des Français une gauche distincte du bilan de Hollande et Valls, une gauche qui est porteuse de ruptures avec le néoli­bé­ra­lisme, une gauche de trans­for­ma­tion sociale et écolo­giste. Nous ne voulons pas d’un scéna­rio morti­fère avec plusieurs candi­da­tures issues de la gauche d’al­ter­na­tive. Je pense même que nous pouvons nous fixer un objec­tif ambi­tieux avec Jean-Luc Mélen­chon : celui d’être en tête de la gauche.

Comment les mili­tants d’En­semble! souhaitent-ils mener campagne avec la France Insou­mise ?

Clémen­tine Autain. Suite au vote, nous avons tenu à vali­der une motion commune à l’en­semble de notre mouve­ment. Celle-ci nous engage concrè­te­ment dans la campagne de Jean-Luc Mélen­chon que nous voulons mener dans un cadre commun, large et plura­liste, inté­grant toutes les forces soute­nant cette candi­da­ture : la France insou­mise, Front commun, mais aussi, s’ils le décident, ce que j’es­père vive­ment, le PCF et des courants écolo­gistes.Une rencontre devrait avoir lieu de façon immi­nente entre la France insou­mise et Front commun (appel de citoyens et mili­tants d’ho­ri­zons divers qui souhaitent soute­nir Jean-Luc Mélen­chon sans inté­grer la France insou­mise-NDLR), afin que les mouve­ments poli­tiques qui entendent soute­nir cette candi­da­ture puissent trou­ver leur place dans cette campagne. Des propo­si­tions concrètes sur la Charte poli­tique (propo­sée aux candi­dats pour les légis­la­tives- NDLR) et la place des parte­naires devraient être avan­cées.

Ensemble! souhaite-t-il travailler au programme qui sera porté par Jean-Luc Mélen­chon ?

Clémen­tine Autain. Bien sûr ! Mais quand on compare le programme l’Hu­main d’abord du Front de gauche en 2012 et celui de l’Ave­nir en commun de la France insou­mise pour 2017, ce qui frappe, c’est la grande proxi­mité des projets. Sur l’es­sen­tiel, ce qui est défendu relève du même arse­nal program­ma­tique. Il est évident que si de nouvelles forces s’im­pliquent, elles doivent pouvoir l’en­ri­chir ou discu­ter d’éven­tuels bougés. Je ne dis pas qu’En­semble! est d’ac­cord avec tout mais honnê­te­ment, je ne crois pas que les embûches et diffi­cul­tés poten­tielles se nichent là…

 Ensemble! s’est exprimé pour la prési­den­tielle et aussi pour les légis­la­tives ?

Clémen­tine Autain. Nous avons adopté une feuille de route pour les légis­la­tives. Nous nous battrons pour construire des candi­da­tures unitaires partout où cela est possible, en rassem­blant toutes les forces qui veulent une poli­tique de gauche en oppo­si­tion à l’orien­ta­tion du gouver­ne­ment actuel. Nous cher­che­rons à éviter la divi­sion de la gauche de trans­for­ma­tion sociale et écolo­giste. C’est pour nous abso­lu­ment déter­mi­nant.Nous esti­mons que l’écla­te­ment de nos forces serait tout à fait drama­tique pour la famille poli­tique que nous repré­sen­tons ensemble. Nous enten­dons égale­ment pour­suivre notre rôle de passe­relle avec les socia­listes dissi­dents, les écolo­gistes, les mouve­ments sociaux, intel­lec­tuels, cultu­rels critiques, les espaces citoyens… Chacun voit bien que nous allons vers de grandes recom­po­si­tions poli­tiques. Ensemble! sera acteur du large rassem­ble­ment néces­saire pour affron­ter les droites dures et ouvrir l’es­poir.

Que pensez-vous du risque d’éli­mi­na­tion de la gauche dès le premier tour de la prési­den­tielle ?

Clémen­tine Autain. Bien sûr, nous aurions voulu que notre candi­da­ture à la prési­den­tielle rassemble plus large­ment encore. Mais force est de consta­ter qu’EELV aura son propre candi­dat, et que les socia­listes critiques jouent le jeu de la primaire avec le risque de soute­nir in fine un candi­dat issu de la ligne gouver­ne­men­tale. Notre vote reflète la prise en compte de cette réalité. L’échiquier poli­tique comme le débat d’idées se pola­risent aujourd’­hui à droite toute. Nous avons besoin d’une gauche mordante, avec de l’odeur et de la saveur, pour renouer un lien de confiance avec les milieux popu­laires et la jeunesse. Nous n’al­lons quand même pas lais­ser le profil révo­lu­tion­naire à Emma­nuel Macron et cher­cher notre sauveur parmi les anciens ministres de l’ère Hollande !Même si nous avons des débats voir des diver­gences sur la méthode ou sur certains partis pris de Jean-Luc Mélen­chon, il ne faut pas perdre de vue l’es­sen­tiel : l’état des rapports de force sociaux et poli­tiques dans le pays, qui ne sera pas le même si nous faisons un bon score en 2017 ou si nous sommes dans les choux. Nous avons donc besoin d’un projet et d’un candi­dat qui plante le drapeau de cette gauche franche dans le pays, contes­tant le pouvoir du capi­tal, le produc­ti­visme, visant l’éga­lité et la démo­cra­tie. C’est cette gauche-là que nous avons la respon­sa­bi­lité de faire gran­dir.

Propos recueillis par Auré­lien Soucheyre. Publié sur l’Hu­ma­nité.fr

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